Stefan Collini, que je connais comme l'auteur d'une très bonne édition des essais de Matthew Arnold (Culture and Anarchy and other writings, dans la série Cambridge Texts in the History of Political Thought de la CUP, 1993), sort à la OUP un nouvel ouvrage, en février dernier : Common Reading. Critics, Historians, Publics.
C'est public qu'il faut entendre ; là que la proposition est faite ; que la cartographie des problèmes est nouvelle.
Common reading c'est à la fois Woolf et à travers elle en amont Dr. Johnson, j'imagine. Question de la public sphere, de l'invention du journalisme et de la critique comme forme sociale (et professionnelle) ; l'invention de l'auteur professionnel, également. Et la formation d'une société bourgeoise, en voie de démocratisation : la formation d'une société civile? Il faudrait revoir l'histoire exacte là-dessus, par exemple en reprenant les repères pointés par Foucault dans Naissance de la biopolitique : Adam Smith mais surtout Ferguson, je crois me souvenir.
L'intérêt est aussi la reprise de cette question au moment de Modernism - et en le déroutant de sa ligne de pente naturelle "High", pour tendre l'attention vers une sorte de popular culture de la discussion littéraire. Les Popular Arts sont passés par là, et Jameson, etc. Effet de lecture - car Woolf, toute "Bloomsberry" et faible d'aristocratisme, est aussi l'inventrice poétique du pedestrian.
Verso's blurb : "[...] explores aspects of the literary and intellectual culture of Britain from the early twentieth century to the present. Collini focuses on critics and historians who wrote for a non-specialist readership, and on the periodicals and other genres through which they attempted to reach that readership".
=> Agenda # : l'épaisseur historique des pensées du public.
samedi 31 mai 2008
jeudi 29 mai 2008
Anglistics, tentative
Par les deux bouts, une question se forme, comme une prise sur un contexte :
. la dévalorisation des disciplines, sciences humaines, littératures, histoire, culture. Où les disciplines des langues sont au contact direct de la meule, où est vigoureusement arasée leur disciplinarité en tant que "sciences historiques et critiques" (Saussure), et comme nécessairement étude de la diversité linguistique - pour qu'il n'en reste qu'une technologie de Basic English, "langue de communication internationale"
. la puissance toujours montante du bloc English-Globish, qui entraîne avec lui tout le package idéologique de la mondialisation dans sa version Washington consensus. Et l'histoire actuelle de la construction européenne - par exemple : une politique des langues qui agit aussi comme une culture de l'action politique, le modèle du lobby privé, indiqué comme "anglo-saxon", contre celui de la citoyenneté et la culture du public, française par exemple (si tant est --) : voir le compte rendu du débat organisé à la Maison de l'Europe en décembre 2006 sur " Société civile et institutions européennes : comment construire le dialogue politique? ".
. la dévalorisation des disciplines, sciences humaines, littératures, histoire, culture. Où les disciplines des langues sont au contact direct de la meule, où est vigoureusement arasée leur disciplinarité en tant que "sciences historiques et critiques" (Saussure), et comme nécessairement étude de la diversité linguistique - pour qu'il n'en reste qu'une technologie de Basic English, "langue de communication internationale"
. la puissance toujours montante du bloc English-Globish, qui entraîne avec lui tout le package idéologique de la mondialisation dans sa version Washington consensus. Et l'histoire actuelle de la construction européenne - par exemple : une politique des langues qui agit aussi comme une culture de l'action politique, le modèle du lobby privé, indiqué comme "anglo-saxon", contre celui de la citoyenneté et la culture du public, française par exemple (si tant est --) : voir le compte rendu du débat organisé à la Maison de l'Europe en décembre 2006 sur " Société civile et institutions européennes : comment construire le dialogue politique? ".
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lundi 26 mai 2008
Le multilinguisme, l'Europe, le débat public
Le 26 septembre 2008, se tiendront à la Sorbonne des Etats Généraux du Multilinguisme. C'est dans le cadre de la présidence française de l'Union européenne, et du jour de la Journée européenne des langues.
Un forum web est ouvert, en préparation des débats sur trois terrains de débat : culture, économie, enseignement. Ils sont dessinés dans les termes :
1. Multilinguisme, intercompréhension, traduction, et circulation des oeuvres culturelles
2. Multilinguisme, compétitivité économique et cohésion sociale (le grand écart ordinaire)
3. Créativité et innovation dans l'enseignement des langues (la formulation est d'emblée orientée)
Un forum web est ouvert, en préparation des débats sur trois terrains de débat : culture, économie, enseignement. Ils sont dessinés dans les termes :
1. Multilinguisme, intercompréhension, traduction, et circulation des oeuvres culturelles
2. Multilinguisme, compétitivité économique et cohésion sociale (le grand écart ordinaire)
3. Créativité et innovation dans l'enseignement des langues (la formulation est d'emblée orientée)
L'expert et le scientifique
Bien sûr, une contre-expertise est à conduire - un agenda clair et simple, là. (Voir Frédéric Neyrat dans la lettre de l'ARESER, issue de son topo présenté à l'AG 2008).
Mais plus précisément : c'est bien d'une expertise scientifique qu'il s'agirait de conduire, pour interroger la légitimité des experts ; et mesurer par là la politique de l'expertise - le rapport d' "expertise instituante" [outil de sociologie des rapports de savoir-pouvoir, que je prends dans Sandrine Garcia] qui remet les décisions politiques dans les mains d'un corps idéologique en constitution - du présent gouvernement. Qui a, bien sûr, ses antécédants.
Expertise scientifique, qui est autre chose qu'une analyse sociologique. Et qui doit relever d'une évaluation de type scientifique : pairs dans une pratique de peer review, et commission de spécialistes.
Question des savoirs sur la société.
Et de l'éviction des scientifiques - chercheurs et universitaires - de ce champ.
Mais plus précisément : c'est bien d'une expertise scientifique qu'il s'agirait de conduire, pour interroger la légitimité des experts ; et mesurer par là la politique de l'expertise - le rapport d' "expertise instituante" [outil de sociologie des rapports de savoir-pouvoir, que je prends dans Sandrine Garcia] qui remet les décisions politiques dans les mains d'un corps idéologique en constitution - du présent gouvernement. Qui a, bien sûr, ses antécédants.
Expertise scientifique, qui est autre chose qu'une analyse sociologique. Et qui doit relever d'une évaluation de type scientifique : pairs dans une pratique de peer review, et commission de spécialistes.
Question des savoirs sur la société.
Et de l'éviction des scientifiques - chercheurs et universitaires - de ce champ.
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samedi 24 mai 2008
Expertise, politique du savoir
"L'Expert et le profane : qui est juge de la qualité universitaire ?" - article de Sandrine Garcia, dans Genèses, 2008/1, 70, 66-87 (dans un dossier Devenir expert, dirigé par . Information indispensable, détaillée, et éclairant une formation discursive cohérente, comme force sociale. Indiquant également, comme en sourdine, une formation discursive en regard, avec la question de la possibilité d'une contre-expertise.
- des acteurs - de la politique du savoir qui fait basculer l'université dans le régime (régulation sociale) de l'assurance qualité : AEU (association européenne des universités, dont la CPU) ; ENQA (réseau européen pour la qualité dans l'enseignement supérieur, dont le CNE) ; ASHE (European association of Institutions of Higher Education, dont les directeurs d'IUT français) ; ESIB (fédération européenne des syndicats d'étudiants, dont l'UNEF).
Le CNE donc, et l'AMUE (agence de mutualisation desuniversités et établissements ; "groupement d'intérêt public de services offerts aux univ [séminaires de formation, conseils en gestion informatique et humaine] - et au politique [expertise sur l'université]" (Garcia, 87).
- une série de rapports et documents d'expertise - dont la lecture généalogique retrace le processus de construction des outils de l'idéologie présente : assurance qualité, évaluation, "échec", "réussite", SUP (services universitaires pédagogiques - inventés par Maurice Gomel),
Je reprends la bibliographie établie par S. Garcia :
. 1981 : Rapport Schwartz. La France en mai 1981 : l'enseignement et le développement scientifique. Commission du bilan. Laurent Schwartz, Documentation française.
. 1990 : Rapport Crozier. L'Evaluation des performances pédagogiques des établissements universitaires (rapport pour le MEN), Michel Crozier, Documentation française.
. 1995 : Rapport Gomel. L'Evaluation de la qualité d'un enseignement supérieur. Evaluer qui ou quoi, et comment? Critères d'évaluation, procédures suggérées (rapport pour le chef de la Mission scientifique et technique, MEN, MESR), Maurice Gomel, février 1995.
. 1995 : Rapport Lancelot. L'Evaluation pédagogique des universitaires. Alain Lancelot, Doc française, avril 2995.
. 1996 : Rapport Fauroux. Pour l'école (rapport pour le Premier ministre et les MEN/ESR). Roger Fauroux, juin 1996.
. 1998 : Rapport Attali. Pour un modèle européen d'enseignement supérieur (rapport pour le MEN/RT), mai 1998. En ligne.
. 1998 : Déclaration de la Sorbonne : Harmoniser l'architecture du système d'enseignement supérieur , Claude Allègre, 25 mai 1998.
. 1999 : Déclaration de Bologne, 1999 : Déclaration commune des ministres européens de l'éducation. Bologne.
. 2001 : Rapport Espéret. Nouvelle définition des enseignants et des enseignants-chercheurs dans l'enseignement sup française (rapport pour le MEN, Jack Lang, Eric Espéret, président de l'université de Poitiers.
. 2002 : Rapport Romainville. L'Evaluation des acquis des étudiants dans l'enseignement universitaire (rapport pour le Haut Conseil de l'évaluation de l'école), Marc Romainville, Paris.
. 2002 : Rapport Petit. Améliorations pédagogiques à l'Université (rapport à la Commission nationale [??], François Petit, président de l'U de Grenoble 2, Paris, MEN.
. 2002 : Rapport Dejean. L'Evaluation de l'enseignement dans les universités françaises (rapport pour le Haut Conseil de l'évaluation de l'école), Jacques Dejean, 2002.
. 2002 : Evaluation des enseignements. Compte rendu du séminaire de l'Amue, juin 2002.
. 2003 : Rapport Belloc. Propositions pour une modification du décret 84-431 portant sur le statut des enseignants-chercheurs (rapport pour le MJENR, Luc Ferry), Bernard Belloc, président de l'u de Toulouse I.
. 2003 : Livres des références. CNE / IGAENR [Inspection générale de l'administration de l'Education nationale et de la recherche], nov. 2003. En ligne.
. 2004 : Rapport Education et croissance. Rapport pour le Conseil d'analyse économique, Phillipe Aghion et Elie Cohen, 2004. La Documentation française.
. 2004 : Autoévaluation et autonomie des établissements d'enseignement supérieur. Compte rendu du séminaire Amue déc. 2004, Paris.
. 2006 : Référentiel ENQA / CNE : Références et lignes directrices pour le management de la qualité dans l'espace européen de l'enseignement supérieur.) Traduction par le CNE du référentiel ENQA signé par la France en 2005. Janvier 2006.
. 2006 : Objectif 50% d'une génération diplômée de l'enseignement supérieur, Haut Comité éducation-économie-emploi, Paris, Doc française, 2006.
Note - quelques enjeux de "l'expertise comme nouveau mode de régulation universitaire" (67) :
. qui est impliqué et qui exclus du processus de cette nouvelle politique du savoir : CPU, recteurs et organismes d'évaluation des universités, et syndicats étudiants // universitaires et syndicats universitaires. Nouvelles cartographies des forces sociales.
. bien entendu, selon les termes de Robert Castel : "Savoirs d'expertise et production de normes" (1991)
. nouvelle vision du travail universitaire, par le paradigme de la qualité. La montée en puissance, sociale et politique, des experts faisant vase communiquant avec la minoration du scientifique (critères, statut, profession, rapport d'enseignement, etc.) : le processus se fait par la redéfinition des universitaires comme profanes ; pédagogiquement incompétents devant les "spécialistes de la pédagogie". Cette étrange conséquence, de l'expertise-évaluation-pédagogie. Et la minoration du rapport enseignement-recherche ; minoration de la recherche à l'université. Diminution conséquente des critères de maîtrise académique par les étudiants, et de la place d'un contrôle de la cohérence disciplinaire des formations dispensées (cf LMD). => c'est une transformation de l'enjeu de la démocratisation et de la réussite scolaire (74). Contestation des "examens de type restitutif", tournés en contre-modèle de l'examen évaluant les compétences "pourtant au coeur de l'activité universitaire, comme l'autonomie, l'esprit d'initiative, la responsabilité et l'esprit critique". How crass can you get?
. dénégation de la professionnalité des universitaires, substituée par l'expert.
. bien sûr, sociologie des experts - question en dimensions tellement dérisoire, mais en effets tellement largement effectif : force sociale. Ces trajets professionnels d'individus, imposent un modèle professionnel, et recomposent autour d'eux des systèmes de relation : entre politique et expert, entre expert et profession, entre profession et disciplines, etc.
. la théorie du capital humain, comme détermination. C'est une théorie des sciences économiques, et qui vient occulter, reprise par les pouvoirs, le débat entre les scientifiques de l'économie. Qui se développe avec la sociologie des organisations (cf la revue Politique et gestion de l'enseignement supérieur - les formes politisables du savoir deviennent : le management (et éventuellement gouvernance) / gouvernement, le modèle de l'organisation / de l'institution ; de la profession). En assourdissant la question de la nature co-produite du service dans le rapport pédagogique par ex.; relationnelle : selon les conditions institutionnelles, et selon l'apport des étudiants (leur travail, leur formation préalable). Sous-financement et sélection par défaut.
. l'histoire de l' "élite rose", oui - et de la noblesse d'Etat.
. la question de la pression externe sur l'université, avec appel à l'opinion publique : construction du discours sur "l'échec". Qui est aussi "établir l'incompétence" pédagogique des universitaires. 74. Une politique ; une stratégie (qui consiste en une captation de ressources publiques ; un bout du compte un processus de privatisation). Qui fonctionne avec "un discours sur le faire des autres" 76. Dramatiser les manques 77. La pression externe, l'externalisation, la dénégation des la compétence de la valeur aux universitaires, se fait aussi par la reprise par les syndicat étudiants de la notion d'une expertise étudiante sur la pédagogie (réclamant que leur évaluation puisse aussi avoir des effets sur la formation des enseignants-chercheurs).
. les "forces sociales, minoritaires, qui, au sein des universités, luttent pour une dévaluation du poids de la recherche dans la carrière des universitaires au profit de la pédagogie" (72 - comme profil de Maurice Gomel).
. le rapport de pilotage - nouvelle économie du rapport entre décision politique et expertise : de l'expertise mandatée à l'expertise instituante, qui propose, et fonctionne en lobby. L'intervention des politiques sur la pédagogie.
. usage du "modèle américain"...
. la généalogie montre la construction progressive d'une légitimité scientifique de l'évaluation de la qualité. Qui se fait aux dépens de la scientificité des disciplines. Avec construction de la neutralité scientifique de l'évaluation. 81.
. classes prépa, grandes écoles...
- des acteurs - de la politique du savoir qui fait basculer l'université dans le régime (régulation sociale) de l'assurance qualité : AEU (association européenne des universités, dont la CPU) ; ENQA (réseau européen pour la qualité dans l'enseignement supérieur, dont le CNE) ; ASHE (European association of Institutions of Higher Education, dont les directeurs d'IUT français) ; ESIB (fédération européenne des syndicats d'étudiants, dont l'UNEF).
Le CNE donc, et l'AMUE (agence de mutualisation desuniversités et établissements ; "groupement d'intérêt public de services offerts aux univ [séminaires de formation, conseils en gestion informatique et humaine] - et au politique [expertise sur l'université]" (Garcia, 87).
- une série de rapports et documents d'expertise - dont la lecture généalogique retrace le processus de construction des outils de l'idéologie présente : assurance qualité, évaluation, "échec", "réussite", SUP (services universitaires pédagogiques - inventés par Maurice Gomel),
Je reprends la bibliographie établie par S. Garcia :
. 1981 : Rapport Schwartz. La France en mai 1981 : l'enseignement et le développement scientifique. Commission du bilan. Laurent Schwartz, Documentation française.
. 1990 : Rapport Crozier. L'Evaluation des performances pédagogiques des établissements universitaires (rapport pour le MEN), Michel Crozier, Documentation française.
. 1995 : Rapport Gomel. L'Evaluation de la qualité d'un enseignement supérieur. Evaluer qui ou quoi, et comment? Critères d'évaluation, procédures suggérées (rapport pour le chef de la Mission scientifique et technique, MEN, MESR), Maurice Gomel, février 1995.
. 1995 : Rapport Lancelot. L'Evaluation pédagogique des universitaires. Alain Lancelot, Doc française, avril 2995.
. 1996 : Rapport Fauroux. Pour l'école (rapport pour le Premier ministre et les MEN/ESR). Roger Fauroux, juin 1996.
. 1998 : Rapport Attali. Pour un modèle européen d'enseignement supérieur (rapport pour le MEN/RT), mai 1998. En ligne.
. 1998 : Déclaration de la Sorbonne : Harmoniser l'architecture du système d'enseignement supérieur , Claude Allègre, 25 mai 1998.
. 1999 : Déclaration de Bologne, 1999 : Déclaration commune des ministres européens de l'éducation. Bologne.
. 2001 : Rapport Espéret. Nouvelle définition des enseignants et des enseignants-chercheurs dans l'enseignement sup française (rapport pour le MEN, Jack Lang, Eric Espéret, président de l'université de Poitiers.
. 2002 : Rapport Romainville. L'Evaluation des acquis des étudiants dans l'enseignement universitaire (rapport pour le Haut Conseil de l'évaluation de l'école), Marc Romainville, Paris.
. 2002 : Rapport Petit. Améliorations pédagogiques à l'Université (rapport à la Commission nationale [??], François Petit, président de l'U de Grenoble 2, Paris, MEN.
. 2002 : Rapport Dejean. L'Evaluation de l'enseignement dans les universités françaises (rapport pour le Haut Conseil de l'évaluation de l'école), Jacques Dejean, 2002.
. 2002 : Evaluation des enseignements. Compte rendu du séminaire de l'Amue, juin 2002.
. 2003 : Rapport Belloc. Propositions pour une modification du décret 84-431 portant sur le statut des enseignants-chercheurs (rapport pour le MJENR, Luc Ferry), Bernard Belloc, président de l'u de Toulouse I.
. 2003 : Livres des références. CNE / IGAENR [Inspection générale de l'administration de l'Education nationale et de la recherche], nov. 2003. En ligne.
. 2004 : Rapport Education et croissance. Rapport pour le Conseil d'analyse économique, Phillipe Aghion et Elie Cohen, 2004. La Documentation française.
. 2004 : Autoévaluation et autonomie des établissements d'enseignement supérieur. Compte rendu du séminaire Amue déc. 2004, Paris.
. 2006 : Référentiel ENQA / CNE : Références et lignes directrices pour le management de la qualité dans l'espace européen de l'enseignement supérieur.) Traduction par le CNE du référentiel ENQA signé par la France en 2005. Janvier 2006.
. 2006 : Objectif 50% d'une génération diplômée de l'enseignement supérieur, Haut Comité éducation-économie-emploi, Paris, Doc française, 2006.
Note - quelques enjeux de "l'expertise comme nouveau mode de régulation universitaire" (67) :
. qui est impliqué et qui exclus du processus de cette nouvelle politique du savoir : CPU, recteurs et organismes d'évaluation des universités, et syndicats étudiants // universitaires et syndicats universitaires. Nouvelles cartographies des forces sociales.
. bien entendu, selon les termes de Robert Castel : "Savoirs d'expertise et production de normes" (1991)
. nouvelle vision du travail universitaire, par le paradigme de la qualité. La montée en puissance, sociale et politique, des experts faisant vase communiquant avec la minoration du scientifique (critères, statut, profession, rapport d'enseignement, etc.) : le processus se fait par la redéfinition des universitaires comme profanes ; pédagogiquement incompétents devant les "spécialistes de la pédagogie". Cette étrange conséquence, de l'expertise-évaluation-pédagogie. Et la minoration du rapport enseignement-recherche ; minoration de la recherche à l'université. Diminution conséquente des critères de maîtrise académique par les étudiants, et de la place d'un contrôle de la cohérence disciplinaire des formations dispensées (cf LMD). => c'est une transformation de l'enjeu de la démocratisation et de la réussite scolaire (74). Contestation des "examens de type restitutif", tournés en contre-modèle de l'examen évaluant les compétences "pourtant au coeur de l'activité universitaire, comme l'autonomie, l'esprit d'initiative, la responsabilité et l'esprit critique". How crass can you get?
. dénégation de la professionnalité des universitaires, substituée par l'expert.
. bien sûr, sociologie des experts - question en dimensions tellement dérisoire, mais en effets tellement largement effectif : force sociale. Ces trajets professionnels d'individus, imposent un modèle professionnel, et recomposent autour d'eux des systèmes de relation : entre politique et expert, entre expert et profession, entre profession et disciplines, etc.
. la théorie du capital humain, comme détermination. C'est une théorie des sciences économiques, et qui vient occulter, reprise par les pouvoirs, le débat entre les scientifiques de l'économie. Qui se développe avec la sociologie des organisations (cf la revue Politique et gestion de l'enseignement supérieur - les formes politisables du savoir deviennent : le management (et éventuellement gouvernance) / gouvernement, le modèle de l'organisation / de l'institution ; de la profession). En assourdissant la question de la nature co-produite du service dans le rapport pédagogique par ex.; relationnelle : selon les conditions institutionnelles, et selon l'apport des étudiants (leur travail, leur formation préalable). Sous-financement et sélection par défaut.
. l'histoire de l' "élite rose", oui - et de la noblesse d'Etat.
. la question de la pression externe sur l'université, avec appel à l'opinion publique : construction du discours sur "l'échec". Qui est aussi "établir l'incompétence" pédagogique des universitaires. 74. Une politique ; une stratégie (qui consiste en une captation de ressources publiques ; un bout du compte un processus de privatisation). Qui fonctionne avec "un discours sur le faire des autres" 76. Dramatiser les manques 77. La pression externe, l'externalisation, la dénégation des la compétence de la valeur aux universitaires, se fait aussi par la reprise par les syndicat étudiants de la notion d'une expertise étudiante sur la pédagogie (réclamant que leur évaluation puisse aussi avoir des effets sur la formation des enseignants-chercheurs).
. les "forces sociales, minoritaires, qui, au sein des universités, luttent pour une dévaluation du poids de la recherche dans la carrière des universitaires au profit de la pédagogie" (72 - comme profil de Maurice Gomel).
. le rapport de pilotage - nouvelle économie du rapport entre décision politique et expertise : de l'expertise mandatée à l'expertise instituante, qui propose, et fonctionne en lobby. L'intervention des politiques sur la pédagogie.
. usage du "modèle américain"...
. la généalogie montre la construction progressive d'une légitimité scientifique de l'évaluation de la qualité. Qui se fait aux dépens de la scientificité des disciplines. Avec construction de la neutralité scientifique de l'évaluation. 81.
. classes prépa, grandes écoles...
mardi 20 mai 2008
La contestation, pratique politique
Une réponse dans ce milieu de 40ème anniversaire de 68, j'ai apprécié le geste de la "Suite dans les idées" (France Culture, Sylvain Bourmeau), prenant les choses par la question d'une sociologie de la contestation. Histoire sociologique des formes et pratiques.
Bon, simplement, de mettre son corps, son centre de gravité, non dans une bataille rangée des oppositions et de la norme, une légalité qui a le poids d'une morale, éventuellement républicaine. Mais dans le quotidien politique, inventif ou obtus et obstacleux, qui forme des groupes et dénouages labiles, on a un peu vaguement un mal de mer, de la justice des hommes, de la vérité, de la société des hommes, mais on plonge on vit, avec.
C'est un bénéfice de la sociologie. Prendre comme c'est - et frayer alors dans l'horizontal, "in the flat, half blind with dust", des sujets d'une société proposant des tracés d'intelligibilité dans cette société. C'est désamorcer méthodologiquement une souffrance sociale, pour la prendre entière. Question de neutralisation politique de la pratique de savoir. La question est : ouverte.
Même processus et même question, très prise en charge, par l'ethnologie, et ses rénovations inventive dans les dernières décennies, en France et en UK/US.
Il s'agit de : comment faire avec la conflictualité. Dont des savoirs techniques sur le conflit, qu'il me presse de connaître, divers.
Note : le concept du menu Exit, Voice, Loyalty (lien wiki) : connu, mais pas par moi, depuis 1970 : Albert O. Hirschman. Exit, Voice, and Loyalty: Responses to Decline in Firms, Organizations, and States. Cambridge, MA: Harvard University Press.
Intéressant, ce rapport entre conflit et déclin. Les conflits (or not?) sociaux, au moins la tension politique actuelle, dans les institutions du savoir, est bien liée à un déclassement. Et par une archaïsation, par exemple, de statuts, valeurs, référents.
Emigrate or protest. Modes of social interaction.
Citation de wiki : " Exit and voice themselves represent a union between economical and political action. Exit is associated with Adam Smith's invisible hand, in which buyers and sellers are free to move silently through the market, constantly forming and destroying relationships. [création destructrice, Schumpeter?]. Voice, on the other hand, is by nature political and at times confrontational. " Il s'agit d'un savoir du management ici. Social sciences or what. "Organizational studies and human resource management".
Bon, simplement, de mettre son corps, son centre de gravité, non dans une bataille rangée des oppositions et de la norme, une légalité qui a le poids d'une morale, éventuellement républicaine. Mais dans le quotidien politique, inventif ou obtus et obstacleux, qui forme des groupes et dénouages labiles, on a un peu vaguement un mal de mer, de la justice des hommes, de la vérité, de la société des hommes, mais on plonge on vit, avec.
C'est un bénéfice de la sociologie. Prendre comme c'est - et frayer alors dans l'horizontal, "in the flat, half blind with dust", des sujets d'une société proposant des tracés d'intelligibilité dans cette société. C'est désamorcer méthodologiquement une souffrance sociale, pour la prendre entière. Question de neutralisation politique de la pratique de savoir. La question est : ouverte.
Même processus et même question, très prise en charge, par l'ethnologie, et ses rénovations inventive dans les dernières décennies, en France et en UK/US.
Il s'agit de : comment faire avec la conflictualité. Dont des savoirs techniques sur le conflit, qu'il me presse de connaître, divers.
Note : le concept du menu Exit, Voice, Loyalty (lien wiki) : connu, mais pas par moi, depuis 1970 : Albert O. Hirschman. Exit, Voice, and Loyalty: Responses to Decline in Firms, Organizations, and States. Cambridge, MA: Harvard University Press.
Intéressant, ce rapport entre conflit et déclin. Les conflits (or not?) sociaux, au moins la tension politique actuelle, dans les institutions du savoir, est bien liée à un déclassement. Et par une archaïsation, par exemple, de statuts, valeurs, référents.
Emigrate or protest. Modes of social interaction.
Citation de wiki : " Exit and voice themselves represent a union between economical and political action. Exit is associated with Adam Smith's invisible hand, in which buyers and sellers are free to move silently through the market, constantly forming and destroying relationships. [création destructrice, Schumpeter?]. Voice, on the other hand, is by nature political and at times confrontational. " Il s'agit d'un savoir du management ici. Social sciences or what. "Organizational studies and human resource management".
L'intellectuel de Sartre - statut social
Sartre curieusement de notre temps, et du sien.
. sur les évolutions du système du savoir : entre "l'entreprise" bourgeoise qui a besoin des frayages du savoirs, et son "hégémonie", qui a besoin de verrouiller les contestations. " Aujourd'hui la chose est claire : l'industrie [plus haut : 'la production de masse', 388, 'l'industrialisation', 387] veut mettre la main sur l'université pour obliger celle-ci à abandonner le vieil humanisme périmé et le remplacer par des disciplines spécialisées, destinées à donner aux entreprises des testeurs, cadres secondaires, public relations, etc. "
Husserl en parlait déjà pour la Krisis, Heidegger souffrait de la tekhnè -- et jusqu'à Weber et les professionnalisations?
Sartre accroche à son temps avec : " la production de masse, par exemple, implique un développement considérable de la publicité, d'où un nombre sans cesse croissant de techniciens-psychologues, de statisticiens, d'inventeurs d'idées publicitaires, d'artistes pour réaliser celles-ci, etc., ou l'adoption de l'human engineering implique le concours direct de psycho-techniciens et de sociologues ". 388. Pièges historiques des sciences sociales, en effet ; qu'elles ont travaillés.
. 398, sur le statut social des "techniciens du savoir pratique", qu'il distingue donc des "intellectuels" : " On peut citer d'abord [parmi les conditions de l'intellectuel] l'option des classes dominantes et le niveau de vie qu'elles assurent à leurs intellectuels -- en particulier à leurs étudiants. Les bas salaires peuvent certes réduire à une plus grande dépendance. Mais ils peuvent aussi pousser à la contestation en révélant au technicien du savoir quelle place réelle on lui réserve dans la société. Il y a aussi l'impossibilité où se trouvent les classes dirigeantes d'assuer à leurs étudiants tous les postes qui leur reviennent et qu'on leur a promis : ceux qui ne sont pas pourvus tombent au-dessous du niveau de vie -- si peu élevé soit-il -- qu'on assure aux techniciens ; ils éprouvent alors leur solidarité avec les classes sociales les moins favorisées. "
Etc.
. 400, sur le statut social des intellectuels, regards sociaux portés sur eux : "Il est clair que personne ne l'a mandaté pour [exercer sa fonction]. La classe dominante l'ignore : elle ne veut connaître de lui que le technicien du savoir et le petit fonctionnaire de la superstructure [...]"
M'intéresse ici la simple aise avec laquelle ce constat doit être fait, et être pris. Ce sont des effets sociaux, politiques, de nature. Relax into it, and do the work. Live.
. sur les évolutions du système du savoir : entre "l'entreprise" bourgeoise qui a besoin des frayages du savoirs, et son "hégémonie", qui a besoin de verrouiller les contestations. " Aujourd'hui la chose est claire : l'industrie [plus haut : 'la production de masse', 388, 'l'industrialisation', 387] veut mettre la main sur l'université pour obliger celle-ci à abandonner le vieil humanisme périmé et le remplacer par des disciplines spécialisées, destinées à donner aux entreprises des testeurs, cadres secondaires, public relations, etc. "
Husserl en parlait déjà pour la Krisis, Heidegger souffrait de la tekhnè -- et jusqu'à Weber et les professionnalisations?
Sartre accroche à son temps avec : " la production de masse, par exemple, implique un développement considérable de la publicité, d'où un nombre sans cesse croissant de techniciens-psychologues, de statisticiens, d'inventeurs d'idées publicitaires, d'artistes pour réaliser celles-ci, etc., ou l'adoption de l'human engineering implique le concours direct de psycho-techniciens et de sociologues ". 388. Pièges historiques des sciences sociales, en effet ; qu'elles ont travaillés.
. 398, sur le statut social des "techniciens du savoir pratique", qu'il distingue donc des "intellectuels" : " On peut citer d'abord [parmi les conditions de l'intellectuel] l'option des classes dominantes et le niveau de vie qu'elles assurent à leurs intellectuels -- en particulier à leurs étudiants. Les bas salaires peuvent certes réduire à une plus grande dépendance. Mais ils peuvent aussi pousser à la contestation en révélant au technicien du savoir quelle place réelle on lui réserve dans la société. Il y a aussi l'impossibilité où se trouvent les classes dirigeantes d'assuer à leurs étudiants tous les postes qui leur reviennent et qu'on leur a promis : ceux qui ne sont pas pourvus tombent au-dessous du niveau de vie -- si peu élevé soit-il -- qu'on assure aux techniciens ; ils éprouvent alors leur solidarité avec les classes sociales les moins favorisées. "
Etc.
. 400, sur le statut social des intellectuels, regards sociaux portés sur eux : "Il est clair que personne ne l'a mandaté pour [exercer sa fonction]. La classe dominante l'ignore : elle ne veut connaître de lui que le technicien du savoir et le petit fonctionnaire de la superstructure [...]"
M'intéresse ici la simple aise avec laquelle ce constat doit être fait, et être pris. Ce sont des effets sociaux, politiques, de nature. Relax into it, and do the work. Live.
lundi 19 mai 2008
Biopolitique, repères
C'est Abélès qui m'a remise sur la piste de Foucault - prenant au sérieux, et au rénové relancé, la proposition de la biopolitique, pour penser le politique, anthropologiquement, en milieu de "globalisation" : quelque chose qu'il propose de comprendre par un passage de la convivance (modèle de la cité) à la survivance (modèle de la population, ethnique politique). La reconfiguration des questions politiques, géopolitiques, à cette condition.
Foucault donc, La Volonté de savoir (1976), et le projet d'histoire de la sexualité : il s'agit d'une théorie du pouvoir ; d'un déplacement de la pensée du schème de philosophie politique ; transformé par -- "l'archéologie"? De tracer le parcours - multiplex, à vitesses variables, à "agencements" et "dispositifs" où une dynamique prend ensemble les moments de pouvoir-résistance et ses instanciations menues puis par une sorte d'océanographie building up en effets hégémoniques -- du passage d'un régime de la loi, qui règle la polis, police, du souverain, à celui de la norme/pathologie, de la population. [ Tiens, note : il ne parle pas de démocratie ?] De l'Etat au bio-pouvoir, du droit au biopolitique.
La vie comme matériau de pénétration de la politique du contrôle, à la fois par la discipline (le dressage, la machine, la surveillance) et la population (soin de la vie et de sa productivité, après droit par la mort).
Par là reprendre la pensée de la lutte des classes et les schèmes du marxisme (autre chose que l'exploitation des corps prolétaires pour leur force de travail - car c'est la bourgeoisie qui passe du sang aristocratique au "dispositif de sexualité", bien avant d'en assujettir le prolétariat ; autre chose que la question de la morale ascétique du capitalisme aussi, car ça fait prendre à contrepied le récit de la grande Répression, et celle de la grande Libération. (Dont : les simplifications de 68, donc.)
Par là reprendre Freud et la psychanalyse - à la fois comme productrice du paradigme de la répression, mais aussi comme le soin d'articuler le sexe à la loi, plutôt qu'à la norme : Freud travaille à rebrousse-poil du racisme eugéniste, contemporain.
Et faire la critique, les disctinctions, entre histoire des mentalités et histoire des corps.
Et penser le politique comme stratégique, production, et non répression donc. Mais nombreuse entreprise, moléculaire, d'incitation, mise en discours, inventivité, cultivation, procédures de savoir, jusqu'à irritation, éréthisme sexuel du politique. L'organisation de "zones érogènes" dans le corps social (199).
Le pouvoir : comme multiplicité des rapports de force qui --. Agencement.
Foucault donc, La Volonté de savoir (1976), et le projet d'histoire de la sexualité : il s'agit d'une théorie du pouvoir ; d'un déplacement de la pensée du schème de philosophie politique ; transformé par -- "l'archéologie"? De tracer le parcours - multiplex, à vitesses variables, à "agencements" et "dispositifs" où une dynamique prend ensemble les moments de pouvoir-résistance et ses instanciations menues puis par une sorte d'océanographie building up en effets hégémoniques -- du passage d'un régime de la loi, qui règle la polis, police, du souverain, à celui de la norme/pathologie, de la population. [ Tiens, note : il ne parle pas de démocratie ?] De l'Etat au bio-pouvoir, du droit au biopolitique.
La vie comme matériau de pénétration de la politique du contrôle, à la fois par la discipline (le dressage, la machine, la surveillance) et la population (soin de la vie et de sa productivité, après droit par la mort).
Par là reprendre la pensée de la lutte des classes et les schèmes du marxisme (autre chose que l'exploitation des corps prolétaires pour leur force de travail - car c'est la bourgeoisie qui passe du sang aristocratique au "dispositif de sexualité", bien avant d'en assujettir le prolétariat ; autre chose que la question de la morale ascétique du capitalisme aussi, car ça fait prendre à contrepied le récit de la grande Répression, et celle de la grande Libération. (Dont : les simplifications de 68, donc.)
Par là reprendre Freud et la psychanalyse - à la fois comme productrice du paradigme de la répression, mais aussi comme le soin d'articuler le sexe à la loi, plutôt qu'à la norme : Freud travaille à rebrousse-poil du racisme eugéniste, contemporain.
Et faire la critique, les disctinctions, entre histoire des mentalités et histoire des corps.
Et penser le politique comme stratégique, production, et non répression donc. Mais nombreuse entreprise, moléculaire, d'incitation, mise en discours, inventivité, cultivation, procédures de savoir, jusqu'à irritation, éréthisme sexuel du politique. L'organisation de "zones érogènes" dans le corps social (199).
Le pouvoir : comme multiplicité des rapports de force qui --. Agencement.
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vendredi 16 mai 2008
" Compétition mondiale de l'intelligence "
Je note avant d'oublier, la "perle" [V. Pécresse parle avec une crassness estomaquante bien sûr, des SHS comme la perle parmi les sciences...] parmi les nouvelles bribes rapportées par les écoutes croisées des collègues ces dernières semaines, dans les productions documents textes rapports et déclarations multipliées, avalancheuse, du gouvernement : le principe de "compétition mondiale de l'intelligence", comme orientation générale de la politique de la recherche et de l'enseignement supérieur.
Liberté de penser
Oui, aussi quelque chose qui me reste comme une rémanence rétinienne depuis la réunion SHS d'hier (puisqu'il s'agit toujours des possibilités de penser ; les comment des frayages possibles, pour une respiration) : la suggestion de JP Baillard [?] politiste, sur l'enjeu, simple, et crux : la liberté de penser, comme de même ordre, républicain, que la liberté de la presse.
Il y a bien sûr un twist - la liberté d'opinion - et ses continus en liberté d'expression, liberté d'association - n'est pas la même chose que la liberté de la science, et à les confondre on perd de la surface de puissance. Mais. A les associer, on gagne - de la lisibilité des enjeux, et du forçage des implications à penser. On gagne des "tâches" donc.
La référence au maccarthysme est intéressante - toute mesure mesurée, bien entendu, et bien énoncé par JPB.
Et la question se réoriente en effet : il s'agit du dirigisme d'état (et de pouvoir de l'idéologie actuellement si dominante qu'elle est naturalisée) ; de l'autoritarisme ; du contrôle idéologique sur l'activité du savoir et ses formes pratiques et effets sociaux. Il s'agit des outils de pilotage que le gouvernement se crée, petit à petit, loi après loi et mock-consultation après non-débat public et parlementaire. LRU comme outil ; les agences de moyens comme outils ; la division des disciplines, des recherche/enseignement, des statuts des divers agents, pour une "gouvernance" directe, dé-médiatisée, retirée au domaine public, collectif, résultante quotidienne du processus social. Le contrat individuel, de droit privé. Les tutelles uniques. Le un à un.
Il y a bien sûr un twist - la liberté d'opinion - et ses continus en liberté d'expression, liberté d'association - n'est pas la même chose que la liberté de la science, et à les confondre on perd de la surface de puissance. Mais. A les associer, on gagne - de la lisibilité des enjeux, et du forçage des implications à penser. On gagne des "tâches" donc.
La référence au maccarthysme est intéressante - toute mesure mesurée, bien entendu, et bien énoncé par JPB.
Et la question se réoriente en effet : il s'agit du dirigisme d'état (et de pouvoir de l'idéologie actuellement si dominante qu'elle est naturalisée) ; de l'autoritarisme ; du contrôle idéologique sur l'activité du savoir et ses formes pratiques et effets sociaux. Il s'agit des outils de pilotage que le gouvernement se crée, petit à petit, loi après loi et mock-consultation après non-débat public et parlementaire. LRU comme outil ; les agences de moyens comme outils ; la division des disciplines, des recherche/enseignement, des statuts des divers agents, pour une "gouvernance" directe, dé-médiatisée, retirée au domaine public, collectif, résultante quotidienne du processus social. Le contrat individuel, de droit privé. Les tutelles uniques. Le un à un.
SLR SLU mobilisés pour les SHS ... Pour
Réunion instructive hier soir. Bon de se rassembler, de se voir, de passer du temps à la parole - ça fait en effet "your tribe" (Lappé). Moins bon d'en finir sur la sensation que la difficulté majeure, le premier obstacle, le premier mur politique, est la difficulté à mobiliser. Les enseignants-chercheurs eux-mêmes. L'un des aperçus que je retiens en bout de processus, c'est l'analyse qui pointe que l'acceptabilité des réformes est inscrite, construite, programmée dans les réformes elles-mêmes. Evident, mais bon de mettre le doigt dessus. Question du public d'une réforme. Question, alors, du public d'une résistance.
On parle d'écrire, on parle d'un livret, et de déconstruction des termes et rhétoriques - à l'adresse des députés (le scandale de l'absence d'un débat parlementaire sur le démantèlement de la recherche en France), et à l'adresse des chercheurs et enseignants-chercheurs. Puts me in mind of Susan George, qui pointe, pour une analyse politiste, la question du discours. Tradition de la rhétorique comme moyen politique aux Etats-Unis? En tout cas le pointage de techniques des neocons dans le discours - attaquer par le flanc des légitimeurs d'idées, etc. Toujours est-il : on souligne les captations de mots clés, les retournements, les incantatoires. Il y a une déconstruction à faire de ces piliers, vecteurs opérateurs de la réforme.
POUR :
l'autonomie de la recherche et de l'enseignement supérieur
la modernisation des institutions du savoir
l'expertise, et une réforme de l'évaluation et de la valeur scientifique
le rayonnement international de la recherche française
la mobilité scientifique, nationale et internationale
la réforme du financement de l'université et de la recherche
dont la revalorisation des métiers
l'efficacité de la gestion, et de l'investissement
la société de la connaissance, et la modernisation des formes du savoir pour la société contemporaine
le regard international et contemporain pour orienter une politique scientifique nationale
une gestion du capital culturel - une intelligence de la culture, de son économie,
une réflexion radicale sur le public du savoir
etc.
On parle d'écrire, on parle d'un livret, et de déconstruction des termes et rhétoriques - à l'adresse des députés (le scandale de l'absence d'un débat parlementaire sur le démantèlement de la recherche en France), et à l'adresse des chercheurs et enseignants-chercheurs. Puts me in mind of Susan George, qui pointe, pour une analyse politiste, la question du discours. Tradition de la rhétorique comme moyen politique aux Etats-Unis? En tout cas le pointage de techniques des neocons dans le discours - attaquer par le flanc des légitimeurs d'idées, etc. Toujours est-il : on souligne les captations de mots clés, les retournements, les incantatoires. Il y a une déconstruction à faire de ces piliers, vecteurs opérateurs de la réforme.
POUR :
l'autonomie de la recherche et de l'enseignement supérieur
la modernisation des institutions du savoir
l'expertise, et une réforme de l'évaluation et de la valeur scientifique
le rayonnement international de la recherche française
la mobilité scientifique, nationale et internationale
la réforme du financement de l'université et de la recherche
dont la revalorisation des métiers
l'efficacité de la gestion, et de l'investissement
la société de la connaissance, et la modernisation des formes du savoir pour la société contemporaine
le regard international et contemporain pour orienter une politique scientifique nationale
une gestion du capital culturel - une intelligence de la culture, de son économie,
une réflexion radicale sur le public du savoir
etc.
lundi 12 mai 2008
Henry James entre l'Europe
Aperçus tirés de l'argumentaire du projet de colloque "Henry James's Europe : Cultural (re)appropriations and transtextual relations" (first international conference of the European Society of Jamesian Studies), prévu pour avril 2009 (The American University of Paris) :
. "To have no national stamp has hitherto been a defect and a drawback [Letter to TS Perry, 1867]
. being American : "a excellent preparation for culture" : Americans could deal, more freely than Europeans, "with forms of civilization not their own", "pick and choose and assimilate and in short 'aesthetically claim' their property wherver they found it" [quotation this??]
. "the vast intellectual fusion and synthesis" he dreams of as a young writer.
. the American artist abroad possesses the unprecedented advantage of his "national cachet" [fr. dans le texte donc], "a moral consciousness", an "unprecedented lightness and vigour [unprecendented is the relevant point here : modernity et le relais culturel américain].
. art : "making life" and creating values (replied to HG Wells), "didn't these values [ask the conference organizers : Annick Duperray, Adrian Harding, Dennis Tredy] prove to be at times, as again James enigmatically put it in his NYE preface to The Turn of the Screw, "positively all blanks"?
. "To have no national stamp has hitherto been a defect and a drawback [Letter to TS Perry, 1867]
. being American : "a excellent preparation for culture" : Americans could deal, more freely than Europeans, "with forms of civilization not their own", "pick and choose and assimilate and in short 'aesthetically claim' their property wherver they found it" [quotation this??]
. "the vast intellectual fusion and synthesis" he dreams of as a young writer.
. the American artist abroad possesses the unprecedented advantage of his "national cachet" [fr. dans le texte donc], "a moral consciousness", an "unprecedented lightness and vigour [unprecendented is the relevant point here : modernity et le relais culturel américain].
. art : "making life" and creating values (replied to HG Wells), "didn't these values [ask the conference organizers : Annick Duperray, Adrian Harding, Dennis Tredy] prove to be at times, as again James enigmatically put it in his NYE preface to The Turn of the Screw, "positively all blanks"?
Translatio studiorum
Remise en question par le Aristote au Mont Saint-Michel, par Sylvain Gouguenheim - et réaffirmée dans les divers message de désaveu par les diverses communautés de scientifiques auquel l'auteur aurait pu prétendre appartenir de droit : l'ENS, et les disciplines de l'histoire et de la philosophie du Moyen Age.
Déplacement vers la Syrie, perse, des philosophies et scientifiques dont les écoles, pour cause d'enseignement non chrétien, sont fermées par Justinien (529). Qui s'allie par la suite aux Arabes. Traduction en syriaque ; que les conquérants arabes traduisent ensuite en arabe après 650. Ishaq ben Hunain. Puis traductions espagnoles et provençales, Ibn Tibbon.
Situation prototype.
Déplacement vers la Syrie, perse, des philosophies et scientifiques dont les écoles, pour cause d'enseignement non chrétien, sont fermées par Justinien (529). Qui s'allie par la suite aux Arabes. Traduction en syriaque ; que les conquérants arabes traduisent ensuite en arabe après 650. Ishaq ben Hunain. Puis traductions espagnoles et provençales, Ibn Tibbon.
Situation prototype.
Conflit des facultés - local et daté
La liste qui se compose pour les élections aux conseils centraux de Paris 8 en alternative à celle qui a rassemblé les anciennes RED et Paris 8 Autrement donne une lisibilité, un peu étonnante - je note. Il s'agit de la liste Vivre Paris 8 ; liste des signataires en ligne.
Elle concerne le partage des champs disciplinaires dans l'université, et touche peut-être quelque chose de l'histoire de cette université, comme point d'observation d'un phénomène un peu plus large, qui serait celui d'une relève générationnelle des disciplines. Paris 8 Centre expérimental de sciences humaines, établie au grand temps des Sciences Humaines, puis passée à la banlieue - passée, aussi, à l'épreuve du renouvellement des générations au sein des instances et départements et équipes. Ce hiatus, douloureux, entre une génération et ce qu'on aurait aimé pouvoir considérer comme son produit scientifique de formation : une seconde. Comment s'est fait cet embrayage, et avec quels autres déterminants qui sont entrés en jeu, venant par le travers.
Comment la Communication s'est introduite dans le champ, dans les années 1980 il me semble? Tout ça demande à être vérifié avec précision ; je note simplement une sensation. Comment sont apparus, quand, des nouvelles disciplines, ou de nouveaux phénomènes comme la poussée de l'espace Psychologie, avec l'IED, etc. Toujours est-il :
la liste rassemble : Eco et gestion, géographie, psychologie, communication, sciences de l'éducation, géopolitique, cinéma, études slaves, arts plastiques, droit, informatique, musique, Com/FLE, IEE. Un ensemble est lisible. Et les grands blancs des zones absentes aussi - notables en particulier à la sortie des réunions de liste Paris 8 en mouvements avec son souci, disons démocratique, de représentativité des composantes d'ensemble et de leur équilibre. A lire dedans les choses qui relèvent de l'histoire interne de P8, et celles qui relèvent d'une histoire plus large des disciplines universitaires en France.
Elle concerne le partage des champs disciplinaires dans l'université, et touche peut-être quelque chose de l'histoire de cette université, comme point d'observation d'un phénomène un peu plus large, qui serait celui d'une relève générationnelle des disciplines. Paris 8 Centre expérimental de sciences humaines, établie au grand temps des Sciences Humaines, puis passée à la banlieue - passée, aussi, à l'épreuve du renouvellement des générations au sein des instances et départements et équipes. Ce hiatus, douloureux, entre une génération et ce qu'on aurait aimé pouvoir considérer comme son produit scientifique de formation : une seconde. Comment s'est fait cet embrayage, et avec quels autres déterminants qui sont entrés en jeu, venant par le travers.
Comment la Communication s'est introduite dans le champ, dans les années 1980 il me semble? Tout ça demande à être vérifié avec précision ; je note simplement une sensation. Comment sont apparus, quand, des nouvelles disciplines, ou de nouveaux phénomènes comme la poussée de l'espace Psychologie, avec l'IED, etc. Toujours est-il :
la liste rassemble : Eco et gestion, géographie, psychologie, communication, sciences de l'éducation, géopolitique, cinéma, études slaves, arts plastiques, droit, informatique, musique, Com/FLE, IEE. Un ensemble est lisible. Et les grands blancs des zones absentes aussi - notables en particulier à la sortie des réunions de liste Paris 8 en mouvements avec son souci, disons démocratique, de représentativité des composantes d'ensemble et de leur équilibre. A lire dedans les choses qui relèvent de l'histoire interne de P8, et celles qui relèvent d'une histoire plus large des disciplines universitaires en France.
Défenses et actualité
Ouh là oui, il vaut aller vite. Impatience avec les agitations des défenses de tous ordres - qu'il faut faire, et qu'il faut aussi dépasser.
Entendre ces remues-ménages all around : entendre l'entrepreneur de Netvibes parler du site comme d'un outil d'attention - oui, arriver à aller dans une vie aussi vite, souplement, que le développement des possibilités techniques. Y faire culture. Entendre Ray Kurzweil parler de ses outils de lecture du présent dans sa vitesse : not just paradigm shift, but paradigm shift rate. Entendre l'incisif tranquille d'Abélès sur de nouveaux horizons de l'anthropologie et des sciences de l'homme (anthropologie en regard de la sociologie, pour ce qui le concerne immédiatement) ; de Boltanski et Chiapello sur la cité par projets et l'actualité des modes de la critique.
Ces propositions d'une historicité contemporaine ; ces propositions en acte d'une praxis de l'histoire, anti-spectaculaires, simplement dans leur temps. Lignes de fuite hors des étaux qui cadrent un autre âge, où on n'est déjà plus. Il faut penser en avant. Et dès que le regard se tourne, fresh!, on se retrouve sorti de débats qui pèsent parce qu'on doit les porter à bout de bras, en porte à faux : ce ne sont plus les nôtres, et ils ne viennent plus de la vie.
Entendre ces remues-ménages all around : entendre l'entrepreneur de Netvibes parler du site comme d'un outil d'attention - oui, arriver à aller dans une vie aussi vite, souplement, que le développement des possibilités techniques. Y faire culture. Entendre Ray Kurzweil parler de ses outils de lecture du présent dans sa vitesse : not just paradigm shift, but paradigm shift rate. Entendre l'incisif tranquille d'Abélès sur de nouveaux horizons de l'anthropologie et des sciences de l'homme (anthropologie en regard de la sociologie, pour ce qui le concerne immédiatement) ; de Boltanski et Chiapello sur la cité par projets et l'actualité des modes de la critique.
Ces propositions d'une historicité contemporaine ; ces propositions en acte d'une praxis de l'histoire, anti-spectaculaires, simplement dans leur temps. Lignes de fuite hors des étaux qui cadrent un autre âge, où on n'est déjà plus. Il faut penser en avant. Et dès que le regard se tourne, fresh!, on se retrouve sorti de débats qui pèsent parce qu'on doit les porter à bout de bras, en porte à faux : ce ne sont plus les nôtres, et ils ne viennent plus de la vie.
Aufgabe - ce que fait
Je rentre dans la sensation d'une formation culturelle vaste, ramifiée, qui travaille l'Allemagne des années 30 en tâchant de la lester de sa propre histoire philosophique, ou geistige, culturelle, alors qu'elle se recompose en une nationalité éradicale. En amont même, tout le premier 20ème siècle. D'une part.
Puis, une remarque dont je me fais un programme d'écoute et de cogitation : la question, qui se tresse dans des plans pourtant distincts, de l'Aufgabe. La tâche. Qui me donne une résonance historique pour la question que j'ai sous les pieds en ce moment : agenda. Comment. Question de disciplinarité ; de modalité, du savoir-pouvoir-vivre.
Benjamin et la "Tâche du traducteur"
Husserl et la tâche de la philosophie pour l'Europe comme projet de l'esprit (Krisis)
Weber parlait déjà de la tâche - du sociologue, du savant, --.
Quelque chose du projet philosophique, et wissenschaftlich, allemands?
Je note la prise que donne Jean-Michel Salanskis, dans son Husserl (Belles Lettres, 1998) : "Husserl n'est pas fini, croyons-nous, parce que [...]. Husserl est un avenir de la (notre) philosophie simplement parce qu'il est une injonction au et un matériau de travail. [...] Aucun de ces auteurs [Wittgenstein, Heidegger, Quine, Kripke, Gadamer] ne lègue à la philosophie une demande de travail comparable." (12-13)
Et je continue à noter, comme un possible (sur quel mode?), le What is to Be Done de Lénine. Comme marque dans l'histoire des pensées de la praxis.
Et l'ethnométhodologie comme science du sens pratique (Bourdieu, replacé par Abélès).
Et simplement l'histoire, le présent, càd le regard du "en avant!". Le désir.
Enfin : il s'agit, simplement, de "ce que fait un linguiste" ; "ce que fait un angliciste". Une autre temporalité de la "tâche" et du faire.
Puis, une remarque dont je me fais un programme d'écoute et de cogitation : la question, qui se tresse dans des plans pourtant distincts, de l'Aufgabe. La tâche. Qui me donne une résonance historique pour la question que j'ai sous les pieds en ce moment : agenda. Comment. Question de disciplinarité ; de modalité, du savoir-pouvoir-vivre.
Benjamin et la "Tâche du traducteur"
Husserl et la tâche de la philosophie pour l'Europe comme projet de l'esprit (Krisis)
Weber parlait déjà de la tâche - du sociologue, du savant, --.
Quelque chose du projet philosophique, et wissenschaftlich, allemands?
Je note la prise que donne Jean-Michel Salanskis, dans son Husserl (Belles Lettres, 1998) : "Husserl n'est pas fini, croyons-nous, parce que [...]. Husserl est un avenir de la (notre) philosophie simplement parce qu'il est une injonction au et un matériau de travail. [...] Aucun de ces auteurs [Wittgenstein, Heidegger, Quine, Kripke, Gadamer] ne lègue à la philosophie une demande de travail comparable." (12-13)
Et je continue à noter, comme un possible (sur quel mode?), le What is to Be Done de Lénine. Comme marque dans l'histoire des pensées de la praxis.
Et l'ethnométhodologie comme science du sens pratique (Bourdieu, replacé par Abélès).
Et simplement l'histoire, le présent, càd le regard du "en avant!". Le désir.
Enfin : il s'agit, simplement, de "ce que fait un linguiste" ; "ce que fait un angliciste". Une autre temporalité de la "tâche" et du faire.
Problèmes du postcolonial : shame
Il y a un trait de lecture à tracer, pas donné d'avance, entre la Shame de Rushdie et la shame, Disgrace, de Coetzee.
Avec ça, une lumière se produira nécessairement, y compris sur des zones de complexité où les choses se délitent et font fondre des cohérences de sens, sur la catégorie d'histoire littéraire contemporaine et d'études culturelles de tous azimuts : le postcolonial.
Comme agency, voix et oralité, intertextualité et interculturalité, mais plus frictionnel, plus close to the bone, mimicry par exemple (et pourquoi Naipaul est un passage obligé, pour le recueil des problèmes). Où aller entendre -- se faire des théâtres de résonance de -- ce qui se travaille, là. Ou alors simplement : pas.
Avec ça, une lumière se produira nécessairement, y compris sur des zones de complexité où les choses se délitent et font fondre des cohérences de sens, sur la catégorie d'histoire littéraire contemporaine et d'études culturelles de tous azimuts : le postcolonial.
Comme agency, voix et oralité, intertextualité et interculturalité, mais plus frictionnel, plus close to the bone, mimicry par exemple (et pourquoi Naipaul est un passage obligé, pour le recueil des problèmes). Où aller entendre -- se faire des théâtres de résonance de -- ce qui se travaille, là. Ou alors simplement : pas.
samedi 10 mai 2008
Les sciences européennes - Husserl
Donc voilà, j'ai enfin commencé à comprendre ce que représente la Krisis de Husserl.
Faisceau de motivations pour aller y voir de près :
. la Krisis comme une modalité de la pratique critique. Voir ce qu'il en fait, philosophiquement ; transformant par elle la pratique philosophique ; critiquant la prégnance de l'histoire de la métaphysique. Déterminant par elle un avenir de la philosophie du deuxième 20ème siècle. Après, ça s'emmêle avec Heidegger ; c'est encore loin sur l'horizon d'après, pour ce qui me concerne.
. la notion de "sciences européennes". Qui entraîne la question, dont la philosophie s'est emparée tôt, et avec de nouveaux pics dans le contexte des révolutions industrielles-technologiques, 19ème et 20ème, des sciences. Mais c'est là une affaire pour la philosophie. Pour la mienne : la notion, historicisée et localisée, géopolitisée, de sciences culturelles ; modes épistémologiques en tant qu'ils sont pris, créés-créant, dans un milieu et une histoire d'une - càd de diverses - culture/s. Les implications nationalistes et impérialistes des "sciences de l'homme", etc. Voir les prises de Foucault, de Derrida avec la simple proposition posée par "ethnocentrisme" (de la philosophie, comme épistémologie européenne reine) dans De la grammatologie, etc.
. le double travers, entre titre et sous-titre, de " La Crise des sciences européennes [et la phénoménologie transcendantale] ", et de "La crise de l'humanité européenne [et la philosophie]" (conférence de Vienne, 1935, et ajoutée au corpus de la Krisis comme la dernière des trois Annexes officielles, parmi les autres Compléments. Venant après, s'articulant, avec la seconde : "Attitude des sciences de la nature et attitude des sciences de l'esprit. Naturalisme, dualisme et psychologie psychophysique". Sciences de l'homme, et sciences de l'homme.
. à prendre en enfilade avec Horkheimer et l'historicisation des modèles théoriques : théorie traditionnelle, théorie critique. 1937. Et avec Arendt, cherchant une politique en s'extirpant de la philosophie politique, après les déchirements mondiaux qui ont mis l'Europe en travail.
Des cultures théoriques, avec leurs histoires intriquées. Modes du savoir-pouvoir, avec une variable culturelle ici. (ça entraîne vers une histoire, géopolitique, des sciences? - une histoire des disciplines en tout cas, avec leurs modes épistémiques et leurs institutionnalisations. "Paradigm shift rate", dit Ray Kurzweil.)
Et : les sociétés de la connaissance.
Faisceau de motivations pour aller y voir de près :
. la Krisis comme une modalité de la pratique critique. Voir ce qu'il en fait, philosophiquement ; transformant par elle la pratique philosophique ; critiquant la prégnance de l'histoire de la métaphysique. Déterminant par elle un avenir de la philosophie du deuxième 20ème siècle. Après, ça s'emmêle avec Heidegger ; c'est encore loin sur l'horizon d'après, pour ce qui me concerne.
. la notion de "sciences européennes". Qui entraîne la question, dont la philosophie s'est emparée tôt, et avec de nouveaux pics dans le contexte des révolutions industrielles-technologiques, 19ème et 20ème, des sciences. Mais c'est là une affaire pour la philosophie. Pour la mienne : la notion, historicisée et localisée, géopolitisée, de sciences culturelles ; modes épistémologiques en tant qu'ils sont pris, créés-créant, dans un milieu et une histoire d'une - càd de diverses - culture/s. Les implications nationalistes et impérialistes des "sciences de l'homme", etc. Voir les prises de Foucault, de Derrida avec la simple proposition posée par "ethnocentrisme" (de la philosophie, comme épistémologie européenne reine) dans De la grammatologie, etc.
. le double travers, entre titre et sous-titre, de " La Crise des sciences européennes [et la phénoménologie transcendantale] ", et de "La crise de l'humanité européenne [et la philosophie]" (conférence de Vienne, 1935, et ajoutée au corpus de la Krisis comme la dernière des trois Annexes officielles, parmi les autres Compléments. Venant après, s'articulant, avec la seconde : "Attitude des sciences de la nature et attitude des sciences de l'esprit. Naturalisme, dualisme et psychologie psychophysique". Sciences de l'homme, et sciences de l'homme.
. à prendre en enfilade avec Horkheimer et l'historicisation des modèles théoriques : théorie traditionnelle, théorie critique. 1937. Et avec Arendt, cherchant une politique en s'extirpant de la philosophie politique, après les déchirements mondiaux qui ont mis l'Europe en travail.
Des cultures théoriques, avec leurs histoires intriquées. Modes du savoir-pouvoir, avec une variable culturelle ici. (ça entraîne vers une histoire, géopolitique, des sciences? - une histoire des disciplines en tout cas, avec leurs modes épistémiques et leurs institutionnalisations. "Paradigm shift rate", dit Ray Kurzweil.)
Et : les sociétés de la connaissance.
Libellés :
culture,
Europe,
Husserl,
savoir-pouvoir,
société de la connaissance,
theory exchange
Historicité du politique - Abélès sur la globalisation
Impressionnée par le livre d'Abélès (Anthropologie de la globalisation). Qui m'emmène nécessairement dans sa logique douce mais implacable, et m'oblige à prendre ces questions profondément douloureuses, massives, dans mes implications. Plutôt que comme des zones sur lesquelles mon horizon disciplinaire n'a pas d'ouverture. Elle en a ; elle est large jusque-là. Il n'y a pas à y être comme "intellectuel" au sens de Sartre, "ce qui ne le concerne pas". ça concerne les disciplines de la culture, et les valeurs motrices des "sciences de l'homme". Elles ont une "tâche" (Humboldt, Weber, Benjamin, etc.) à leur égard - ou simplement : une énergie analytique.
La diaspora mais et les réfugiés.
La diversité des cultures, et les affaiblissements des nationalismes d'Etat, mais et les sans-papiers.
Avec l'énergie dont j'ai soif soif, de concepts qui sachent écouter au fragile de la vie, politique. Abélès propose l'anthropologie là. Au ras. Pour une prise ethnologique sur la "globalisation", par la décision de regarder en face les vies en milieu des formes inédites de la violence - proposition sur une nouvelle perspective sur le politique : l'état de globalisation comme actualisation d'un politique où le cadre de l'Etat-nation ne fait plus l'échine du sens ; plus la cité ; plus l'ancien compact national de la violence avec la légalité, la citoyenneté. Autre chose ; qu'il y a à penser, et vivre. C'est un scénario de philosophie politique qui s'évanouit comme pertinence - le contrat social du monopole de la violence.
La reprise, l'actualisation des dimensions, de la question de la violence, est bien un développement de l'anthropologie, en tant que son projet scientifique a toujours été distingué de celui de la philosophie politique et des sciences politiques. Une science de la culture pour penser le politique. L'objet étant la société plutôt que la cité. Histoire de points de vue ; et leurs implications axiologiques. Et même oui : politiques.
Repère du cultural turn du politique, donc, toujours. Situation non pas "post-politique" mais post-Etat-nation - c'est là-dessus qu'il ne faut pas de tromper. Postmoderne. Abélès, dans ses rapports remarquables avec les travaux anglo-saxons et leur extension globish en anthropologie contemporaine [voir le réseau de références qu'il met en jeu, bibliographie], prend note de cette question qui consiste bien en une prise de position : prendre "globalisation" (là, pas de remarque explicite) ; prendre "postmoderne". (Fil et flux dans le phénomène théorico-culturel large passage de relais de la French theory à la puissance intellectuelle anglo-saxonne en France, dans le sens d'une ligne de fertilité hors du deadlock franco-parisien d'un pour ou contre la Pensée 68.)
Fertilité de ces propositions pour un avenir de la pensée de l'histoire du politique.
A comprendre, par exemple, avec la direction de la tension analytique d'Arendt, après WW2. Chercher à penser, localiser, le politique dans sa spécificité - en prenant appui sur ce pivot infiniment lourd, autour duquel tourne le 20ème siècle mondial : ce qu'il est advenu au plan du politique, son plan conceptuel, et axiologique, dans le conflit avec le nazisme et ses avatars internationaux.
Chercher le politique, chercher à penser le politique, à le repenser radicalement pour fabriquer une nouvelle histoire et forcer un après-WW2, à la force du concept et de la philologie et de l'histoire de la philosophie. Aristote, etc. Avec les bridés des outils philosophiques. Mais le projet.
La diaspora mais et les réfugiés.
La diversité des cultures, et les affaiblissements des nationalismes d'Etat, mais et les sans-papiers.
Avec l'énergie dont j'ai soif soif, de concepts qui sachent écouter au fragile de la vie, politique. Abélès propose l'anthropologie là. Au ras. Pour une prise ethnologique sur la "globalisation", par la décision de regarder en face les vies en milieu des formes inédites de la violence - proposition sur une nouvelle perspective sur le politique : l'état de globalisation comme actualisation d'un politique où le cadre de l'Etat-nation ne fait plus l'échine du sens ; plus la cité ; plus l'ancien compact national de la violence avec la légalité, la citoyenneté. Autre chose ; qu'il y a à penser, et vivre. C'est un scénario de philosophie politique qui s'évanouit comme pertinence - le contrat social du monopole de la violence.
La reprise, l'actualisation des dimensions, de la question de la violence, est bien un développement de l'anthropologie, en tant que son projet scientifique a toujours été distingué de celui de la philosophie politique et des sciences politiques. Une science de la culture pour penser le politique. L'objet étant la société plutôt que la cité. Histoire de points de vue ; et leurs implications axiologiques. Et même oui : politiques.
Repère du cultural turn du politique, donc, toujours. Situation non pas "post-politique" mais post-Etat-nation - c'est là-dessus qu'il ne faut pas de tromper. Postmoderne. Abélès, dans ses rapports remarquables avec les travaux anglo-saxons et leur extension globish en anthropologie contemporaine [voir le réseau de références qu'il met en jeu, bibliographie], prend note de cette question qui consiste bien en une prise de position : prendre "globalisation" (là, pas de remarque explicite) ; prendre "postmoderne". (Fil et flux dans le phénomène théorico-culturel large passage de relais de la French theory à la puissance intellectuelle anglo-saxonne en France, dans le sens d'une ligne de fertilité hors du deadlock franco-parisien d'un pour ou contre la Pensée 68.)
Fertilité de ces propositions pour un avenir de la pensée de l'histoire du politique.
A comprendre, par exemple, avec la direction de la tension analytique d'Arendt, après WW2. Chercher à penser, localiser, le politique dans sa spécificité - en prenant appui sur ce pivot infiniment lourd, autour duquel tourne le 20ème siècle mondial : ce qu'il est advenu au plan du politique, son plan conceptuel, et axiologique, dans le conflit avec le nazisme et ses avatars internationaux.
Chercher le politique, chercher à penser le politique, à le repenser radicalement pour fabriquer une nouvelle histoire et forcer un après-WW2, à la force du concept et de la philologie et de l'histoire de la philosophie. Aristote, etc. Avec les bridés des outils philosophiques. Mais le projet.
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jeudi 8 mai 2008
Institution et comment culturel - Abélès anthropologue
Ce que j'espérais : l'incisif, dépolémisé, de l'anthropologie, déployée lentement par Abélès dans Anthoropologie de la globalisation. Comme critique - ici it feels plutôt même, en douceur, comme à la fois ouverture à plus large, et actualisation à un après l'époque des paradigmes du national - de l'institution. Et ouverture d'une sensibilité, instruction de ses outils, à une "vie quotidienne" d'un monde postnational. Contre une "vision purement institutionnelle" (161) ; pour "la question du comment" : institution mais aussi représentation, force mais aussi sens. Et passant par le maillon critique nécessaire, la transition majeure, qu'est l'historicisation de Foucault.
Je tends l'oreille. Il s'agit de l'anthropologie comme science de la culture. (Ce que fait un anthropologue - c'est bien ce fil qu'il suit et recoud continument dans le parcours, très préparé, très guidé, du livre, qui s'enfonce en effet, dans un présent. En faisant passer des modes conceptuels devenus émoussés.)
L'écoute ethnologique, comme question du comment ; question du faire culturel. Plus incarné, à un stade de la présentation, en question des modes de l'action politique. Agenda ; agency? On y arrivera peut-être?
C'est quelque chose qui répond, justement libre de l'ornière de polémologie (le terme et donc l'enjeu est/sont présent/s en début d'étude), à la conception du culturello-politique que canarde Taguieff. Question de politique du peuple : une histoire culturelle -- avec ses modes marqués et ses entraves particulières --, et une ethnologie.
Je tends l'oreille. Il s'agit de l'anthropologie comme science de la culture. (Ce que fait un anthropologue - c'est bien ce fil qu'il suit et recoud continument dans le parcours, très préparé, très guidé, du livre, qui s'enfonce en effet, dans un présent. En faisant passer des modes conceptuels devenus émoussés.)
L'écoute ethnologique, comme question du comment ; question du faire culturel. Plus incarné, à un stade de la présentation, en question des modes de l'action politique. Agenda ; agency? On y arrivera peut-être?
C'est quelque chose qui répond, justement libre de l'ornière de polémologie (le terme et donc l'enjeu est/sont présent/s en début d'étude), à la conception du culturello-politique que canarde Taguieff. Question de politique du peuple : une histoire culturelle -- avec ses modes marqués et ses entraves particulières --, et une ethnologie.
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Les Etudes littéraires dans l'histoire de la république
Evidemment, mettre en regard La Troisième République des lettres (De Flaubert à Proust, Compagnon, Seuil, 1983 - ici : 1870-1914), avec Christophe Charle, La République des universitaires : 1870-1940 (Seuil, 1994).
Question de quelle histoire, quel comment historien, pour faire apparaître quelle cartographie du savoir-pouvoir, du rapport art-culture, et en fin de ligne quelle science de la culture.
Peut-être aussi, le travail sur les champs de l'art, Bourdieu, où on commence avec Napoléon III puis les révolutions. Les Règles de l'art. Genèse et structure du champ littéraire. Seuil, 1992.
Question de quelle histoire, quel comment historien, pour faire apparaître quelle cartographie du savoir-pouvoir, du rapport art-culture, et en fin de ligne quelle science de la culture.
Peut-être aussi, le travail sur les champs de l'art, Bourdieu, où on commence avec Napoléon III puis les révolutions. Les Règles de l'art. Genèse et structure du champ littéraire. Seuil, 1992.
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dimanche 4 mai 2008
Moyens de l'anthropologie - Abélès
Marc Abélès, dans Anthropologie de la globalisation (Payot, 2008) - quelques pointes, pour les sciences de la culture (et les : sciences de l'étranger) :
. chap. 1 : "De l'économie à l'anthropologie" : se fait un fond de contexte factuel et discursif, en reprenant noms, textes, mots d'ordre et issues. C'est dérivatif, informationnel - bon certainement pour l'embrassé. Certainement, la mondialisation est un fait en tant que crux de discussion, centre géométrique des débats cherchant une prise sur le contemporain. Proposition d'un choix entre "mondialisation" et "globalisation", en avant-propos et pour caler le titre et le point de vue, me paraît un peu faible, sans beaucoup de tranchant pour traverser le champ d'une perspective : simplement se dégager d'une continuité avec les "premières mondialisations", et se donner la place de penser une spécificité de cet inédit. Now what. [ Et : si plus loin le mouvement de discussion débouche sur Arjun Appadurai (transcultural social sciences) et George Marcus ("anthropologie multi-site" et multi-énonciation), c'est bien la discursivité, et la dimension traductionnelle, qu'il faut écouter. "Globalisation" est donc à prendre nécessairement, au risque sinon de simply miss the point, comme un calque de "l'anglais (Etats-Unis)", avec toute l'histoire du terme, et de ses passages de bouche en bouche, de langue en langue. Une anthropologie du monde"-monde", si elle se veut corrective d'un économisme, doit aussi être une poétique de l'énonciation conceptuelle et culturelle et idéologique. ]
Le chap. 1 prépare une mobilisation du plan économiste au plan de la vie quotidienne du ; dimension culturelle, et politique, du. OK.
. chap. 2 : "L'anthropologie face à la globalisation" : il s'agit de recomposer le tableau d'une histoire de la discipline, aux prises avec l'histoire géopolitique et ses séries de noeuds, conflits, et structures et dynamiques de domination. Très utile pour le néophyte que je suis dans ce champ où les repères se prennent ici très facilement. Bel exercice réussi, qui met des outils et des lucidités entre les mains, pour la suite : ce que peut une perspective anthropologique, (ethnographique et ethnologique ; terrain et théorie), pour penser le présent. Sans doute le plus prometteur est l'énergie qui cible la pensée du politique, la vie quotidienne du politique, à ce moment, cette situation, d'un paysage en recomposition rapide.
D'ailleurs en effet l'étape suivante est celle-là. Chap. 3 : "La globalisation et le politique".
. science de l'homme. La reprise de jalons dans l'histoire de l'anthropologie pointe bien le regard vers un problème épistémologique et idéologique qui falls into place as question du savoir-pouvoir : la négociation nécessaire de la discipline avec le positivisme scientifique du 19ème, encore prégnant évidemment. Les efforts pour inventer des distances, des lignes de fuite, dans le "carcan monographique" et autres cadres marqués par les sciences naturelles. Entomologie. Radcliffe-Brown : "L'anthropologie est la science naturelle théorique de la société humaine" [Structure et fonction dans la société primitive, [1952], Minuit, 1968.].
C'est l'histoire du Musée de l'Homme (voir GD sur le Musée du Quai Branly et la nouvelle politique muséale du Musée de l'Homme recirconscrit en reste).
. Appadurai (et al.) sur la globalisation de la recherche. Pour les "sciences sociales transculturelles". 100. Avec une critique de JL Amselle pour méfiance du communautarisme des "voix". Vecteur pour la Theory exchange.
. Les sociétés et leurs sciences sociales. Voir, au moins, par un petit effort "de réflexivité" (les termes, ici), l'interaction entre les savoirs sociaux et les pratiques sociales et les identités sociales vécues, les "expériences". Et les "voix". Le dernier état du récit de contextualisation qu'élabore Abélès nous laisse auprès de George Marcus, et sa proposition de "l'anthropologue citoyen" (well...). Le problème est bon, il est même minimal ; une exigence minimale pour une anthropologie du présent : non seulement un engagement des sciences sociales (on serait encore dans un paternalisme d'appartenance "traditionnelle" au sens de Horkheimer), mais un embarquement, au moins. Heidegger/Sartre (Abélès marque le terme de "situation", dans la figure de Max Gluckman, anthropologie britannique 1958 - Analysis of a Social Situation in Modern Zululand, Ecole de Manchester). Le long emmêlement des sciences sociales avec leurs conditions sociales, dont il n'y à pas à se libérer mais à se théoriser, et se multiplier en puissance incisive.
Nouvelles propositions, par la question de la "réflexivité" et par l'appel à la "théorie", pour une anthropologie comme "théâtre de réflexivités complices", les informateurs et les ethnographes ensemble dans un présent d'énonciation commun. 104.
. enfin, la question de la poétique, qui affleure périodiquement. Surtout mais pas uniquement dans les zones déconstructionnistes. Geerz (la culture comme"texte", l'anthropologie comme écriture : affaire de Writing Culture (. The Poetics and Politics of Ethnography, J. Clifford & G. Marcus, UCalifP, 1986). Abélès marque un jalon Bhabha, aussi.
. chap. 1 : "De l'économie à l'anthropologie" : se fait un fond de contexte factuel et discursif, en reprenant noms, textes, mots d'ordre et issues. C'est dérivatif, informationnel - bon certainement pour l'embrassé. Certainement, la mondialisation est un fait en tant que crux de discussion, centre géométrique des débats cherchant une prise sur le contemporain. Proposition d'un choix entre "mondialisation" et "globalisation", en avant-propos et pour caler le titre et le point de vue, me paraît un peu faible, sans beaucoup de tranchant pour traverser le champ d'une perspective : simplement se dégager d'une continuité avec les "premières mondialisations", et se donner la place de penser une spécificité de cet inédit. Now what. [ Et : si plus loin le mouvement de discussion débouche sur Arjun Appadurai (transcultural social sciences) et George Marcus ("anthropologie multi-site" et multi-énonciation), c'est bien la discursivité, et la dimension traductionnelle, qu'il faut écouter. "Globalisation" est donc à prendre nécessairement, au risque sinon de simply miss the point, comme un calque de "l'anglais (Etats-Unis)", avec toute l'histoire du terme, et de ses passages de bouche en bouche, de langue en langue. Une anthropologie du monde"-monde", si elle se veut corrective d'un économisme, doit aussi être une poétique de l'énonciation conceptuelle et culturelle et idéologique. ]
Le chap. 1 prépare une mobilisation du plan économiste au plan de la vie quotidienne du ; dimension culturelle, et politique, du. OK.
. chap. 2 : "L'anthropologie face à la globalisation" : il s'agit de recomposer le tableau d'une histoire de la discipline, aux prises avec l'histoire géopolitique et ses séries de noeuds, conflits, et structures et dynamiques de domination. Très utile pour le néophyte que je suis dans ce champ où les repères se prennent ici très facilement. Bel exercice réussi, qui met des outils et des lucidités entre les mains, pour la suite : ce que peut une perspective anthropologique, (ethnographique et ethnologique ; terrain et théorie), pour penser le présent. Sans doute le plus prometteur est l'énergie qui cible la pensée du politique, la vie quotidienne du politique, à ce moment, cette situation, d'un paysage en recomposition rapide.
D'ailleurs en effet l'étape suivante est celle-là. Chap. 3 : "La globalisation et le politique".
. science de l'homme. La reprise de jalons dans l'histoire de l'anthropologie pointe bien le regard vers un problème épistémologique et idéologique qui falls into place as question du savoir-pouvoir : la négociation nécessaire de la discipline avec le positivisme scientifique du 19ème, encore prégnant évidemment. Les efforts pour inventer des distances, des lignes de fuite, dans le "carcan monographique" et autres cadres marqués par les sciences naturelles. Entomologie. Radcliffe-Brown : "L'anthropologie est la science naturelle théorique de la société humaine" [Structure et fonction dans la société primitive, [1952], Minuit, 1968.].
C'est l'histoire du Musée de l'Homme (voir GD sur le Musée du Quai Branly et la nouvelle politique muséale du Musée de l'Homme recirconscrit en reste).
. Appadurai (et al.) sur la globalisation de la recherche. Pour les "sciences sociales transculturelles". 100. Avec une critique de JL Amselle pour méfiance du communautarisme des "voix". Vecteur pour la Theory exchange.
. Les sociétés et leurs sciences sociales. Voir, au moins, par un petit effort "de réflexivité" (les termes, ici), l'interaction entre les savoirs sociaux et les pratiques sociales et les identités sociales vécues, les "expériences". Et les "voix". Le dernier état du récit de contextualisation qu'élabore Abélès nous laisse auprès de George Marcus, et sa proposition de "l'anthropologue citoyen" (well...). Le problème est bon, il est même minimal ; une exigence minimale pour une anthropologie du présent : non seulement un engagement des sciences sociales (on serait encore dans un paternalisme d'appartenance "traditionnelle" au sens de Horkheimer), mais un embarquement, au moins. Heidegger/Sartre (Abélès marque le terme de "situation", dans la figure de Max Gluckman, anthropologie britannique 1958 - Analysis of a Social Situation in Modern Zululand, Ecole de Manchester). Le long emmêlement des sciences sociales avec leurs conditions sociales, dont il n'y à pas à se libérer mais à se théoriser, et se multiplier en puissance incisive.
Nouvelles propositions, par la question de la "réflexivité" et par l'appel à la "théorie", pour une anthropologie comme "théâtre de réflexivités complices", les informateurs et les ethnographes ensemble dans un présent d'énonciation commun. 104.
. enfin, la question de la poétique, qui affleure périodiquement. Surtout mais pas uniquement dans les zones déconstructionnistes. Geerz (la culture comme"texte", l'anthropologie comme écriture : affaire de Writing Culture (. The Poetics and Politics of Ethnography, J. Clifford & G. Marcus, UCalifP, 1986). Abélès marque un jalon Bhabha, aussi.
vendredi 2 mai 2008
Enseignement supérieur : quantifications
Pierre Jourde, dans le Monde diplomatique, "L'Université féodale de demain" (avril 2008), propose une version de quantification :
" Cela pourrait donner ceci, actuellement : 1. les cours : 7 heures; 2. la préparation du cours, documentation, lectures diverses : 14h ; la correction des copies : 3h ; 4. les permanences, la réception et le suivi des étudiants : 4h ; 5. la lecture de thèses, mémoires, direction de jeunes chercheurs, réunions de jurys, rédation de rapports et procès-verbaux : 4h ; 6. les réunions de commissions, Conseil CEVU, centres de recherche, département, conseil scientifique, UFR, CNU, jurys, etc., éventuellement la direction d'un ou de plusieurs de ces organes : 8h ; 7. le remplissage ou l'établissement des papiers inhérents au fonctionnement de ces diverses structures ainsi que des abondants et variés documents et rapports destinés au ministère, notamment dans le cadre des contrats quadriennaux : 4h ; 8. l'écriture d'articles, de livres, la participation à des colloques et à des séminaires, l'organisation de colloques et le remplissage des documents nécessaires : 14h ; 9. les recherches (en bibliothèque ou ailleurs) : 14h ; 10. la direction de revues, de collections, les lectures de manuscrits divers : 2h. Au total : 74h [semaine]. "
A quoi s'ajoutent les campagnes répétées de réformes, qui mobilisent les départements dans une remise à plat des modalités pédagogiques et souvent institutionnelles ; et s'ajoute la mobilisation, syndicale et scientifique (lectures, réunions, rédaction).
" Cela pourrait donner ceci, actuellement : 1. les cours : 7 heures; 2. la préparation du cours, documentation, lectures diverses : 14h ; la correction des copies : 3h ; 4. les permanences, la réception et le suivi des étudiants : 4h ; 5. la lecture de thèses, mémoires, direction de jeunes chercheurs, réunions de jurys, rédation de rapports et procès-verbaux : 4h ; 6. les réunions de commissions, Conseil CEVU, centres de recherche, département, conseil scientifique, UFR, CNU, jurys, etc., éventuellement la direction d'un ou de plusieurs de ces organes : 8h ; 7. le remplissage ou l'établissement des papiers inhérents au fonctionnement de ces diverses structures ainsi que des abondants et variés documents et rapports destinés au ministère, notamment dans le cadre des contrats quadriennaux : 4h ; 8. l'écriture d'articles, de livres, la participation à des colloques et à des séminaires, l'organisation de colloques et le remplissage des documents nécessaires : 14h ; 9. les recherches (en bibliothèque ou ailleurs) : 14h ; 10. la direction de revues, de collections, les lectures de manuscrits divers : 2h. Au total : 74h [semaine]. "
A quoi s'ajoutent les campagnes répétées de réformes, qui mobilisent les départements dans une remise à plat des modalités pédagogiques et souvent institutionnelles ; et s'ajoute la mobilisation, syndicale et scientifique (lectures, réunions, rédaction).
jeudi 1 mai 2008
Projet Inde : repères bibliographiques
- Amit Chandhuri. Clearing a Space (intellectual culture in Bengal), 2008.
- Amartya Sen. L'Inde. Histoire, culture et identité, Odile Jacob, 2007. The Argumentative Indian, 2005 [?].
- Pavan K. Varma, Le Défi indien. Pourquoi le XXIe siècle sera le siècle de l'Inde. Actes Sud, 2006. (J'imagine que c'est : Being Indian. Inside the real India, London, William Heinemann, 2005 ?)
- Jackie Assayag. La Mondialisation vue d'ailleurs. L'Inde désorientée. Seuil, 2005.
- Gauri Viswanathan. Masks of Conquest: Literary Study and British Rule in India (Columbia, 1989; Oxford, 1998 - + ARIEL 2000 dossier : "Institutionalizing English Studies: The Postcolonial/Postindependance Challenge".
- Louis Dumont [?], en comparatisme avec l'Inde pour repenser l'individu dans les sociétés occidentales.
- Arjun Appadurai
- Amartya Sen
- Times of India
Littérature - auteurs d'origine indienne, écrivant en anglais : [info par la présentation du colloque "India and the Indian Diasporic Imagination" organisé à Montpellier 3 en avril 2009]
- Meena Alexander
- Cyril Dabydeen
- David Dabydeen
- Mahadai Das
- Anita Desai
- Amitav Ghosh
- Romesh Gunesekera
- Ismith Kahn
- Peter Kempadoo
- Oonya Kempadoo
- HS Ladoo
- Jumpha Lahiri
- Leelawatee Manoo-Rahming
- Rohinton Mistry
- Rooplall Monar
- Shani Mootoo
- Bharati Mukherjee
- Lacksmi Persaud
- Sasenarine Persaud
- Vikram Seth
- Ryhaan Shah
- Rajkumari Singh
- MG Vassanji
Ecrivant en français :
- Khal Torabully
- Ananda Devi
Cinéastes :
- Mira Nair
- Deepa Mehta
- Sandhya Suri
Yaari.com : social networking.
Projet Inde
Noté en novembre 2007, depuis le projet Amérique :
Des repères pour prendre le fil d'une entrée dans l'Inde. L'inde importe, elle est une force d'à-venir massive, on est devant comme Tocqueville et sa "terreur religieuse" devant l' "avenir" de la démocratie, déferlant depuis l'Amérique.
Ici aussi - comme pour l'Amérique ; comme pour la globalization ; comme pour l'anglais comme pôle de la géopolitique des langues - un angliciste est bien placé, sur la route d'une déferlante. Même si j'apprends que ce chiffre : 3% (seulement) des Indiens parlent anglais (avec 25% d'analphabétisme des adultes, dont 45% pour les femmes). L'Inde est sa propre puissance de géographie humaine ; elle est aussi celle de la post-colonialité, celle de l'histoire du Tiers Monde comme ligne de fuite de la Guerre Froide. Elle est l'une des forces déterminantes dans mon présent politique, et ce vers quoi je vais.
Pavan K. Varma, Le Défi indien. Pourquoi le XXIe siècle sera le siècle de l'Inde. Actes Sud, 2006. J'imagine que c'est : Being Indian. Inside the real India, London, William Heinemann, 2005. (Difficile de trouver un catalogue national indien en anglais sur internet.)
Sites journalistes (/ blogs - à noter aussi, qu'aux Etats-Unis le blog est un lieu important du débat politique maintenant) :
Jabberwock
Don't trust the Indian media
India uncut
The Hindustan Times
Tehelka (de Tarun Tejpal)
Des sites pour la "vie des peuples" (Saussure, et Tocqueville) ? :
Compulsive Confessor
My Own Fairy Stories
Caramel Custard
Jay
Je note donc que tous sont sur Blogger, et comme Letter from America dans la mouvance de Google. Et je note ma source, Sushmita Sarmah dans le dossier sur l'Inde de Télérama, n° 2958, 20 sept. 2006). Comme la New York Review of Books - plus modestement, plus magazinement, moins on point - Télérama m'importe pour sa participation au tissu de discours où se forme la culture. C'est comme ça que. Je regarde son travail. Leur.
Des repères pour prendre le fil d'une entrée dans l'Inde. L'inde importe, elle est une force d'à-venir massive, on est devant comme Tocqueville et sa "terreur religieuse" devant l' "avenir" de la démocratie, déferlant depuis l'Amérique.
Ici aussi - comme pour l'Amérique ; comme pour la globalization ; comme pour l'anglais comme pôle de la géopolitique des langues - un angliciste est bien placé, sur la route d'une déferlante. Même si j'apprends que ce chiffre : 3% (seulement) des Indiens parlent anglais (avec 25% d'analphabétisme des adultes, dont 45% pour les femmes). L'Inde est sa propre puissance de géographie humaine ; elle est aussi celle de la post-colonialité, celle de l'histoire du Tiers Monde comme ligne de fuite de la Guerre Froide. Elle est l'une des forces déterminantes dans mon présent politique, et ce vers quoi je vais.
Pavan K. Varma, Le Défi indien. Pourquoi le XXIe siècle sera le siècle de l'Inde. Actes Sud, 2006. J'imagine que c'est : Being Indian. Inside the real India, London, William Heinemann, 2005. (Difficile de trouver un catalogue national indien en anglais sur internet.)
Sites journalistes (/ blogs - à noter aussi, qu'aux Etats-Unis le blog est un lieu important du débat politique maintenant) :
Jabberwock
Don't trust the Indian media
India uncut
The Hindustan Times
Tehelka (de Tarun Tejpal)
Des sites pour la "vie des peuples" (Saussure, et Tocqueville) ? :
Compulsive Confessor
My Own Fairy Stories
Caramel Custard
Jay
Je note donc que tous sont sur Blogger, et comme Letter from America dans la mouvance de Google. Et je note ma source, Sushmita Sarmah dans le dossier sur l'Inde de Télérama, n° 2958, 20 sept. 2006). Comme la New York Review of Books - plus modestement, plus magazinement, moins on point - Télérama m'importe pour sa participation au tissu de discours où se forme la culture. C'est comme ça que. Je regarde son travail. Leur.
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