vendredi 25 janvier 2008

Humboldt : l'université comme enseignement&recherche

Article d'Yves Gingras, "Idées d'universités. Enseignement, recherche et innovation" - informations pour quelques repères, historiques, utiles. Humboldt contre Condorcet puis Newman. Puis le modèle de l'institut de recherche, CNRS et la formule des instituts Max Planck.

Humboldt : tenir ensemble, et localiser ensemble (une communauté, un espace dialogique de co-création, "influence"), enseignement et recherche ; institution pratique des séminaires de recherche et du diplôme de doctorat. Gingras ne mentionne pas, c'est à ajouter, la liberté de choix dans les parcours dans la carte institutionnelle des savoirs; disciplines, enseignants, etc. Et la structure du département, contre la logique des facultés et des chaires.

Agenda : voir Kant sur le "Conflit des facultés" pour une antécédence, Weber sur l'état du savoir-pouvoir (la Beruf du savant) autour de 1917, et Humboldt, "Sur l'organisation interne et externe des établissements scientifiques supérieurs à Berlin". Essai réédité en français dans le volume Philosophies de l'université, édité par Ferry et Renaut (Payot 1979) : ça situe une lecture.

BB aussi : Christophe Charle, La République des universitaires (1870-1940), Seuil 1994 ;
Jean-François Picard, La République des savants. La recherche française et le CNRS, Flammarion 1990.
Bon, et Bourdieu's Homo academicus, Minuit, 1984, Méditations pascaliennes, Seuil 1997.

mercredi 23 janvier 2008

Humboldt, pour voir les sciences européennes

La Sprachstudium de Humboldt, qui marie intimement l'étude (comparée) et l'humanité comme culture de l'esprit (chacun de ces termes est un galet spécifique marquant un mode théorique propre, un envisagement de l'anthropologie - à prendre chaque fois avec une écoute soigneuse, et attendre de voir se mettre en perspective les effets étonnants, "influence" et "incidence", "formation" et "production", de leur dynamique conceptuelle, et donc critique), fait voir les "sciences humaines", formes du savoir, situées dans leur histoire avec un relief découpé net, comme, par exemple, des sciences européennes. Humaines en ce qu'elles sont, sur l'humain, le produit totalement (la totalité aussi est un concept de Humboldt, spécifique, qui cultive une distinction dans la simple grammaire épistémologique, en le rattachant à la spécificité naturelle de l'humain : la culture, l'esprit, Bildung, Geist) situé de l'humain, nécessairement dans l'histoire tressée multiple de sa culture, héritée et en invention - ce tressage encore.
Geist est transcendental et kantien et n'est pas transcendental et critique du kantisme.
L'étude (comparée) est consubstantielle à l'esprit, qui est action culturelle, dialogique, en rapport d'étranger (d'influence). La Sprachstudium expérimentée se sait, plutôt confortablement (c'est doux, Licht und Wärme souligne Trabant ; mais c'est aussi en fragments, en histoire cahoteuse de publication), travail dans le vivant d'une culture - l'allemande des Lumières et de "l'influence" greco-romaine et, plus récemment, orientialiste (F. Schlegel, Sur la langue et de la sagesse des Indiens, 1808).
Ce que sait une nation, une individualité humaine (personne, groupe, nation, langue, indifféremment). Une vie de savoir. Humanité et anthropologie. Et savoir-culture, savoir- nation, qui est un autre point de vue sur le savoir-pouvoir.
Il y a la notion d'homme rationnel, homo sapiens et anthropologie (la philosophie, en l'occurence, dans sa situation) de la Raison, kantienne ou plus largement des Lumières. Mais il y a, bien à Humboldt, l'étude comme non-philosophie, ou comme synthèse de la philosophie avec la caractéristique empirique des langues ; "étude comparée des langues" et de "l'influence".
Le savoir des langues, et le savoir des langues, donc.
(Ces théoriciens d'ensemble, qui font qu'on doit emmêler les "phrases" et "périodes" - jugement de Steinhal sur Humboldt le mauvais phraseur, le philosophe qui pose la question de la phrase -, Benveniste, Meschonnic, Saussure qui essaie et essaie et reprend, Woolf qui cherche et essays...)

L'épaisseur philologique de l'Europe. L'Europe comme histoire culturelle (et histoire des savoirs, ses modes, ses formes ses institutions). Là, le rapport entre politique et culture, et directement la question de l'université. Je chercher toujours à trouver la pointe de la question qu'il y a à dégager du champ problématique général du séminaire Diversité des langues de cette année : l'Europe, quelle 'société de la connaissance'.

Je note : AM Helvétius, VP du Conseil scientifique de Paris 8, prend "culturel" comme mot fort, mot de force, bannière pour polariser une résistance critique des sciences humaines, et pour une lutte d'identité scientifique pour Paris 8. Choix un peu intempestif, intéressant, un peu vacillant peut-être - plus intéressant que les termes des "défenses", qui bourgeonnent un peu languissamment ici et là. Extrait du CR du conseil du 17 janvier 2008, après rapports d’activité des Ecoles doctorales pour 2006-2007 :

À l’issue d’une discussion faisant suite aux rapports des directeurs d’Écoles doctorales, la Vice-présidente propose que le Conseil scientifique réaffirme son attachement à la mission culturelle des universités, conformément à leur statut d’Établissements publics à caractère scientifique, culturel et professionnel (EPSCP). A ce titre, les études doctorales en particulier ne se limitent pas à leur dimension professionnelle, mais peuvent aussi avoir une vocation culturelle, spécialement pour les personnes salariées ou retraitées.

dimanche 20 janvier 2008

Evaluation et présidentialisme

Les rapports qu'on est obligé de faire, ces temps-ci ; les rapports qui s'imposent !
Depuis qu'on va "évaluer" les ministres, et passer les carrières au filtre de ce système de valeur produit de l'industrie du consulting (ici un produit a été commandé, acheté, et fourni, par un cabinet privé et au client Etat : celui de l'évaluation du gouvernement), le règne de l'évaluation a gagné une surface d'application - sur laquelle tout superlatif est justifé, pas la peine d'y revenir. Y repérer bien la confirmation et l'extension maximale (mais on est toujours surpris que l'extension s'étire encore, jusqu'à des impensables, réalisés à toute vitesse) de la pratique ordinaire : il s'agit de remplacer un système de la valeur, public (représentation et responsabilité), par un autre, privé (comptabilisation, 1+1+1...). Fonctionnariat par la logique du contrat de droit privé ; l'Etat par l'entreprise ; la démocratie parlementaire par l'économisme et, précisément, le capitalisme social - comment dire? : l'économisme qui fait capital de la société même, de ses institutions et de ses processus.

Les remplacements : à la notation, système de la fonction publique, se substitue le bilan de compétences, portefeuille et contrat de l'individu entrepreneur de lui-même. Les bibliothécaires de Paris 8 nous en transmette les échos. Ici, s'établit en fonctionnement parallèle : l'évaluation des ministres, substituée à leur responsabilité, devant la représentation nationale. Le gouvernement, son présidentialisme, sans devoir de répondre devant le parlement ; le Premier ministre sans fonctionnement comme démissionnable ; la libéralisation de la fonction présidentielle, partant en orbite solitaire - son acteur minaudant ensuite de populisme alors même que la représentation démocratique devient toujours plus impossiblement lointaine, comme un vieux souvenir et une utopie infaisablement épuisante.
Commencer, donc, par un parlement. - Evidemment, ça ne se prend pas de front.
Une démocratie.

L'histoire des centralisations du pouvoir en France a la peau dure, et une inventivité mauvaise. Elle vient se moderniser en insérant le pays dans une "communauté internationale" qui se reconfigure très vite elle aussi. Difficile de suivre ; nous laisse haletants et la tête tournée. Half-blind with dust, in the fray : chercher bien les lignes de faille, les sentir au bout des doigts et des écrits, au bout des vies sociales et des quotidiens. Relentless erudition, et les patients décodages. Les contre-discours, et les modes du savoir à façonner.

On attend, bien sûr, l'évaluation du Président de la République, puisque seul ce poste semble hors d'atteinte du rouleau compresseur de la valeur : son ombilic. C'est cette question qui fait paginus - pôle du pouvoir et totem : la page à écrire, alors.

La tâche du philologue - (libérer la culture)

« La Crise de la culture. Sa portée sociale et politique ». H. Arendt, traduit par Barbara Cassin, Gallimard 1972. Le point de départ est « l’inquiétude » des « intellectuels quant au phénomène relativement nouveau de la culture de masse » (253). « La survie de la culture est en question » (265). [Il faudrait voir aussi comment situer par rapport à la lignée du Malaise dans la civilisation. Heidegger, remontant vers Kant et le rapport entre culture et civilisation dans le contexte européen, tension franco-allemande, de la fin du 18ème d’une part, et Freud de l’autre.]

I. Le problème en pris autrement que par le biais mis en place par l’Ecole de Frankfort – il s’en détourne même ; depuis le problème de la culture de masse on s’intéresse, avec Arendt, au politique. Toujours, chercher ce qu’est le domaine propre du politique – pour une pensée du politique, qui n’est pas forcément une philosophie politique (cette tension des modes est une dynamique critique qui fait la singularité du travail de Arendt, et qui fait que la lecture est toujours un exercice d’attention, discernement ; exercice critique fin. A intégrer également, la valence philologique ou étymologique de la philosophie dans le sillage heideggerien - Arendt s'y place singulièrement encore). Ici, fouiller dans la zone des rapports, historiques, entre politique et culture ; l’histoire de ces rapports, pour la mesure d’un état nouveau, qui permettrait de penser un présent qui a tellement remué les repères culturels et conceptuels de la Modernité.
A partir de la formule, philologiquement active, de Périclès, sur la relation entre la politique et l’art (277), avec Kant, « ranger le goût, principale activité culturelle, parmi les facultés politiques de l’homme » (285). La culture comme force politisante. Et la philologie-la traduction, comme instrument critique dans le processus de cette exploration conceptuelle dans l’épaisseur de l’histoire.
La culture est maintenant de masse – alors qu’elle était élite, placée devant le « philistinisme » bourgeois (Brentano le premier à le marquer de ce terme). La révolte des artistes, une situation sociale, une force sociale, « contre leurs nouveaux patrons » (259) : l’art devenu monnaie sociale pour un statut, et kitsch, selon la désignation de Harold Rosenberg (cf l’extension de « taste » en Angleterre, se répandant dans la société des nouveaux enrichis bourgeois au 18ème). Séparation entre art « productivité artistique » (265) et culture, par l’activité, nouvellement commerciale, de la valeur, d’échange – « référence utilitaire et fonctionnelle » (269). La thèse est que dans la tâche [toujours, ce souci philosophique allemand – celui de la Bildung ? De Humboldt à Benjamin] de la tradition, tâche de « découvrir le passé pour notre propre compte » (262), « la société de masse nous entrave bien moins que la bonne société cultivée […] Ce serait vraiment malheureux si des dilemmes et des distractions de la culture de masse surgissait une aspiration totalement injustifiée et vaine pour un état de choses qui n’est pas meilleur, mais seulement un peu plus démodé. » (ibid.)
La culture : consommation des œuvres, ce « métabolisme de l’homme avec la nature » (Marx, 263). Fraîcheur et nouveauté les valeurs [– Beckett, les tableaux n’étant pas des saucisses…] ; « la culture se trouve détruite pour engendrer le loisir » (266) ; pillage (265) des œuvres par la consommation.
Définition de l’art, de l’œuvre, en creux alors : ce qui survit [Benjamin à entendre ici, autrement ?] et perdure ; ce qui fait une tradition (« le fil de la tradition », 262) et une « beauté qui transcende tout besoin » (267); ce qui fait un objet, dans la réalité, et un monde – aux sens conceptuels forts de la phénoménologie heideggerienne, si je ne me trompe. Comme quoi la critique de la « culture » ne produit une pensée de l’art que sous des conditions extrêmement précises. Arendt met en tension « vie » pour désigner le milieu du loisir et de l’existence sous-politique, et « phénomène du monde » et « objets » pour la culture, comme milieu du politique. Les « hommes » d’un côté, « le monde » de l’autre, survivant au « va-et-vient des générations » (268). La mondanité : fabriquer et créer un monde. La mondanité, l’apparaître. « Prendre en souci un monde et des choses ».

II. question de philologie : étymologie de « culture », concept romain, agriculture, cultura animi chez Cicéron : « tendre souci ». 271. Pour traduire la paideia grecque. La fabrication ingénieuse dans l’art grec, contre le labour paisible romain, soin de la terre et de la demeure. « Aménagement de la nature en un lieu habitable pour un peuple » 273. Pb de traduction : le goût (280). Humanitas, comme culture, est d'origine romaine (286) ; marqué par cette culture, et l’histoire philologique depuis, « fil de la tradition ». Pb de traduction de l’exemple romain du goût comme activité politique 287. [HA dit « faculté politique », dans « les actes et les discours » - c’est moi qui pousse jusqu’à « activité ». Plus tard, elle/B. Cassin débouchent sur "les activités politiques"]. Histoire des peuples et histoire culturelle : « les Romains – le premier peuple à prendre la culture au sérieux comme nous » 288. (who is that? Les Grecs d'Heidegger déjà germanisés. Voir la différence)
Périclès : la formule défie la traduction. « Nous aimons la beauté à l’intérieur des limites du jugement politique, et nous philosophons sans le vice barbare de la mollesse ». 274. « Mollesse » comme sur-raffinement de la culture ; philosophie comme « savoir-viser », « savoir-juger » : le goût. "Ce juste amour de la beauté".
L’Antiquité se méfie des faiseurs et fabricateurs : les Grecs avaient « banausique », pour philistinisme. « La mentalité de la fabrication » (277) s’oppose à « l’activité véritablement politique – actes et discours » 278. Parce que fonctionne par fin prédéterminée, et donc par simples moyens. Athènes, contrairement à Rome (artistes non politiques), garda le conflit vivant, tendu, entre politique et art.
L’élément commun à l’art et à la politique : phénomènes du monde public. « La culture indique que l’art et la politique, nonobstant leurs conflits et leurs tensions, sont liés, et même en mutuelle dépendance » (279).
Le plus fort dans la philosophie politique de Kant : l'analytique du beau (et non la raison pratique : agir comme pour loi générale). "La pensée élargie" : penser réclame la présence d’autrui. Le sens commun : monde commun. Ce « partager-le-monde-avec-autrui se produit ». Tout ce contraire du « de gustibus non disputandum est ». « Le caractère public de la beauté » 283.
Question de l’aristocratisme du goût : mais le jugement de beauté libère la personne « des idiosyncrasies purement individuelles » [« les hommes » donc], « dans le domaine de l’acte et de la parole, càd dans l’espace politique en termes d’action."
L’humanisme (286) : on débouche donc sur une éthique, pour répons à la « crise » : la « tâche » du philologue, comme penseur du politique (du rapport culture-politique ; de la culture comme rapport de liberté. Cette liberté est kantienne, malgré son culturalisme). Comme la « culture », il est d’origine romaine, humanitas. Point de repos de l’essai : « le goût est la faculté politique qui humanise réellement le beau et crée une culture ». ex : goût > vérité (287). Question de liberté, question politique décisive romaine : « je refuse d’être contraint même par la vérité, même par la beauté » 288. Cet humanisme, résultat de la cultura animi, a pour tâche d’être l’arbitre et le médiateur entre les activités purement politiques et celles purement fabricatrices » [ ?]. "En tant qu’humanistes, nous pouvons nous élever au-dessus [ ?] de ces conflits entre l’homme d’Etat et l’artiste, comme nous pouvons nous élever jusqu’à la liberté, par-dessus les spécialités que nous devons tous apprendre et pratiquer » (« spécialiste », ce que n’est pas l’humaniste, vérité contre goût, 287). Notre goût librement. « une personne cultivée devait être : quelqu’un qui sait choisir ses compagnons parmi les hommes, les choses, les pensées, dans le présent comme dans le passé. » (les derniers mots de l'essai, 288)

Et avec ça on a répondu à la crise de la culture, signalée par l’alerte sur la culture de masse, la culture consommation-née, commodified ? Programme d’un humanisme ; reprendre la médiation entre art et politique, [par la philologie, ici agissant comme moyen et non thématisée comme le moyen du programme], par l’exercice commun, et producteur du commun, du goût. Par l’étymologisme, qui refait les fils de la tradition, en rappelant l’histoire politique des peuples et des traductions.
Le problème - la tâche - d'Arendt est de déterminer le lieu-milieu du politique, et sa possibilité contemporaine. Aussi, de délimiter la philosophie, sur ce chemin. Voir Arendt passer par la philologie, pour faire ça. Et par la "tradition", où ils sont nombreux et puissants à passer avec elle - Heidegger Gadamer (déjà retravaillant toute la philologie allemande depuis le romantisme -cette continuation très particulière des humanités gréco-romaines), puis Ricoeur etc.

La tâche, bien entendu, a une tonalité dramatique, liée à l'histoire de l'Allemagne dans la deuxième moitié du 20ème siècle. C'est aussi le drame, philologique, de Auerbach, de Klemperer - d'autres que je ne connais pas ? Peut-être aussi, un pli supplémentaire, pour ces trois, qui est la conjonction de la culture juive de la culture et des textes, et celle de la pensée de la culture-et-nation de l'Allemagne, ou la Prusse, protestante des Lumières.

L'Europe pour une théorie de la culture

Valeurs et cultures en Europe. La Découverte, sept 2007. Olivier Galland (sociologue : les jeunes dans les sociétés européennes, les systèmes de valeurs en Europe) & Yannick Lemel (INSEE ; structures sociales inégalitaires, modélisation sociologique des comportements individuels). Etonnante surdité occidentaliste, mais utile mise en écho des travaux nombreux et mutuellement réverbérants, se formant en une problématique contemporaine (étonnamment américaine, et anglaise, sur la question de l’Europe – 1. comme si c’était leur question, une question qui les met en question, et 2. les chercheurs français, sociologues culturologues et historiens, sciences sociales, à l’écoute de, nécessairement attentifs à, ceux qui parlent dans le travail de pensée anglo-saxon. Anglo-saxon Theory, alors). Un intérêt contemporain pour la question de l’Europe, et de la culture, de la nation, et dans le supra-national, ou trans-national (ce rapport). Culture et civilisation.
C’est avec la construction européenne, en regard des Etats-plus-anciennement-Unis ; et c’est avec la question de la « civilisation », chargée du problème des rapports postcoloniaux entre l’Europe impérialiste et l’ « Orient » décolonisé, ses crises politiques et culturelles, et émigrationnelles et diasporiques. The Clash of, et la GWOT.

L'Europe, question d'application, terrain disciplinaire - comme l'Amérique Nouveaux Mondes l'a été, l'Afrique Continent Noir, pour l'ethnographie et l'anthropologie ; comme la zone indo-européenne pour la linguistique et la paléo - , pour une théorie, une série de théories, sur la culture et la civilisation. Pour la philologie, aussi : dans sa filiation décalée, par la traduction, de l'Antiquité gréco-romaine et ses philologies. Histoire de l'Allemagne et du romantisme, histoire de la Révoluion française : ces événements européens. La Renaissance, avant ça, naturellement.

La république contre le pouvoir du parler

Le Régime politique de la Ve république : Bastien François, La Découverte, 1998 et repris, pour 3ème édition, en février 2006. Contextes de constitution : 1958, question et crise coloniales. Caractéristique : présidentialisme, à un degré exceptionnel parmi les démocraties occidentales. Installée contre le « régime des partis » (de Gaulle, avec l’ironie que l'histoire les réinstalle, autrement que prévu) et le parlementarisme de la IVème, « verbocrate » (6). Pour un régime fort et centralisé, protégé contre les mollesses et indécisions de la IVème, soutenu par le Conseil constitutionnel ; l’ambiguïté de contrôle gouvernemental entre Président et Premier ministre ; et la nouveauté de la technocratie – Giscard sa première incarnation, ce n'était pas prévue, et le Plan. Tout concourant à une rupture, progressive dans l’effet structures institutionnelles sur la culture, entre élites gouvernementales et représentation populaire. Quelle démocratie là, donc ? Et pourquoi la question n’est-elle pas posée, plus sensiblement, vigoureusement, depuis…, et malgré les appels sans beaucoup d’échos à une VIème ? C’est une question majeure de « penser à gauche aujourd’hui ». Commencer par là.