mercredi 23 janvier 2008

Humboldt, pour voir les sciences européennes

La Sprachstudium de Humboldt, qui marie intimement l'étude (comparée) et l'humanité comme culture de l'esprit (chacun de ces termes est un galet spécifique marquant un mode théorique propre, un envisagement de l'anthropologie - à prendre chaque fois avec une écoute soigneuse, et attendre de voir se mettre en perspective les effets étonnants, "influence" et "incidence", "formation" et "production", de leur dynamique conceptuelle, et donc critique), fait voir les "sciences humaines", formes du savoir, situées dans leur histoire avec un relief découpé net, comme, par exemple, des sciences européennes. Humaines en ce qu'elles sont, sur l'humain, le produit totalement (la totalité aussi est un concept de Humboldt, spécifique, qui cultive une distinction dans la simple grammaire épistémologique, en le rattachant à la spécificité naturelle de l'humain : la culture, l'esprit, Bildung, Geist) situé de l'humain, nécessairement dans l'histoire tressée multiple de sa culture, héritée et en invention - ce tressage encore.
Geist est transcendental et kantien et n'est pas transcendental et critique du kantisme.
L'étude (comparée) est consubstantielle à l'esprit, qui est action culturelle, dialogique, en rapport d'étranger (d'influence). La Sprachstudium expérimentée se sait, plutôt confortablement (c'est doux, Licht und Wärme souligne Trabant ; mais c'est aussi en fragments, en histoire cahoteuse de publication), travail dans le vivant d'une culture - l'allemande des Lumières et de "l'influence" greco-romaine et, plus récemment, orientialiste (F. Schlegel, Sur la langue et de la sagesse des Indiens, 1808).
Ce que sait une nation, une individualité humaine (personne, groupe, nation, langue, indifféremment). Une vie de savoir. Humanité et anthropologie. Et savoir-culture, savoir- nation, qui est un autre point de vue sur le savoir-pouvoir.
Il y a la notion d'homme rationnel, homo sapiens et anthropologie (la philosophie, en l'occurence, dans sa situation) de la Raison, kantienne ou plus largement des Lumières. Mais il y a, bien à Humboldt, l'étude comme non-philosophie, ou comme synthèse de la philosophie avec la caractéristique empirique des langues ; "étude comparée des langues" et de "l'influence".
Le savoir des langues, et le savoir des langues, donc.
(Ces théoriciens d'ensemble, qui font qu'on doit emmêler les "phrases" et "périodes" - jugement de Steinhal sur Humboldt le mauvais phraseur, le philosophe qui pose la question de la phrase -, Benveniste, Meschonnic, Saussure qui essaie et essaie et reprend, Woolf qui cherche et essays...)

L'épaisseur philologique de l'Europe. L'Europe comme histoire culturelle (et histoire des savoirs, ses modes, ses formes ses institutions). Là, le rapport entre politique et culture, et directement la question de l'université. Je chercher toujours à trouver la pointe de la question qu'il y a à dégager du champ problématique général du séminaire Diversité des langues de cette année : l'Europe, quelle 'société de la connaissance'.

Je note : AM Helvétius, VP du Conseil scientifique de Paris 8, prend "culturel" comme mot fort, mot de force, bannière pour polariser une résistance critique des sciences humaines, et pour une lutte d'identité scientifique pour Paris 8. Choix un peu intempestif, intéressant, un peu vacillant peut-être - plus intéressant que les termes des "défenses", qui bourgeonnent un peu languissamment ici et là. Extrait du CR du conseil du 17 janvier 2008, après rapports d’activité des Ecoles doctorales pour 2006-2007 :

À l’issue d’une discussion faisant suite aux rapports des directeurs d’Écoles doctorales, la Vice-présidente propose que le Conseil scientifique réaffirme son attachement à la mission culturelle des universités, conformément à leur statut d’Établissements publics à caractère scientifique, culturel et professionnel (EPSCP). A ce titre, les études doctorales en particulier ne se limitent pas à leur dimension professionnelle, mais peuvent aussi avoir une vocation culturelle, spécialement pour les personnes salariées ou retraitées.

Aucun commentaire: