jeudi 26 juin 2008

Les concepts qui nous gouvernent

Il s'agit de rentrer mieux - c'est infini, puisqu'au-delà d'une cartographie qui est encore entièrement à faire pour moi, il y a le milieu de l'histoire, et ses mobilités - dans l'épaisseur de cet embrayeur culturel des savoirs qui déterminent les décisions de policy, et les tendances historiques de la "société civile", où les poids des conditions matérielles etc. font ballast vers des tipping ou des interties stabilisatrices ou des accélérations inattendues. La résultante de ces forces étant le milieu de la vie hic et nunc.
Soif de plans d'imagination conceptuelle des disciplines : sciences sociales et historiques, sociologies des savoirs et des pouvoirs, histoire des disciplines et des modèles de scientificité avec leurs rapports à leur société et du génie national à la géopolitique culturelle, La Suite dans les idées sur France Culture me fait un goutte à goutte d'initiation, Christophe Charle rentrant dans le détail stratégique du champ social universitaire de la Troisième République fournit des dénouements d'enjeux qui font sourire de bien-être, ces lucidités : les frottements locaux, les différenciations des champs (Paris/province, sciences/lettres, étrangers et femmes, critique littéraire/scientisme littéraire, principes intellectuels/usages sociaux des carrières et des prestiges etc.). Michel Espagne à entamer, sur les disciplines de l'étranger et "les Philologiques".

Concepts qui nous gouvernent : il y a un noeud de contributions, des sciences et de la culture (lenteur inertique, chorale, de l'histoire), de l'idéologie, et des forces politiques qui poussent par le bas en tecthonique. Ces synergies à sentir, et trouver des angles de perspective qui permettent d'en dire le jeu, et d'en mesurer les forces, les enjeux, les horizons.
Les sciences universitaires, et celles des Ecoles spéciales : ingénieries des matières et des valeurs, jusqu'à l'Administration. Je pense à l'émission de la Suite dans les idées consacrée cette semaine à la construction européenne et aux savoirs de sciences sociales qui la poussent : sont engagés les questions des lieux et statuts institutionnels de la pensée du social aux Etats-Unis, en tant qu'elle donne le la (think tanks en premier lieu, par exemple contribuant par millieurs de chercheurs à l'Association d'Etudes européennes - et le relais des lobbies ou ONG), et traditionnellement les juristes européens, puis les sciences politiques (tournant européen des cursus à l'ENA, à l'IEP de Paris), puis le travail de détermination des policy makers, commissions et experts et rapports et auditions et délibérations, et des parlements (partis, donc, et relais politiques, syndicats, associations, professionnelles et "civiles" etc.) - c'est une rencontre et un noeud de malentendu, de relais conflictuel, où se joue un présent culturel large.
Il faut embrasser cet ensemble. Et les grands pans invisibles des institutions non publiques, alternatives, grises - réseaux de l'argent, de l'influence (privée et de "société civile", pousse des ONG depuis les années 80), de la lecture, des réunions, des usages au ras de l'humain et ses traînes d'histoire. Rouages, usages des rapports.

Toujours : pourquoi ces savoirs sont-ils si obscurs ? C'est une formation à ça qui est cruciale.

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