jeudi 28 février 2008
Agenda # 3 - Europe société de la connaissance
La société de la connaissance, l'économie du savoir, le capitalisme cognitif, les disciplines et la scientificité. Le savoir-pouvoir. Ces points d'accroche, et de spécifications, par le dialogue.
Dans "La Loi LRU dans une perspective européenne", C. Charle repère bien "la croisée de plusieurs courants de pensée" dans les 15 dernières années : la théorie du capital humain (l'enseignement supérieur comme investissement) ; la théorie de l'économie du savoir (la LRU permettant de "renforcer l'exécutif universitaire au détriment des souhaits des enseignants-chercheurs qui prétendent maintenir leur autonomie intellectuelle par rapport à cette demande sociale externe. C'est tout l'enjeu des rapports de pouvoir contenus dans la LRU" (2) ; la vision française et européenne du "modèle américain" ; le "processus de Bologne" de 1999 (dimension intellectuelle sociale et technologique de la construction européenne, formation des citoyens du 21ème siècle, libre circulation des étudiants et enseignants, élévation du niveau de l'enseignement supérieur européen "pour lui donner ses chances au niveau mondial", résume C. Charle), transformé-déplacé ensuite, si vite, dans la "stratégie de Bologne", 2000.
Les rapports de force : "une lutte entre deux conceptions de l'université", mais aussi, plus pénétrant encore, par complexification (vivant tous dans la situation, il n'y a pas de gentils), pour la France et l'Italie : "leurs élites économiques et scientifiques sont fascinées par le modèle américain, mais leurs élites politiques et administratives sont divisées sur la gestion d'un héritage historique très lié à un rôle central de l'Etat dans l'éducation".
Question d'une approche, par la poétique, du complexe de savoir-pouvoir.
Voir aussi : Husserl, La Crise des sciences européennes, et reprendre par Les Mots et les choses une bonne fois.
lundi 25 février 2008
Stratégie, et rapport de science - Foucault
Dans l'étude du "néolibéralisme contemporain" - et faire le cours du Collège de France, Naissance de la biopolitique donc, en 1978-1979 situe fort. Après, on aura "la décennie", "le grand cauchemar des années 1980", Cusset -, voir à l'oeuvre les coups de force spéculatifs des théoriciens de l'Ecole de Fribourg, les renversements de perspectives. Voir, précisément, comme ils se construisent un "champ d'adversité". Former un point de débat, placer les positions et les positionnés, régir l'échiquier et les mouvements, et maîtriser, naturellement, le jeu. En montrant d'ailleurs que les questions (le rapport liberté économique et politique étatique) relèvent d'un jeu formel plutôt que d'une nature donnée : ce pli.
Le stratégique, c'est faire l'analyse du stratégique, politique et théorique, de ces gestes de "néo". Et suivre, apprendre, la pragmatique politique qui s'y compose, dans un rapport inédit, encore un, entre savoir et praxis. Le "néolibéralisme contemporain" offrant le visage d'un nouveau cas dans la série historique des configurations du savoir-pouvoir. D'où découle la question, actuelle (presque 30 ans plus tard), du capitalisme cognitif. La prise se fait depuis une critique de tout saint-simonisme, ou social engineering ; rationalité de gouvernement. Et dans le champ d'influence, pour ce qui concerne une technique épistémologique, de Husserl, sa Crise des sciences européennes (posth., mais autour de 1928 je crois), et l'articulation entre structure formelle et conditions.
Saint-Simon : remédier à la crise ouverte par la Révolution (Naissance, note, p.133), Du système industriel, 1821 : "refonte générale du système social", substituant le "système industriel", fondé sur la domination des industriels et des savants et organisant toute la société en vue du "but industriel", à l'ancien "système féodal et militaire". Comte lié au mouvement, marqué en 1824. Rôle du saint-simonisme dans la politique coloniale de la monarchie de Juillet, chemins de fer, canal de Suez. Critique par W. Röpke, dans Civitas Humana, ou les Questions fondamentales de la Réforme économique et sociale : capitalisme, collectivisme, humanisme économique, Etat, société, économie, 1944 :
"Le succès de cette école provenait du fait suivant : on tirait du scientisme [il y a la dimension du positivisme, à faire jouer dans cette généalogie] les dernières conséquences pour la vie sociale et pour la politique et l'on parvenait ainsi au but inévitable en cette voie : au collectivisme, qui transporte, dans la pratique économique et politique, l'élimination scientiste de l'homme. Sa gloire fort contestable, c'est d'avoir créé le modèle d'une conception du monde et de la société que l'on pourrait appeler l'éternel saint-simonisme : l'état d'esprit mécanique-quantitatif même de l'hybris scientifique et de la mentalité des ingénieurs, état d'esprit de ceux qui unissent le culte du colossal à leur besoin de se faire valoir, qui construisent et organisent l'économie, l'Etat et la société, suivant des lois prétendument scientifiques avec le compas et la règle et qui, se faisant, se réservent à eux-même les premières places au bureau."
Ecole de Fribourg et Ecole de Frankfort : en rapport autour du weberisme : correction de Marx. Et du rapport des sciences sociales (économie, politique, histoire, société) au social et au politique.
Bien sûr le politique n'est pas seulement d'Etat, ni de gouvernement. Reste ce qu'on ne saisit grossièrement que avec la notion de "société".
Le stratégique, la question de la stratégie, comme complexification du rapport de science. Deleuze et Guattari partent avec leur concept comme machine de guerre. Et la question du positionnement par rapport à l'histoire : historicité, milieu, plutôt qu'organisation prévision. Savoir et faire, pratique (et rapport de pouvoir). Qui reprend encore, décale, le rapport libéral classique du laisser-faire - il est néo-libéralisme en ce qu'il produit, activement, délibérément ; il y a un savoir à composer de ça, et une pratique de savoir et des institutions, des agences de savoir, neuves à instaurer. D'autres à dé-composer. Par le geste de la création d'un plan conceptuel et idéologique spécifique : champ d'adversité, où se compose une collusion polémique entre tous les interventionnismes d'Etat, du keynesisme au nazisme. Champ d'adversité et polémos. Offensive. Une pratique qui tire pouvoir, conceptuel & idéologique, du conflit. Question de la force des idées.
Puis, une industrie, au développement parallèle foudroyant, du conseil et produit cognitif - qui est à déconfondre du technocratisme.
dimanche 24 février 2008
Culture, institution - université
. la loi Edgar Faure de 1968 pose une régime juridique du type "établissements publics", qui installe une dimension d'autonomie, par rapport à l'université républicaine. Dans la loi de 1896, les universités étaient (Renaut, Les Révolutions de l'université, 262) des "établissements publics administratifs", regroupés par "facultés" sous l'autorité du recteur d'Académie, tutelle stricte. La loi Faure crée un nouveau statut : "établissements publics à caractère scientifique et culturel", dotés d'un statut dérogatoire, avec une plus gestion plus libérale, par rapport au droit commun des établissements administratifs. La Loi Savary de 84 ajoute "et professionnel" (EPSCP).
L'ensemble est régi par l'article 34 de la Constitution, sur les établissements publics nationaux (dont aussi, ceux à caractère industriel et commercial, les ports autonomes, l'INA, anciennement la Poste et EDF, les CNRS, le Palais de la Découverte...) - qui sont posés comme "personnes morales de droit public assumant une mission spéciale et disposant pour cela d'une autonomie administrative et financière". Autonomie limitée par "tutelle" : un représentant du pouvoir exécutif est chargé de sanctionner actes et personnes - ministère des Finances, et ministère technique de rattachement.
Noter l'état du rapport d'autonomie, droit public et sous tutelle, dans la législation de 84, soit celle que restructure la loi de 2007 : la pratique a allégé certaines zones du contrôle, histoire de jurisprudence. Le recteur, représentant le MEN, dans ces dispositions pré-LRU, a accès au CA, sur un mode proche de ce qui s'applique aux collectivités locales : faculté en principe reconnue d'auto-organisation, pouvoirs en matière pédagogique et scientifique ; possibilité de vendre et commercialiser des biens culturels, créer des filiales, prendre des participations dans des sociétés, être maître d'oeuvre pour la construction universitaire ; le contrôle administratif portant pratiquement uniquement sur la légalité des décisions plutôt que sur leur opportunité. La dépendance financière restait, et était même renforcée par la loi Savary.
Agenda #2 - anomie
Je peux commencer à décrire en effet ce que je vois depuis cette fenêtre. D'expérience, d'observation, de terrain. Quotidien. A faire.
Y compris la difficulté de ne pas se tromper, c'est séduisant facile, sur le rapport entre les irritations interpersonnelles les déceptions et impatiences professionnelles [: je crois que je viens d'une non-histoire, un roman de socialisation, roman social], et le plan politique. Ils ont maille à partir.
samedi 23 février 2008
Lois instituant les universités - France
- Loi 1896 (Falloux) - une présentation par Justine Martin de la législation 1885-1896, dans l'Observatoire européen des politiques universitaires (Paris-Sorbonne, soit P4). En 1875, il y avait eu la loi sur la liberté de l'enseignement supérieur.
- Loi 1968 (Faure) - une présentation par Alain Renaut
- Loi 1984 (Savary) - une présentation par A. Renaut
- Loi 2007 : Pécresse LRU.
Bon, tout le travail a été fait, bien et large, par l'Observatoire européen des politiques universitaires, donc. Instance à connaître donc, qui a le statut d'une EA. Créée par Alain Renaut en novembre 2004, avec le soutien (subventionné, postes) de la Direction de l'Enseignement Supérieur.
Petit manuel de critique pratique
Gramsci - et "la longue marche à travers les institutions".
Think tanks alternatifs - et les Rapports
. L'ARESER, Association de réflexion sur les enseignements supérieurs et la recherche donc, créée en 1992 avec Bourdieu dans l'équipe - site, blog, bulletins... Christophe Charle, Charles Soulié, Daniel Roche, Frédéric Neyrat...
. QSF : Qualité de la science française. A situer. A. Compagnon, par exemple.
. ESPER??
Notes de l'AG de ce jour :
. étude de C. Soulié sur la démographie étudiante, globalement en recul pour l'université, qui prend une part décroissante dans l'ensemble du supérieur, les autres secteurs - écoles d'ingénieurs, écoles de commerce, grandes écoles et prépas, IUT, mais à l'exception des IUFM - se développant, au contraire. Variations selon les disciplines à considérer. Problème de la collecte des statistiques pertinentes, catégories qui soient stables dans la durée pour une vue chronique, et dissémination des marqueurs (par exemple, la catégorie discipline se fondant par l'exercice réactif prévisible de la propagation des formations pluridisciplinaires : les thématiques, arasant les disciplines) alors même que se reconfigure un nouvel instrument, décentralisé, instrument de "l'autonomie" : les indicateurs.
. jalons proposés par F. Neyrat sur la série des Rapports sur l'enseignement supérieur et la recherche, qui procèdent par ressassement et installent, coup après coup, un consensus sur diagnostic et solutions pratiques :
- Rapport Education et croissance : AGHION Philippe, COHEN Elie. Conseil d'analyse économique. Paris, La Documentation française, 2004, 144 pages.
Le rapport rappelle que l'éducation influe de diverses manières sur la croissance économique ; il met en valeur l'impact du niveau de développement économique et remarque que la France a un système éducatif moins adapté à l'innovation et aux nouvelles technologies que les Etats-Unis. Il apparaît que ses performances dans le secondaire sont dans la moyenne des partenaires de l'OCDE, que la massification et la démocratisation des universités donnent nombre d'échecs en DEUG et que les universités pâtissent d'une faible sélection. Le rapport présente par ailleurs les spécificités et l'évolution du modèle universitaire français et propose trois scenarii pour réformer l'université : évolution "au fil de l'eau", rupture ou réforme incrémentale. En conclusion sont présentés les commentaires de Jean-Hervé Lorenzi et Michel Mougeot ainsi qu'un résumé en français et en anglais. - Rapport Espéret - (2001, Commission instituée par Jack Lang, Ministre de l'Education nationale, Eric Espéret étant président de l'université de Poitiers) - les 1600h. Analyse de Charles Soulié (liée à celle des Rapports Supiot et Fréville) dans le blog de l'ARESER.
- Rapport Belloc - (2003, Luc Ferry ministre, Bernard Belloc président de Toulouse 1 Sciences sociales). "L'essentiel des propositions" (nombreux sites qui gardent la trace des mobilisations des Etats Généraux et des Assises de la recherche)
- Rapport Attali 1998 - le 3/5/8. "Pour un modèle européen d'enseignement supérieur".
- Rapport Attali 2008 - Libérer la croissance
- Rapport de la commission Schwarz - attendu, (en retard), sur le métier d'enseignant-chercheur
- Rapport commission D'Aubert (article SLR, de Henri Audier)- attendu, (en retard), sur la refonte du CNRS et l'intégration des chercheurs dans l'espace universitaire
- ajouter naturellement la loi LRU d'août 2007, le Plan licence tout nouvellement annoncé (décembre 2007 ?), le rapport sur les flexiprofs du secondaire : Rapport Pochard, "Rapport sur la redéfinition du métier d'enseignant" (février 2008)
Qu'il y a une sociologie à faire de ces commissions, de ces experts, de leurs situations et de leur coterie. Une trentaine de personnes, qui ont maintenant une dizaine d'années de carrière sur ces questions : une étude est faisable. Les figures de l'économiste expert (Lorenzi?, points de vue des coût/avantages, et le modèle de l'école néo-classique), et de l'énarque, conseiller d'Etat ou Inspecteur général - leurs liens troubles et leurs conflits d'intérêts avec l'université, y ayant un pied comme professeurs invités, par exemple, dans le cas de Schwartz et Jean-Richard Cytermann. Monteil (1er président de la CPU, recteur, puis à la direction centrale, et maintenant grand évaluateur), Espéret, Belloc (économiste, maintenant conseiller de N. Sarkozy sur l'enseignement supérieur).
Retourner l'expertise. Evaluer les réformes ; produire les bilans des effets dans les universités ; définir des marqueurs et catégories ; y compris en montrant comment les critères, par exemple de Shanghaï, performent une situation et un consensus. Faire remonter l'analyse et l'observation. Ce que peut faire un groupe de réflexion, travail critique.
Propos, aussi, sur la question de la médiatisation. Et de l'articulation avec les autres mobilisations : SLR, QSF, l'ex-commission du PS, etc. Dont les syndicats. La question est, plus radicalement, celle actuelle de la situation des médiations, et des embrayages de la représentation. La parole publique, le débat public.
jeudi 21 février 2008
Coetzee
L'étrange séjour que je vais faire ce semestre, ayant staked out un espace Coetzee pour un cours. La vie avec cet ovni, mobile, un semestre. Being his man.
mercredi 20 février 2008
Université, culture, universel - et Dakar
1. c'est un Alain Renaut qui peut représenter le centre de gravité des discours sur l'université et la culture (la Culture), mission culturelle de l'université, etc. Les Révolutions de l'université, p. 246 : "Ce pourquoi le correctif susceptible d'être apporté à la logique multiversitaire [soit : la perpesctive de Kerr, l'université "station-service"] par la décision (politique) de reprendre au sérieux la perspective d'une fonction culturelle de l'Université, parallèle à sa fonction 'professionnalisante', m'apparaît aujourd'hui si important pour son avenir - notamment dans un pays où une part au moins de la fonction 'professionnalisante' est assurée hors de l'Université." Soit : Grandes Ecoles.
La question de l'autonomie, que Renaut reprend en long et en large historiques, se coagule au bout du compte pour lui dans le néo-kantisme attendu, mais néanmoins intéressant à voir développé sur ces questions - puisqu'il indique des plans dans le noeud actuel des discours, follow the dots : l'autonomie est une valeur, autonomie de l'université par rapport à l'Etat, par rapport à la "société", autonomie interne des disciplines pour une uni-versité (organisation interne et externe : Renaut reprend la distribution des problèmes que proposait Humboldt). Mais c'est à lier, pour Renaut, avec la notion cruciale du sujet autonome, sujet de la culture en tant que sujet de la raison. D'où les positionnements très significatifs dans sa présentation de la "révolution culturelle" de l'université américaine PC, qui s'est développé, au-delà de 1995 date du livre, en les culture wars. Point d'aboutissement : "Avertissement inquiétant [que nous donnent les situations américaines] aussi, dans la façon dont la révolution culturelle de l'Université américaine témoigne que même la survie désillusionnée de l'exigence uni-versitaire d'une unité du savoir ["références partagées"] sous la forme d'une contribution assumée à la culture générale peut se voir menacée par d'autres formes de décomposition de la culture générale que celle induite par la culture du professionnalisme". Right : c'est la société, qui n'est pas faite de sujets autonomes, sujets de la Raison, mais presse et tire selon, en effet, "les groupes" plutôt que les "individus". Pas l'individu devant l'universel et le sens communis nourri de culture générale, mais en effet le sujet, dans ses blocs, historiques, labiles, problématiques. Eventuellement : virtuels. Question de vitesse.
2. le chapitre sur le cas américain, qui est aussi celui qui regarde la question de l'université démocratique (comme alternative à la corporatiste médiévale, la culturelle des Lumières allemandes, l'impériale française [absente], la républicaine), se clôt de manière inattendue sur Léopold Senghor. Comme réponse, écho, à la description clairement dénonciatrice de la tendance du politically correct, son relativisme des cultures, sa pratique des minorités. Oui le kantisme arrive au pied de ce mur-là : la diversité des cultures, et la dynamique de dominations symboliques. Puisqu'il n'y a pas d'individus, pas de cette neutralité rationnelle, transcendentale, de la Culture, pas de "paix perpétuelle" (Kant, 1795), pas de vide de détermination dans la politicité. Humanisme anti-"anti-humanisme" de la pensée 68 (Ferry & Renaut, Essai sur l'anti-humanisme contemporain, 1985-1988)
And the beautiful little irony of it : un discours de Dakar.
Senghor, discours honoris causa à Strasbourg en 1964 : l'universitas comme universum, l'universel et les valeurs capables d'universalité; "la fidélité à l'humanisme". Et allocution parallèle, lors de la rentrée solennelle de l'Université de Dakar, décembre 1965 : "l'idéal universitaire" : compréhension de l'universel, et question de la discipline. Que ne relève pas Renaut. Culture et discipline sont bien deux perspectives distinctes, et je sais où je mets la valeur universitaire, pour ma part. "Si, poursuit Renaut présentant Senghor, chaque discipline est certes enseignée 'par les moyens d'une langue, d'une civilisation particulière, celles-ci ne sont que des moyens', mais que 'l'objet de l'enseignement et, partant, l'essentiel', demeure 'la discipline elle-même' : or, conclut Senghor, 'celle-ci transcende la civilisation particulière aussi bien par la généralité de son enseignement que par la fondamentalité de son objet, je veux dire en sa double qualité de discpline fondamentale et de culture générale' ". (246-247)
"moyens" est, peut être, intéressant : médiation, milieu, mode, le comment - forces de la diversité. Forces de la culture, tout autres que celles de la Culture. Mais les problèmes de situation ici sont magnifiquement riches. Senghor, la Négritude, l'ENS, le Sénégal, la littérature et la poésie, la présidence, la Francophonie, etc. Et la comparaison avec le discours de Dakar de Sarkozy (26 juillet 2007) - l'effet est comme une bourrasque de sens.
Position finale de Renaut dans ce chapitre : "c'est de la possibilité ou de l'impossibilité de réarticuler aujourd'hui ce "fondamental" et ce "général" que dépendent, pour une large part, les voies et les impasses de l'Université." Abouchant au problème de la propédeutique généraliste, et posant, par sa négligence même ici, la question de la discipline, qui n'est pas spécialisation, et qui est certaintement l'autre chose que la professionnalisation.
lundi 18 février 2008
Profession à l'université / profession de l'université
Une histoire européenne (le latin comme filet de culture commune, qui fait une université médiévale des villes plus que des nations), allemande, française révolutionnaire impériale et républicaine, victorienne, et américaine entre les répercussions de l'Angleterre coloniale et de la modernité allemande-Gilded Age. Une histoire largement trans-culturelle, parce que profondément culturelle, naturellement.
Un point donc : la distinction que Renaut trace entre professionnalisation et professionnalisme, qui lui sert à dessiner l'histoire de la modernisation dans l'université américaine (puisqu'il n'y en a pas) ; ou disons l'invention de la research university, qui est, par exemple, le point où prennent leur élan les universités super-dominantes actuelles de Harvard et Yale. Comment les grands acteurs de la réforme, Eliot à Harvard (à partir de 1869) et Daniel C. Gilman à Johns Hopkins (1876), ont pratiqué des torsions pragmatiques soudant ensemble les principes du gentlemen's college anglais, culture générale et humanités (type Newman), et ceux de l'université allemande, enseignement-par-la-recherche et Culture - pour répondre richement aux appels à une nouvelle mission, utilitariste, de l'enseignement supérieur émanant d'une société s'étant catapultée dans sa révolution industrielle.
Et la situation de crise à Berkeley en 1964. Un noeud dans l'histoire universitaire, américaine et plus largement mondiale, qui prend en question les forces antagonistes de la formation générale (liberal education), la recherche, et la professionalisation. "Culture ou professionalisation?", pose Renaut en titre de chapitre. Mais la question est complexe donc, plutôt que duelle. Et dedans doit venir jouer le mouvement des Civil Rights, toute la modernité politique des années 60, les mouvements étudiants et les échos transculturels de 1968.
jeudi 14 février 2008
Communication et Lettres
The cultural turn.
mardi 12 février 2008
Techniques de contrôle (dé-)politique
Au moment où mes questions rencontrent les termes de [ comment faire ?], [comment ?], agency, agenda vs delenda, et la réflexion de Gramsci sur le stratégique (éventuellement aussi celle de Deleuze et Guattari, la machine de guerre, la stratégie dans sa distinction avec la tactique, etc. - voir), vivement intéressée par ces armes discursives et discours armés sur l'autre rive. Instruments de la domination. Qui passent par cet étrange moyen de la Eurospeak/movlangue (Taguieff) du libéralisme.
Pour l'éducation, l'OCDE s'est donné pour instrument PISA, et la logique générale de l'indicateur.
Domaines d'étude de l'OCDE - elle-même fonctionnant principalement par l'étude :
- Économie,
- Société (Migrations, Éducation, Emploi,…),
- Gouvernance (Lutte contre la corruption, Gestion publique,…) ,
- Finances publiques (Retraites, Fiscalité,…) ,
- Innovation (Biotechnologie, Technologies de l'information et de la communication,…) ,
- Durabilité (Développement durable, Énergie, Environnement,…).
Publications, en général annuelles, en dehors des "rapports pays", tous les 2 ou 3 ans (pour la France, le dernier date de juin 2007) :
- les Perspectives économiques de l'OCDE (OECD Economic Outlook) binannuel. Il contient les prévisions économiques et des analyses de la situation économique des pays membres.
- les Perspectives de l'emploi de l'OCDE (OECD Employment Outlook) annuel.
- les Regards sur l'éducation (Education Outlook) annuel.
- les Principaux indicateurs économiques de l'OCDE (OECD Main Economic Indicators)mensuel. Large sélection d'indicateurs statistiques.
- le Panorama des statistiques de l'OCDE (OECD Factbook), annuel (nombreuses variables économiques).
- l'OCDE en chiffres (OECD in Figures) annuel.
- l'Observateur de l'OCDE (OECD Observer) magazine à six publications annuelles. site officiel
- Données OCDE sur l'environnement , tous les deux ans.
- Les Perspectives des communications de l'OCDE (OECD Communications Outlook) et
- les Perspectives des technologies de l'information de l'OCDE (OECD Information Technology Outlook) (un chaque année par rotation).
[infos tirées de wiki].
vendredi 8 février 2008
L'Europe de la valeur
. European Standards and Guidelines for Quality Assurance in the European Higher Education Area (2005) - Le Communiqué de Bergen en fait une présentation.
. European Quality Register : mise en place prévue pour 2009.
jeudi 7 février 2008
"Politique de civilisation"
Compte rendu dans Le Monde.
Réforme et think tanks
Le site de l'Institut liste : "Tous les articles" :
Le Nouvel Observateur - 31 mai 2007 : "Sarko fonce sur les facs" - Patrick Fauconnier
Tribune : La Tribune - 12 décembre 2006 : "Réveiller les talents de l'université française" - Philippe Wahl et Philippe Manière
Bulletin Quotidien - 10 novembre 2006 : "L'Institut Montaigne livre ses propositions pour que la France puisse à nouveau prétendre à l'excellence universitaire mondiale"
L'Hemicycle - 25 octobre 2006 : "Excellence universitaire"
Les Echos - 18 octobre 2006 : "Universités : les recettes de Medef... et celles de l'Institut Montaigne" - L.A.
Le Figaro - 09 octobre 2006 : "L'éducation, accélérateur de croissance" - Sophie Fay
L'Express - 05 octobre 2006 : "Campus haut de gamme"
Réformes des métiers de l'enseignement
pour information, concernant l'avenir des concours, sur le site intitulé "la maison des universités" se trouvent les liens vers deux documents, "Professionnaliser vers les métiers de l'éducation et de la formation" et "Certification, formation, recrutement pour les métiers de l'enseignement". Voir le texte de présentation : "La conférence des directeurs d'IUFM, réunie en séance plénière les 5, 6 et 7 novembre 2007, a engagé une réflexion sur la question de la professionnalisation et celle de la formation et du recrutement aux métiers d'enseignement. Elle a décidé de publier ses réflexions sous la forme des contributions suivantes"
mardi 5 février 2008
Humboldt, l'université, le libéralisme
. Essai sur les limites de l'action de l'Etat : version anglais html - The Sphere and Duty of Government (The Limits of State Action), 1792, and 1854 for the British translation. Traduction française 1867, rééditée 2006, aux Belles Lettres (Alain Laurent ed.).
. Humboldt dans le cadre du wiki sur le libéralisme
. wikilibéral.
Politique du savoir
On peut noter pour commencer les deux premières des "20 décisions fondamentales" (pp. 250-252) :
Pour lire le Livre vert sur l'évolution du métier d'enseignant, ou Rapport de la commission Pochard (daté de janvier 2008), rendu aujourd'hui à Xavier Darcos, voir le document téléchargeable (271 p.) sur le site du Ministère de l'Education.Ambition 1. Préparer la jeunesse à l'économie du savoir et de la prise de risque.
Décision fondamentale 1. Se donner les moyens pour que tout élève maîtrise avant la fin de la sixième le français, la lecture, l'écriture, le calcul, l'anglais, le travail de groupe et l'informatique.
Décision fondamentale 2. Constituer 10 grands pôles d'enseignement supérieur et de recherche autour de 10 campus, réels et virtuels, fixant les conditions d'excellence de l'ensemble du système de formation supérieur et de recherche.
On peut également lire le discours du Ministre, prononcé aujourd'hui 4 février 2008.
lundi 4 février 2008
De la thèse au projet - glissement de terrain
Projet de l'Association Bernard Grégory, petit nom ABG, et motto : "De la thèse à l'emploi". Fondée en 1980, valorisation, insertion. An old hand, donc, à la question posée dans les termes de Chirac au sortir de la crise du CPE, "Université et emploi". Réseau large de partenariats, publics et privés, avec des correspondants dans les établissements. Paris 8 membre. Ces distributions sont à regarder de près ; il faut suivre ces glissements de terrain. Ne pas les laisser unnoticed.
Les formations "Nouveau chapitre de la thèse" sont proposées annuellement, sur examen et sélection de candidatures.
Ces mariages nouveaux, qui viennent break ground et s'étaler sur des espaces frontaliers, troubles, où se dilue la séparation politique du public et du privé - où l'espace du public s'érode et se transforme en quelque chose qu'il est très difficile de voir venir et d'accompagner dans le sens du vivant : par où? Comment connaissable? Saura-t-on le connaître. Il y a un air de piège de tous les côtés ; celui d'une cohérence massive qui rend exagérément méfiant, et un peu (beaucoup) désarmé.
Mots d'ordre du document d'information à l'intention des étudiants : "Valoriser la thèse comme une première expérience professionnelle de gestion de projet" ; "compétences et acquis professionnels mis en oeuvre", le fonctionnement en "entretien individuel d'approfondissement en face à face doctorant / mentor" [ce remplacement, mise sur la touche, du directeur de recherche comme acteur de la formation professionnelle, que la thèse a aussi toujours été - qui rejoint l'ensemble omnidirectionnel du doublage du public par le privé. Noter : le terme familial/moral. On aime ces humanités dans la Modernisation libérale. Ce n'est pas une relation d'enseignement, ni d'encadrement. Le vieux paternalisme d'une politique qui n'a pas de société] ; la formation se clôturera naturellement par une évaluation des formateurs mêmes, ces circuits d'auto-validation maintenant rapidement reconnaissables. On développe un flair.]
Plus en détail : canevas pour une auto-valorisation (cf un relooking, makeover - ces self-making caractéristiques de la subjectivité néo-libérale, success stories etc.= :
"[...] analysez objectivement vos expériences, tirez-en les enseignements utiles à la valorisation de vos compétences et savoir-faire personnels [...].
"Déroulement, gestion et coût de votre projet", "conduite du projet" [la thèse est devenue, dans l'opération de doublage, projet - le mot seul valorise, performativement.] ; "Evaluation et prise en charge du coût de votre projet - temps passé, salaires et coûts, y compris charges sociales, coûts d'infrastructures (bâtiments, fluides, services communs, fonctionnement, moyens matériels [what??])" [il faudrait, alors, que l'individu, toujours plus responsabilisé, soit désocialisé, devienne gestionnaire des "Ressources humaines" de sa thèse, et de toute l'intrication socio-économico d'une thèse, par défaut d'institution - en mettant les institutions en défaut] ;
"Connaissances acquises dans le champ de la discipline et dans d'autres domaines" : le doublage regarde aussi vers la question, institutionnelle, des disciplines, avec leur histoire - détricoter
"Compétences méthodologiques, en conduite de projet, en communication, en négociation" - ben oui, on a fait une thèse.
"Qualités personnelles : créativité, innovation, capacité d'analyse et de synthèse, aptitudes à l'encadrement et à l'animation, rigueur, adaptabilité" - le tableau des qualités semble complet. Et vient se substituer au rapport de thèse.
Contextes d'une (guerre) politique du savoir
Humboldt et l'université
Au fil de la recherche :
- 2006, UNESCO, CEPES : L'Enseignement supérieur en Europe, UNESCO, CEPES (Centre européen pour l'enseignement supérieur - première nouvelle...) - "L'héritage culturel et les valeurs académiques de l'université européenne et l'attractivité de l'Espace européen de l'enseignement supérieur". What yoking! Exactly the point.
- notes de Theodor Berchem, chaire européenne au Collège de France : séminaire 2003-4 sur "L'université de l'avenir, l'avenir de l'université" (all right all right, got it).
- Pierre Buhler sur "Universités et mondialisation", d'après ce que je comprends, publié dans Commentaire Eté 2004, et mis en ligne en tant que "cours en ligne" de Science Po.
- encore un Rapport Attali, de mai 1998 : "Pour un modèle européen d'enseignement supérieur".