Il y a tant à considérer dans la lecture, en temps de LRU, des Révolutions de l'université. Essai sur la modernisation de la culture, d'Alain Renaut (Calmann-Lévy, 1995), que ma seule chance est de commencer par là où ça pousse : un point, au milieu. Et qui est de crise - prévisiblement. (On apprend, graduellement et sans s'en apercevoir - c'est une culture politique qui se constitue - à sentir ces forces de modelage ; ces dynamiques de l'histoire, vie des peuples.)
Une histoire européenne (le latin comme filet de culture commune, qui fait une université médiévale des villes plus que des nations), allemande, française révolutionnaire impériale et républicaine, victorienne, et américaine entre les répercussions de l'Angleterre coloniale et de la modernité allemande-Gilded Age. Une histoire largement trans-culturelle, parce que profondément culturelle, naturellement.
Un point donc : la distinction que Renaut trace entre professionnalisation et professionnalisme, qui lui sert à dessiner l'histoire de la modernisation dans l'université américaine (puisqu'il n'y en a pas) ; ou disons l'invention de la research university, qui est, par exemple, le point où prennent leur élan les universités super-dominantes actuelles de Harvard et Yale. Comment les grands acteurs de la réforme, Eliot à Harvard (à partir de 1869) et Daniel C. Gilman à Johns Hopkins (1876), ont pratiqué des torsions pragmatiques soudant ensemble les principes du gentlemen's college anglais, culture générale et humanités (type Newman), et ceux de l'université allemande, enseignement-par-la-recherche et Culture - pour répondre richement aux appels à une nouvelle mission, utilitariste, de l'enseignement supérieur émanant d'une société s'étant catapultée dans sa révolution industrielle.
Et la situation de crise à Berkeley en 1964. Un noeud dans l'histoire universitaire, américaine et plus largement mondiale, qui prend en question les forces antagonistes de la formation générale (liberal education), la recherche, et la professionalisation. "Culture ou professionalisation?", pose Renaut en titre de chapitre. Mais la question est complexe donc, plutôt que duelle. Et dedans doit venir jouer le mouvement des Civil Rights, toute la modernité politique des années 60, les mouvements étudiants et les échos transculturels de 1968.
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