L'événement, grave, c'est la désolidarisation cette fois explicite entre disciplines. SHS membre coupé du CNRS - la nouvelle, et les réactions, commencent à s'activer ce matin.
Jusqu'ici la solidarité de l'universitaire scientifique, au sens de l'encyplopédisme de l'université humboldtienne, était maintenue, de façade, avec une pratique quotidienne des jeux de domination, déjà bien sentie lors de la première mobilisation de Sauvons la recherche. La coupure d'aujourd'hui est marquante. Comme, tiens, la banquise Nord qui a commencé à se fractionner par grands blocs en dérive.
C'est-à-dire aussi que c'est la notion, institutionnelle (scientifique-sociale), de discipline elle-même qui est attaquée.
lundi 31 mars 2008
mardi 25 mars 2008
Robert Bolano - Nazi Literature in the Americas
Nazi Literature in the Americas, by Roberto Bolano (transl. Chris Andrews). New Directions, 280p., Feb. 2008.
Editor's note :
As with the emergence of W.G. Sebald into English a decade ago, the most exciting new writer to watch is one we're just catching up with: the late Roberto Bolaño, whose ground-breaking fiction defined a generation of Spanish-speaking literature. In between last year's thrillingly meandering epic, The Savage Detectives, and the upcoming alleged masterwork, 2666, comes a small and strange book (but no stranger than the rest), Nazi Literature in the Americas. Presented as a biographical encyclopedia of right-wing writers in North and South America, these short, invented lives are full of the stuff of minor literary scenes and forgotten books, with delusion and creation mixed in equal fashion. Funny, melancholy, surprisingly tender, and--once in a while--erupting into fury, Bolaño spins out tale after tale with the joy of sheer invention and the burden of inescapable history. --Tom Nissley, from Publishers Weekly
The title chosen by Bolaño (1953–2003) for this slim, fake encyclopedia is not wholly tongue-in-cheek: given the very real presence of former (and not-so-former) Nazis in Latin America following WWII, this book, despite being fiction, still had j'accuse-like power when first published in 1996. The poets described herein, though invented, seem—even at their most absurd—plausible, which is the secret to this sly book's devastating effect. And as one proceeds from an entry on Edelmira Thompson de Mendiluce (In high spirits, Edelmira asked for the Führer's advice: which would be the most appropriate school for her sons?) to one on Carlos Ramírez Hoffman (His passage through literature left a trail of blood and several questions posed by a mute), it becomes clear that there is a single witness to all of these terrible figures, one who has spent time in one of Pinochet's prisons and is bent on coolly totting up the crimes of fascism's literary perpetrators. Some readers will recognize figures and episodes from Bolaño's other books (including The Savage Detectives and Distant Star). The wild inventiveness of Bolaño's evocations places them squarely in the realm of Borges—another writer who draws enormous power from the movement between the fictive and the real. (Feb.) Copyright © Reed Business Information.
Editor's note :
As with the emergence of W.G. Sebald into English a decade ago, the most exciting new writer to watch is one we're just catching up with: the late Roberto Bolaño, whose ground-breaking fiction defined a generation of Spanish-speaking literature. In between last year's thrillingly meandering epic, The Savage Detectives, and the upcoming alleged masterwork, 2666, comes a small and strange book (but no stranger than the rest), Nazi Literature in the Americas. Presented as a biographical encyclopedia of right-wing writers in North and South America, these short, invented lives are full of the stuff of minor literary scenes and forgotten books, with delusion and creation mixed in equal fashion. Funny, melancholy, surprisingly tender, and--once in a while--erupting into fury, Bolaño spins out tale after tale with the joy of sheer invention and the burden of inescapable history. --Tom Nissley, from Publishers Weekly
The title chosen by Bolaño (1953–2003) for this slim, fake encyclopedia is not wholly tongue-in-cheek: given the very real presence of former (and not-so-former) Nazis in Latin America following WWII, this book, despite being fiction, still had j'accuse-like power when first published in 1996. The poets described herein, though invented, seem—even at their most absurd—plausible, which is the secret to this sly book's devastating effect. And as one proceeds from an entry on Edelmira Thompson de Mendiluce (In high spirits, Edelmira asked for the Führer's advice: which would be the most appropriate school for her sons?) to one on Carlos Ramírez Hoffman (His passage through literature left a trail of blood and several questions posed by a mute), it becomes clear that there is a single witness to all of these terrible figures, one who has spent time in one of Pinochet's prisons and is bent on coolly totting up the crimes of fascism's literary perpetrators. Some readers will recognize figures and episodes from Bolaño's other books (including The Savage Detectives and Distant Star). The wild inventiveness of Bolaño's evocations places them squarely in the realm of Borges—another writer who draws enormous power from the movement between the fictive and the real. (Feb.) Copyright © Reed Business Information.
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lundi 24 mars 2008
Stratégique du savoir : how does your garden grow
Etonnant - la dislocation de l'institution universitaire pousse et permet un regard particulier, à vitesse de surface, stratégique (je regarde vers Gramsci - l'entreprise est de longue haleine - pour un savoir pratique, une pratique du savoir, au ras d'une intelligence du social), à contre-courant de l'unanimité au national, dont je ne savais pas qu'il poussait déjà - lui moteur souterrain et seul moteur du scientifique, sous ses réalisations institutionnelles et termes en échelle de pouvoir social.
Ce désir de recherche, le laisser pousser, le regarder trouver ses points d'incidence dans le paysage culturel (le dispositif actuel de savoir-pouvoir), qui ne seront pas des points de pouvoir, c'est certain - la situation a ça de clarificateur. Le sentir pousser entre les pavés, pousser les pavés - "sainte croissance" du chiendent. Deleuze toujours opératoire pour ces physiques du concept. Le rapport de pouvoir est tel : il faut le mesurer, et y travailler.
On trouvera une aise à faire de ça son quotidien, tant que la crise n'aura pas éjecté complètement le statut d'universitaire et pas seulement celui-là, en tenant en tête ou sur le bureau jusqu'à l'intime, insinuant, des rouages. Ceux sur lesquels l'ironie médiologique de Régis Debray en 1978 sait donner vue. (Avec, par, une position de parole très située, et de manière bancale, d'où le porte à faux d'un ego déstatué et le ton du ressentiment - car il ne s'agit pas de corruption, pas de morale. Dénier ça ne suffisant pas à l'annuler comme coordonnée des analyses.)
Avec l'ARESER, ce qui motive et mobilise : l'orientation, the training of it, du regard vers les conditions matérielles du savoir-pouvoir. On appellera "transdisciplinaire", mais c'est actif autrement, ce rapport entre sociologie, histoire, et pour moi poétique. Ce point ou pan aveugle est un caractère de l'histoire française. Ce que fait un angliciste, ici, informé (pas plus, mais c'est suffisant pour un travail d'angle) de la théorisation du matériel dans la culture en plusieurs décennies de cultural studies.
Ce désir de recherche, le laisser pousser, le regarder trouver ses points d'incidence dans le paysage culturel (le dispositif actuel de savoir-pouvoir), qui ne seront pas des points de pouvoir, c'est certain - la situation a ça de clarificateur. Le sentir pousser entre les pavés, pousser les pavés - "sainte croissance" du chiendent. Deleuze toujours opératoire pour ces physiques du concept. Le rapport de pouvoir est tel : il faut le mesurer, et y travailler.
On trouvera une aise à faire de ça son quotidien, tant que la crise n'aura pas éjecté complètement le statut d'universitaire et pas seulement celui-là, en tenant en tête ou sur le bureau jusqu'à l'intime, insinuant, des rouages. Ceux sur lesquels l'ironie médiologique de Régis Debray en 1978 sait donner vue. (Avec, par, une position de parole très située, et de manière bancale, d'où le porte à faux d'un ego déstatué et le ton du ressentiment - car il ne s'agit pas de corruption, pas de morale. Dénier ça ne suffisant pas à l'annuler comme coordonnée des analyses.)
Avec l'ARESER, ce qui motive et mobilise : l'orientation, the training of it, du regard vers les conditions matérielles du savoir-pouvoir. On appellera "transdisciplinaire", mais c'est actif autrement, ce rapport entre sociologie, histoire, et pour moi poétique. Ce point ou pan aveugle est un caractère de l'histoire française. Ce que fait un angliciste, ici, informé (pas plus, mais c'est suffisant pour un travail d'angle) de la théorisation du matériel dans la culture en plusieurs décennies de cultural studies.
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mercredi 19 mars 2008
Expertise
Me retrouve ce matin devant le premier lot, avalanche, de dossiers de Masters à ultraexpertiser : je suis curieuse de faire l'expérience des questions que je vais avoir à traverser, pour apprendre une situation, par rapport à l'AERES et ses rapports, aux établissements, à la fonction universitaire, au Ministère, à l'actualité du rapport savoir-pouvoir... Je regarde.
mardi 18 mars 2008
Problèmes de diversité des langues
Trois périodiques se préoccupent, à cette fin d'hiver, de la question de la diversité des langues, comme enjeu géopolitique :
- Manière de voir, n° 97, février-mars 2008 - La Bataille des langues
- Hérodote, n° 126, 3ème trimestre 2007 - Géopolitique de la langue française
- Le Monde de l'éducation, n° 377, mars 2008 - Quelles langues pour demain?
Mailles du transculturel
(ou vertus du postcolonial, suite)
Quelques mailles, qui m'importent :
. ELB me rapporte une conversation avec RY à New York : et la suggestion que le champ de la postcolonial theory est le produit croisé de la French Theory (déjà un fameux hybride, naturellement - Said part de Foucault) et de Indian History (Spivak part des Subaltern studies, elles-mêmes une lecture de Gramsci, si je comprends bien)
. ELB également, fait en séance de travail vendredi une connexion entre la situation actuelle en France, en régime Sarkozy, et l'activisme de déculturation, et le processus qui a mené à la situation postcoloniale - comment un interventionnisme violent, un rationalisme (au mieux...) de social & cultural engineering, a donné des situations comme la Birmanie contemporaine - les chefs de village évincés des maillages et dynamiques sociaux, et remplacés par les officials, militaires, de l'Empire. (Le Civil Service une notion impériale, en Grande-Bretagne, alors qu'elle est républicaine en France).
. Sur Beckett, il y a à travailler par le post-colonial. ELB vers le subaltern : absolutely relevant this. Et déplaçant, bien bousculant, pour une critique française qui revient doucement, naturellement, aux Lettres.
. ELB me rapporte une conversation avec RY à New York : et la suggestion que le champ de la postcolonial theory est le produit croisé de la French Theory (déjà un fameux hybride, naturellement - Said part de Foucault) et de Indian History (Spivak part des Subaltern studies, elles-mêmes une lecture de Gramsci, si je comprends bien)
. ELB également, fait en séance de travail vendredi une connexion entre la situation actuelle en France, en régime Sarkozy, et l'activisme de déculturation, et le processus qui a mené à la situation postcoloniale - comment un interventionnisme violent, un rationalisme (au mieux...) de social & cultural engineering, a donné des situations comme la Birmanie contemporaine - les chefs de village évincés des maillages et dynamiques sociaux, et remplacés par les officials, militaires, de l'Empire. (Le Civil Service une notion impériale, en Grande-Bretagne, alors qu'elle est républicaine en France).
. Sur Beckett, il y a à travailler par le post-colonial. ELB vers le subaltern : absolutely relevant this. Et déplaçant, bien bousculant, pour une critique française qui revient doucement, naturellement, aux Lettres.
lundi 17 mars 2008
Politique : milieu des rapports
Commentaire en lendemain d'élections municipales, et par irritation. "Ce n'est pas ça" (pas les analyses, les relances, les phrases faites ce matin, que je prends à la radio. Bien sûr le travail se fait dans l’embrouille de discours, lieu de tous les enjeux, activité de faire sens, d’après le vote. Mais --. Il y a discours et discours. Comme contemporain et moderne pour Rimbaud) - et l'irritation aussi du ce-n'est-pas-ça qui formule une logique de l'être.
Le politique, comme pratique des enjeux. Par ce qu'il n’y a à en vouloir à personne. C’est un quotidien du conflit, ou simplement du rapport, qu'il y a à penser, et à vivre.
Pratique n'est pas guerre ; enjeu n'est pas fétiche ou identitaire. Gestion (gouvernement, au sens de Foucault) des conflits et des diverses émergences sociales ; pousses sociales. Plutôt que rapports de pouvoir (point de vue qui déshistoricise), et que politique politicienne.
La politique en France (elle est "en France" pour moi depuis l'expérience constrastive des mid-term elections de novembre 2006 à New York) – ces comptes, calculs, rancoeurs, humiliations, tiraillages pour gagner et perdre. Dettes. Deleuze et son travail de dégagement de la morale du ressentiment et de la dette. Nietzsche donc. Ressentiment, exigences et fautes. Défaut, rancune. Reproche. Inadéquation par rapport à ce que devrait être. Logique de l’être et du défaut, Politique par l'ontologique, sourde à la politique du vivre, qui est toute en passage.
Question de la différence entre vivre par la nécessité, et vivre par le devoir. Il ne s'agit pas de la même urgence, pas de la même historicité. Pas de la même politique du temps.
Le politique, comme pratique des enjeux. Par ce qu'il n’y a à en vouloir à personne. C’est un quotidien du conflit, ou simplement du rapport, qu'il y a à penser, et à vivre.
Pratique n'est pas guerre ; enjeu n'est pas fétiche ou identitaire. Gestion (gouvernement, au sens de Foucault) des conflits et des diverses émergences sociales ; pousses sociales. Plutôt que rapports de pouvoir (point de vue qui déshistoricise), et que politique politicienne.
La politique en France (elle est "en France" pour moi depuis l'expérience constrastive des mid-term elections de novembre 2006 à New York) – ces comptes, calculs, rancoeurs, humiliations, tiraillages pour gagner et perdre. Dettes. Deleuze et son travail de dégagement de la morale du ressentiment et de la dette. Nietzsche donc. Ressentiment, exigences et fautes. Défaut, rancune. Reproche. Inadéquation par rapport à ce que devrait être. Logique de l’être et du défaut, Politique par l'ontologique, sourde à la politique du vivre, qui est toute en passage.
Question de la différence entre vivre par la nécessité, et vivre par le devoir. Il ne s'agit pas de la même urgence, pas de la même historicité. Pas de la même politique du temps.
samedi 15 mars 2008
Vertu du postcolonial : Coetzee
Toujours, comment le décalage de point de vue, par le géopolitique de l'Europe coloniale en ses réverbérations historiques, produit et produit des lucidités. Le capitalisme/libéralisme comme question du colonialisme (ou de l'impérialisme, en notions marxistes), la Guerre froide comme question du Tiers-Monde, etc.
Coetzee donne un insight de "Western colonial" d'Afrique ["who had grown up in a European enclave in Africa] , et d'universitaire littéraire, et d'écrivain dans l'anglais, sur le structuralisme : "What structuralism did for me - and here I have in mind anthropological structuralism and Jakobson's work on folf poetry - was to collapse dramatically the distance between high European culture and so-called primitive cultures. It became clear that fully as much thinking went into the productions of primitive cultures. Human culture was human culture, more or less, beneath the changing forms of expression. An old lesson, I suppose; but I had to learn it in my own way." ("Interview" dans le chapitre "Beckett", Doubling the Point (1992), p. 24 - plus tôt, il mentionnait Propp et le conte populaire).
Plus loin : "I did immerse myself in [Chomskyan] generative grammar, at quite a technical level. I turned - as one has to if one's interests stretch beyond the grammars of individual languages to questions of universal grammar - to non Indo-European languages. It was this immersion - shallow enough if one is talking about real command of detail - that gave the biggest jolt to a Western colonial whose imaginary identity had been sown together (how thinly, and with how many rents!) from the tatters passed down to him by high modernist art. [...] What remained from those studies was probably no more than a very general residue: respect for other cultures, respect for ordinary speakers, for the unconscious knowledge we carry, each of us." (24-25).
Coetzee donne un insight de "Western colonial" d'Afrique ["who had grown up in a European enclave in Africa] , et d'universitaire littéraire, et d'écrivain dans l'anglais, sur le structuralisme : "What structuralism did for me - and here I have in mind anthropological structuralism and Jakobson's work on folf poetry - was to collapse dramatically the distance between high European culture and so-called primitive cultures. It became clear that fully as much thinking went into the productions of primitive cultures. Human culture was human culture, more or less, beneath the changing forms of expression. An old lesson, I suppose; but I had to learn it in my own way." ("Interview" dans le chapitre "Beckett", Doubling the Point (1992), p. 24 - plus tôt, il mentionnait Propp et le conte populaire).
Plus loin : "I did immerse myself in [Chomskyan] generative grammar, at quite a technical level. I turned - as one has to if one's interests stretch beyond the grammars of individual languages to questions of universal grammar - to non Indo-European languages. It was this immersion - shallow enough if one is talking about real command of detail - that gave the biggest jolt to a Western colonial whose imaginary identity had been sown together (how thinly, and with how many rents!) from the tatters passed down to him by high modernist art. [...] What remained from those studies was probably no more than a very general residue: respect for other cultures, respect for ordinary speakers, for the unconscious knowledge we carry, each of us." (24-25).
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jeudi 13 mars 2008
1978 : marketing intellectuel / 2007 : capitalisme cognitif
Régis Debray propose un survol d'histoire des champs intellectuels modernes en trois "âges" - "le cycle universitaire (1880-1930)", "le cycle éditorial (1920-1960)", "le cycle média (1968-?)". Tracée en 1978, cette ligne a à trouver maintenant son état contemporain. On en devine les possibilités (mais beaucoup de déterminants sont intervenus, la ligne fait un delta à l'embouchure d'aujourd'hui) - cyberculture et industrie des communications, Communication même, sont des prolongements logiques plus qu'historiques. Ne pas aller trop vite donc. Mais une chose : un nouveau tour d'écrou me paraît repérable s'il pose la situation de 1978 comme celle, dans les termes qu'il emprunte au papier de Deleuze sur "la pensée-interview, la pensée-entretien, la pensée-minute" des "nouveaux philosophes" ("A propos des 'Nouveaux philosophes' et d'un problème plus général, 1977), du "marketing intellectuel".
Il ne s'agit plus de la dévaluation des idées en produits culturels, mais maintenant, un net pas plus loin, du capitalisme cognitif et ses effets radicaux. Il faut regarder ça. Certainement, le "champ intellectuel", le "champ culturel", ont été révolutionnés, la carte tout à fait méconnaissable et à refaire depuis zéro. Voir la question de l'exception culturelle - l'histoire, malheureuse, de la notion. Tracer son émergence, et sa ligne de domination. Symptôme de discours dominant.
Il ne s'agit plus de la dévaluation des idées en produits culturels, mais maintenant, un net pas plus loin, du capitalisme cognitif et ses effets radicaux. Il faut regarder ça. Certainement, le "champ intellectuel", le "champ culturel", ont été révolutionnés, la carte tout à fait méconnaissable et à refaire depuis zéro. Voir la question de l'exception culturelle - l'histoire, malheureuse, de la notion. Tracer son émergence, et sa ligne de domination. Symptôme de discours dominant.
mercredi 12 mars 2008
Chine familière
Zhang Yongle, dans la dernière livraison de la NLR (49, Jan-Feb 2008, pp. 5-27), refait une histoire du travail intellectuel et culturel de Dushu [book reading], la revue chinoise fondée à la fin des années 1970. "No Forbidden Zone in Reading? Dushu and the Chinese Intelligentsia". Un coup d'oeil étonnant sur la mondialité des situations.
. réforme des universités : "Included here is Dushu's important intervention in the controversies around the market-driven reform proposals for Beijing University. A 2003 plan, drafter by an economist, aimed to introduce the principle of competition, encouraging departments to hire overseas rather than domestic scholars, and quantifying the evaluation system to replicate American academic norms. It was vehemently criticized by scholars in the humanities and social sciences. Dushu's symposium on the proposals raised the discussion to a new level. It brought together leading scholars from Beijing and elsewhere to argue the case for the university as an institution for the pursuit of intellectual freedom and innovation, and to question the bias of the economists behind the proposal." (19)
. autre mouvement de terrain : de la littérature aux sciences sociales, comme repère de la culture. Avec l'intervention de la French Theory en pivot, d'ailleurs. La revue passant d'une atmosphère de lettrés, style et élégance, culture de chinois classique, à celle, plus mordante, d'une culture post-Révolution culturelle : capable de critique, informée des théorèmes occidentaux, mais aussi coupée de son héritage littéraire et culturel par la rupture communiste. "this change of style needs to be understood with reference to the disciplinary differenciation that has taken place in China over the past decade. In tehe 1980s, intellectuals read all kinds of books without much consciousness of disciplinary boundaries; by the 1990s, the altter could no longer be ignored. Compared to literature, the new social sciences appeared to have a much higher knowledge threshold: the language of economics can be forbidding to a lay reader and there were many newly translated terms. Consequently, it has been hard to maintain the same level of literary elegance. In the recent debate, critics of Wand and Huang have interpreted this stylistic difference as symptomatic of the two editors' break from Dushu's classical prose tradition. In fact, complaints about readability was first made in the mid-80s, when Dushu began to introduce Western theories.
Question de "bad writing" associée aux Etats-Unis avec la Theory, fuel for the Culture wars, et l'un des signes supplémentaires du Closing of the American Mind. Barthes avait posé dès 1966, Critique et vérité, l'insupportable, pour un "vraisemblable critique" encore centré sur les Lettres, du langage sur le langage. Les circulations transculturelles de ces problèmes en multiplient les effets merveilleusement.
. réforme des universités : "Included here is Dushu's important intervention in the controversies around the market-driven reform proposals for Beijing University. A 2003 plan, drafter by an economist, aimed to introduce the principle of competition, encouraging departments to hire overseas rather than domestic scholars, and quantifying the evaluation system to replicate American academic norms. It was vehemently criticized by scholars in the humanities and social sciences. Dushu's symposium on the proposals raised the discussion to a new level. It brought together leading scholars from Beijing and elsewhere to argue the case for the university as an institution for the pursuit of intellectual freedom and innovation, and to question the bias of the economists behind the proposal." (19)
. autre mouvement de terrain : de la littérature aux sciences sociales, comme repère de la culture. Avec l'intervention de la French Theory en pivot, d'ailleurs. La revue passant d'une atmosphère de lettrés, style et élégance, culture de chinois classique, à celle, plus mordante, d'une culture post-Révolution culturelle : capable de critique, informée des théorèmes occidentaux, mais aussi coupée de son héritage littéraire et culturel par la rupture communiste. "this change of style needs to be understood with reference to the disciplinary differenciation that has taken place in China over the past decade. In tehe 1980s, intellectuals read all kinds of books without much consciousness of disciplinary boundaries; by the 1990s, the altter could no longer be ignored. Compared to literature, the new social sciences appeared to have a much higher knowledge threshold: the language of economics can be forbidding to a lay reader and there were many newly translated terms. Consequently, it has been hard to maintain the same level of literary elegance. In the recent debate, critics of Wand and Huang have interpreted this stylistic difference as symptomatic of the two editors' break from Dushu's classical prose tradition. In fact, complaints about readability was first made in the mid-80s, when Dushu began to introduce Western theories.
Question de "bad writing" associée aux Etats-Unis avec la Theory, fuel for the Culture wars, et l'un des signes supplémentaires du Closing of the American Mind. Barthes avait posé dès 1966, Critique et vérité, l'insupportable, pour un "vraisemblable critique" encore centré sur les Lettres, du langage sur le langage. Les circulations transculturelles de ces problèmes en multiplient les effets merveilleusement.
lundi 10 mars 2008
Savoir-pouvoir en époque néolibérale
Naissance de la biopolitique, Cours au Collège de France, 1978-79
Et la même année : Le Pouvoir intellectuel en France, chez Ramsay, Régis Debray et ces éléments de médiologie.
Expérience extrême - l'exclamation ne mesure que mon ignorance, que je partage cependant largement avec mon milieu, qui m'a aussi fait ignorer - de l'actualité de tous ces termes, 30 years back.
Donc : relentless erudition, toujours. Et toujours l'appel à l'analyse, de l'ARESER par exemple.
Et ce fil : d'une réflexion, écoute, histoire à émerger, sur les médiations ; leurs déplacements dans des reconfigurations sociologiques des pouvoirs, symboliques-ou-non. Le déclassement (Debray pose déjà ce terme, pour caractériser les déracinages dès le tournant des années 1930-1960, période "éditoriale") de certaines institutées, et la poussée d'autres.
William Buckley aux Etats-Unis : cibler les légitimeurs d'idées. Gramsci depuis l'autre rive : longue marche à travers les institutions (ou longue marche des institutions à travers les sujets...)
Perspective stratégique ; ce fil aussi.
Et la même année : Le Pouvoir intellectuel en France, chez Ramsay, Régis Debray et ces éléments de médiologie.
Expérience extrême - l'exclamation ne mesure que mon ignorance, que je partage cependant largement avec mon milieu, qui m'a aussi fait ignorer - de l'actualité de tous ces termes, 30 years back.
Donc : relentless erudition, toujours. Et toujours l'appel à l'analyse, de l'ARESER par exemple.
Et ce fil : d'une réflexion, écoute, histoire à émerger, sur les médiations ; leurs déplacements dans des reconfigurations sociologiques des pouvoirs, symboliques-ou-non. Le déclassement (Debray pose déjà ce terme, pour caractériser les déracinages dès le tournant des années 1930-1960, période "éditoriale") de certaines institutées, et la poussée d'autres.
William Buckley aux Etats-Unis : cibler les légitimeurs d'idées. Gramsci depuis l'autre rive : longue marche à travers les institutions (ou longue marche des institutions à travers les sujets...)
Perspective stratégique ; ce fil aussi.
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mercredi 5 mars 2008
Agenda # 5 - Communication & conflit des facultés
C'est encore loin, mais je savais d'avance que le prochain chantier sera celui de la Communication - à penser par le scénario logomachique qui ne fait que se profiler dans l'espace disciplinaire français alors qu'il joue depuis vingt ans dans l'anglo-saxon : culture vs littérature, media vs English, alliance inédite entre communication et culture. Prendre, toujours, depuis le redessin de frontières dans la carte des départements et "unités", marquages territoriaux et institutionnels (avec budget, postes, recrutements, carrières, effets sociaux concrets et vastes), à Paris 8. Infocom, devant les Lettres (les revoilà, avec leur air surranné, conservatoire : le master Littérature : Textes Langues Théories doit être rebaptisé à P8, sous la rubrique, imposée ministériellement, de Lettres) et les sciences humaines.
Le conflit des facultés a une histoire, qui prend son tournant contemporain - à savoir observer, et naviguer : critique et stratégie.
Questions à poser : quelles conceptions de la culture, et de la diversité culturelle (càd pour maintenant l'un des enjeux politiques urgents), dans les sciences de la communication ? Comment ça se situe, dans une perspective historique, par rapport aux sciences de la culture qui ont émergé d'abord comme anthropologie, ethnologie, puis littérature, après la philologie après la philosophie ?
Touche à la mondialisation, et la nécessité d'en penser bien toute la complexité ensemble.
Le conflit des facultés a une histoire, qui prend son tournant contemporain - à savoir observer, et naviguer : critique et stratégie.
Questions à poser : quelles conceptions de la culture, et de la diversité culturelle (càd pour maintenant l'un des enjeux politiques urgents), dans les sciences de la communication ? Comment ça se situe, dans une perspective historique, par rapport aux sciences de la culture qui ont émergé d'abord comme anthropologie, ethnologie, puis littérature, après la philologie après la philosophie ?
Touche à la mondialisation, et la nécessité d'en penser bien toute la complexité ensemble.
Agenda #4 - Histoire française de la littérature anglaise
Il faudra bien que j'aille un jour regarder Taine, son Histoire de la littérature anglaise, sa date et son contexte, (paysage universitaire français ?, paysage des recherches françaises sur les littératures et les cultures, l'étranger - état des institutions de la pensée de la culture), ses traductions en anglais et leur carrière, etc.
samedi 1 mars 2008
ARESER - l'analyse comme critique
Editorial de Christophe Charle, "Brouillard de printemps" dans la lettre d'information de l'ARESER n°13, mars 2007 (qui fait une lecture du rapport de la Cour des Comptes, de décembre 206), et intervention à la journée université critique de P8, en ligne sur Fabula - notes :
. la prise ARESER, c'est celle de l' "analyse" - "il est plus que jamais nécessaire que notre association produise des analyses fiables et dénonce les illusionnistes qui veulent nous construire un avenir cadenassé par leurs pétitions de principe". En conclusion de "La Loi LRU dans une perspective européenne" (journée P8) : "pour reprendre une expression célèbre d'Ernest Renan après une autre défaite, celle de 1980-71, et au risque de passer pour un idéaliste, il faut au préalable une réforme intellectuelle et morale, c'est-à-dire une analyse juste de ce qui se passe, une affirmation de principes opposables aux principes masqués par les processus en cours sous des grands mots creux en en démontrant les faux-semblants, un refus aussi du conservatisme académique [supra : les "rentes de situation", question du fonctionnement du capital symbolique, soit permanence de la question de la reproduction. Par là on est dans le prolongement de Bourdieu]. Il facilite la tâche des faux réformateurs qui caricaturent ainsi les positions alternatives et se donnent le beau rôle. Il faut également avancer des propositions rationnelles pour réduire le plus possible les effets dévastateurs de la dualisation [de l'enseignement supérieur], même si nous savons qu'elle ne disparaîtra jamais complètement puisqu'elle est inscrite dans toutes les structures de la société contemporaine." [...]
"qu'on sorte des faux débats et des discours biaisés par certains intérêts corporatifs ou nationaux et par les sophismes de "l'économie du savoir". C'est l'une de nos fonctions en tant qu'universitaires. C'est aussi notre intérêt pour justifier l'ambition intellectuelle critique de l'université face au rouleau compresseur des médias liés aux puissances économiques dominantes qui veulent la réduire à un instrument docile de la reproduction sociale."
[ Quelques traits repérables, qui font une situation de ce discours : appel rationnaliste, qui est lié à la coordonnée de vérité contre le mensonge - mais, malgré la connaissance bien pleine des mauvaises fois et de leur perversité toujours étonnamment créative, il n'y a pas de faux débats. C'est bien le performatif politique idéologique ordinaire. L'analyse doit moins chercher à traverser les voiles de mensonge, que faire apparaître les conditions de discours - montrer les rapports de force, dans les débats. La faiblesse pragmatique, stratégique, de la dénonciation, et la force de la contre-énonciation, quand, si, . ]
L'analyse, critique, intellectuelle, et les propositions.
Politique de contre-énonciation. Alors bien sûr les questions qui se présentent immédiatement, sont les rapport de force actuels dans le champ médiateur des médias - question de l'accès au débat public. Can the subaltern, or even the déclassé professional of the logos, speak?
. la prise ARESER, c'est celle de l' "analyse" - "il est plus que jamais nécessaire que notre association produise des analyses fiables et dénonce les illusionnistes qui veulent nous construire un avenir cadenassé par leurs pétitions de principe". En conclusion de "La Loi LRU dans une perspective européenne" (journée P8) : "pour reprendre une expression célèbre d'Ernest Renan après une autre défaite, celle de 1980-71, et au risque de passer pour un idéaliste, il faut au préalable une réforme intellectuelle et morale, c'est-à-dire une analyse juste de ce qui se passe, une affirmation de principes opposables aux principes masqués par les processus en cours sous des grands mots creux en en démontrant les faux-semblants, un refus aussi du conservatisme académique [supra : les "rentes de situation", question du fonctionnement du capital symbolique, soit permanence de la question de la reproduction. Par là on est dans le prolongement de Bourdieu]. Il facilite la tâche des faux réformateurs qui caricaturent ainsi les positions alternatives et se donnent le beau rôle. Il faut également avancer des propositions rationnelles pour réduire le plus possible les effets dévastateurs de la dualisation [de l'enseignement supérieur], même si nous savons qu'elle ne disparaîtra jamais complètement puisqu'elle est inscrite dans toutes les structures de la société contemporaine." [...]
"qu'on sorte des faux débats et des discours biaisés par certains intérêts corporatifs ou nationaux et par les sophismes de "l'économie du savoir". C'est l'une de nos fonctions en tant qu'universitaires. C'est aussi notre intérêt pour justifier l'ambition intellectuelle critique de l'université face au rouleau compresseur des médias liés aux puissances économiques dominantes qui veulent la réduire à un instrument docile de la reproduction sociale."
[ Quelques traits repérables, qui font une situation de ce discours : appel rationnaliste, qui est lié à la coordonnée de vérité contre le mensonge - mais, malgré la connaissance bien pleine des mauvaises fois et de leur perversité toujours étonnamment créative, il n'y a pas de faux débats. C'est bien le performatif politique idéologique ordinaire. L'analyse doit moins chercher à traverser les voiles de mensonge, que faire apparaître les conditions de discours - montrer les rapports de force, dans les débats. La faiblesse pragmatique, stratégique, de la dénonciation, et la force de la contre-énonciation, quand, si, . ]
L'analyse, critique, intellectuelle, et les propositions.
Politique de contre-énonciation. Alors bien sûr les questions qui se présentent immédiatement, sont les rapport de force actuels dans le champ médiateur des médias - question de l'accès au débat public. Can the subaltern, or even the déclassé professional of the logos, speak?
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