lundi 4 février 2008

De la thèse au projet - glissement de terrain

Mes doctorants m'informent de la campagne 2008 de "Un nouveau chapitre de la thèse" (R) [On brevète bien le génome humain, pourquoi ne pas register certains mots du lexique français, ou séquences de? Voir aussi le marché des mots-clés pour Google, par exemple - nouveaux phénomènes sociaux du langage. Les marques de la privatisation du langage. ("Marque" works double shift here)].

Projet de l'Association Bernard Grégory, petit nom ABG, et motto : "De la thèse à l'emploi". Fondée en 1980, valorisation, insertion. An old hand, donc, à la question posée dans les termes de Chirac au sortir de la crise du CPE, "Université et emploi". Réseau large de partenariats, publics et privés, avec des correspondants dans les établissements. Paris 8 membre. Ces distributions sont à regarder de près ; il faut suivre ces glissements de terrain. Ne pas les laisser unnoticed.
Les formations "Nouveau chapitre de la thèse" sont proposées annuellement, sur examen et sélection de candidatures.

Ces mariages nouveaux, qui viennent break ground et s'étaler sur des espaces frontaliers, troubles, où se dilue la séparation politique du public et du privé - où l'espace du public s'érode et se transforme en quelque chose qu'il est très difficile de voir venir et d'accompagner dans le sens du vivant : par où? Comment connaissable? Saura-t-on le connaître. Il y a un air de piège de tous les côtés ; celui d'une cohérence massive qui rend exagérément méfiant, et un peu (beaucoup) désarmé.

Mots d'ordre du document d'information à l'intention des étudiants : "Valoriser la thèse comme une première expérience professionnelle de gestion de projet" ; "compétences et acquis professionnels mis en oeuvre", le fonctionnement en "entretien individuel d'approfondissement en face à face doctorant / mentor" [ce remplacement, mise sur la touche, du directeur de recherche comme acteur de la formation professionnelle, que la thèse a aussi toujours été - qui rejoint l'ensemble omnidirectionnel du doublage du public par le privé. Noter : le terme familial/moral. On aime ces humanités dans la Modernisation libérale. Ce n'est pas une relation d'enseignement, ni d'encadrement. Le vieux paternalisme d'une politique qui n'a pas de société] ; la formation se clôturera naturellement par une évaluation des formateurs mêmes, ces circuits d'auto-validation maintenant rapidement reconnaissables. On développe un flair.]

Plus en détail : canevas pour une auto-valorisation (cf un relooking, makeover - ces self-making caractéristiques de la subjectivité néo-libérale, success stories etc.= :
"[...] analysez objectivement vos expériences, tirez-en les enseignements utiles à la valorisation de vos compétences et savoir-faire personnels [...].
"Déroulement, gestion et coût de votre projet", "conduite du projet" [la thèse est devenue, dans l'opération de doublage, projet - le mot seul valorise, performativement.] ; "Evaluation et prise en charge du coût de votre projet - temps passé, salaires et coûts, y compris charges sociales, coûts d'infrastructures (bâtiments, fluides, services communs, fonctionnement, moyens matériels [what??])" [il faudrait, alors, que l'individu, toujours plus responsabilisé, soit désocialisé, devienne gestionnaire des "Ressources humaines" de sa thèse, et de toute l'intrication socio-économico d'une thèse, par défaut d'institution - en mettant les institutions en défaut] ;
"Connaissances acquises dans le champ de la discipline et dans d'autres domaines" : le doublage regarde aussi vers la question, institutionnelle, des disciplines, avec leur histoire - détricoter
"Compétences méthodologiques, en conduite de projet, en communication, en négociation" - ben oui, on a fait une thèse.
"Qualités personnelles : créativité, innovation, capacité d'analyse et de synthèse, aptitudes à l'encadrement et à l'animation, rigueur, adaptabilité" - le tableau des qualités semble complet. Et vient se substituer au rapport de thèse.

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