mardi 29 juillet 2008

Un germaniste

Michel Espagne, et le continent des Philologiques, de la collaboration, productrice de collaboration, avec Michael Werner.
Volume à auteur unique : Le Paradigme de l'étranger. Les chaires de littérature étrangère au XIXème siècle, Cerf, 1993.
Est-ce que je l'ai déjà écrit ici ? La littérature allemande est, historiquement, plus "littérature étrangère" (au sens de JPA, et du "Texte étranger") que l'anglaise - qui n'a comme faveur que la tradition de rivalité culturelle franco-anglaise. La franco-allemande est, pour la question de la littérature, sérieusement riche. Tout l'enracinement dans la pensée de la culture depuis Herder et contre le goût et la géopolitique culturelle française pré-révolutionnaire ; dans l'immense travail culturel (théorique et artistique) du Romantisme. L'invention de l'histoire, et vraiment l'inauguration du XIXème comme siècle historique.

M. Espagne propose donc cette notion de "paradigme de l'étranger" : Fauriel, Ampère, et le renouvellement d'une pensée des cultures humaines - une critique, aussi, de la philosophie, des Lumières - par la question de la littérature comme les littératures. Histoire de la pensée humaine, et historicisation de la pensée, par l'étude comparative-génétique des histoires mêlées et des différentiations.
"La question que pose l'étude des littératures étrangères dans l'enseignement supérieur français du XIXème siècle n'est pas celle du développement d'une discipline érudite, mais bien de la mise en place, d'un point de vue français officiel, des aires culturelles et de leurs spécificités présumées, la mise en place d'une science de l'étranger." (18)
Reste pendante : celle des implications théorique de la notion d'aire culturelle (avec les civilisationnismes, en suite de la théorie des climats de Montesquieu, par exemple), qui tournent vers les nationalismes, marque aussi de l'historicisme du XIXème. Puisque c'est aussi la concurrence (parcours parallèles) de la philosophie-philologie allemande et de l'histoire de l'esprit humain expérimentée par les Idéologues. Ce drame de l'étranger, rapporté par Humboldt au retour de Paris, et par Fauriel et Ampère au retour des contacts avec Grimm, Schegel etc. Il y a bien une tradition française de pensée de la culture, post-Lumières et post-révolutionnaire. Ses prolongements ? Il y a bien, en rivalité franco-allemande (pour ne parler que d'elle), une invention, concurrente dans le temps et post-révolutionnaire, des sciences humaines. Sciences de l'esprit : Geist / Idées.
Le fil historiciste est la garantie critique de ce mouvement, international (avec centre de gravité dans la philologie allemande, et champ de matérialisation les modernisations des universités en Allemagne, Angleterre, France, Amérique...).

Reste cette question : comment la discipline "littératures étrangères", avec ses pratiques comparatistes et historicistes, se transforme-t-elle pour arriver à un champ où se différencient les littératures nationales et la littérature comparée?

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