mercredi 26 septembre 2007

Action, oeuvre, travail

Croisé ce matin une intuition remarquable, petite percée à la B. Cassin, capable de frayages au long cours, c'est-à-dire ouvrant du devenir ; coup d'historicité : à propos des lectures des Grecs (soit, du rapport entre philosophie et politique) faites par Heidegger d'une part et, très-s'écartant, par Arendt d'autre part : "Qu'il doive s'agir en politique de penser le jugement à partir du goût [le goût dans son mode sophistique : non pas celui de l'arbitraire subjectif, mais celui de la persuasion, création continuée du consensus], pose de manière aigüe le problème du rapport entre esthétique et politique, entre l'oeuvre et l'action dans la cité". (L'Effet sophistique, 263) Symptomatiquement, Heidegger choisissant d'étudier la poésie tragique de Sophocle, Arendt la prose historique de Thucydide.

Action et oeuvre ; vie politique (et participation à la décision politique) et vie culturelle, vie du sujet dans la discursivité. Un continu qui tire loin des pièges classiques qui séparent en pinces tendues le philosophique et le politique, le penser et le faire, l'intellectuel et la société.
C'est qu'il y a, pour commencer par là, plusieurs modes de l'intellectuel : le sophiste n'est pas le philosophe. Et c'est pour ça même que la philosophie n'est pas le tout de la pensée. Il y a cette détotalisation à faire, patiemment, continûment. Tenir la philosophie dans ses propres trajets, et ne pas les confondre avec le terrain. Tenir la philosophie dans son plan conceptuel et dans son histoire, en ce qu'elle contribue à tenir cette extopie de la pensée ; qu'elle l'effectue.
L'oeuvre, comme activité (c'est le terme chez Meschonnic, pour montrer simplement le passage de l'oeuvre-objet à l'oeuvre-transsujet) ; comme action (praxis - à voir) ; comme travail.
Il y a beaucoup à déplier ici. L'oeuvre, comme point de vue depuis lequel reconsidérer l'action, et le travail. Tous deux, d'ailleurs, pris dans une actualité à plusieurs niveaux de profondeur : immédiate et pas vraiment anecdotique(l'hyperactivité comme politique), et en point d'orgue sur du mouvement lent (les mutations du travail, y compris par les nouveaux rapports du travail avec le savoir).

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