mardi 6 novembre 2007

Vie critique

Contre le ressentiment, contre la dette, et la guerre, fatigants, pompants - prendre la mesure, soigneusement, en prenant le temps qu'il faut et la vitesse qu'il faut, des conditions contemporaines, des pressions, des offensives et des épuisements, des mouvements de fond, reflux et émergences. Lire le Rapport sur l'Economie de l'immatériel avec une curiosité détaillée, suivre les fils de toutes ses implications ; (apprendre à élargir le champ de l'attention d'une part, et) prendre les termes du présent et de ses discours, dominants et résistants, dans leurs lignes de tension. Et chercher quelle vie est là, et quelle vie est possible. La disposition sociologique des Cultural studies à son époque de Birmingham et R. Williams, S. Hall. Quelle vie est possible, au prix, et au profit, de quel travail.
Question de mode critique, ou même question de la critique précisément. Qui n'est pas l'opposition. Pas tout à fait la même activité de lutte des classes, lutte sociale, lutte sur le terrain des rapports de travail comme rapports sociaux.
Les réflexes de verrouillage, les indignations, les estomacades, sont des outils, des alertes idéologiques irremplaçables (et de toute façon inévitables), auxquelles il faut faire bien confiance, pour leur intuition du rapport social. Les savoirs idéologiques du corps. Puis : voir aussi les obstacles que forment - justement c'est bien une stratégie de barrage, confrontation, qui fait ses preuves régulièrement - les actions par exemple syndicalistes, avec leurs techniques politiques au pouvoir oppositionnel rôdé, longuement éduqué et nourri d'une culture séculaire. Et simplement le fonctionnement oppositionnel de la démocratie parlementaire. Mais les propriétés, les identités, de ces défenses. Et simplement la faiblesse, pour ce qui est de la vivacité critique, de leur mode critique de la défense - du service public, de la démocratisation, de l'environnement, des droits, des études littéraires, des sciences humaines, de la recherche. La répétitivité des analyses, leurs énoncés d'ordre, leurs accroches qui me font perdre la sensibilité à leurs possibilités de frayage. A ces techniques auxquelles je m'associe par gravitation naturelle mais surtout pour ce que je peux apprendre dans leurs espaces polémiques improvisés (AG, lecture des rapports des journalistes, déclarations et documents ministériels, tribunes et rebonds, rumeur et échanges et travail des couloirs et des circulations de mails), espaces critiques de la crise, des choses traversent, fusent, éventuellement, dans l'ordinaire politique touffu des répétitions. Il faut une patience. Et tomber la timidité d'y travailler selon la trajectoire des vies critiques individuelles, ce lieu même du politique. Pour la vie critique.
Not taking polemic fools gladly. Et sachant qu'il s'agit de conflit.

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