Impressionnée par le livre d'Abélès (Anthropologie de la globalisation). Qui m'emmène nécessairement dans sa logique douce mais implacable, et m'oblige à prendre ces questions profondément douloureuses, massives, dans mes implications. Plutôt que comme des zones sur lesquelles mon horizon disciplinaire n'a pas d'ouverture. Elle en a ; elle est large jusque-là. Il n'y a pas à y être comme "intellectuel" au sens de Sartre, "ce qui ne le concerne pas". ça concerne les disciplines de la culture, et les valeurs motrices des "sciences de l'homme". Elles ont une "tâche" (Humboldt, Weber, Benjamin, etc.) à leur égard - ou simplement : une énergie analytique.
La diaspora mais et les réfugiés.
La diversité des cultures, et les affaiblissements des nationalismes d'Etat, mais et les sans-papiers.
Avec l'énergie dont j'ai soif soif, de concepts qui sachent écouter au fragile de la vie, politique. Abélès propose l'anthropologie là. Au ras. Pour une prise ethnologique sur la "globalisation", par la décision de regarder en face les vies en milieu des formes inédites de la violence - proposition sur une nouvelle perspective sur le politique : l'état de globalisation comme actualisation d'un politique où le cadre de l'Etat-nation ne fait plus l'échine du sens ; plus la cité ; plus l'ancien compact national de la violence avec la légalité, la citoyenneté. Autre chose ; qu'il y a à penser, et vivre. C'est un scénario de philosophie politique qui s'évanouit comme pertinence - le contrat social du monopole de la violence.
La reprise, l'actualisation des dimensions, de la question de la violence, est bien un développement de l'anthropologie, en tant que son projet scientifique a toujours été distingué de celui de la philosophie politique et des sciences politiques. Une science de la culture pour penser le politique. L'objet étant la société plutôt que la cité. Histoire de points de vue ; et leurs implications axiologiques. Et même oui : politiques.
Repère du cultural turn du politique, donc, toujours. Situation non pas "post-politique" mais post-Etat-nation - c'est là-dessus qu'il ne faut pas de tromper. Postmoderne. Abélès, dans ses rapports remarquables avec les travaux anglo-saxons et leur extension globish en anthropologie contemporaine [voir le réseau de références qu'il met en jeu, bibliographie], prend note de cette question qui consiste bien en une prise de position : prendre "globalisation" (là, pas de remarque explicite) ; prendre "postmoderne". (Fil et flux dans le phénomène théorico-culturel large passage de relais de la French theory à la puissance intellectuelle anglo-saxonne en France, dans le sens d'une ligne de fertilité hors du deadlock franco-parisien d'un pour ou contre la Pensée 68.)
Fertilité de ces propositions pour un avenir de la pensée de l'histoire du politique.
A comprendre, par exemple, avec la direction de la tension analytique d'Arendt, après WW2. Chercher à penser, localiser, le politique dans sa spécificité - en prenant appui sur ce pivot infiniment lourd, autour duquel tourne le 20ème siècle mondial : ce qu'il est advenu au plan du politique, son plan conceptuel, et axiologique, dans le conflit avec le nazisme et ses avatars internationaux.
Chercher le politique, chercher à penser le politique, à le repenser radicalement pour fabriquer une nouvelle histoire et forcer un après-WW2, à la force du concept et de la philologie et de l'histoire de la philosophie. Aristote, etc. Avec les bridés des outils philosophiques. Mais le projet.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire