dimanche 4 mai 2008

Moyens de l'anthropologie - Abélès

Marc Abélès, dans Anthropologie de la globalisation (Payot, 2008) - quelques pointes, pour les sciences de la culture (et les : sciences de l'étranger) :

. chap. 1 : "De l'économie à l'anthropologie" : se fait un fond de contexte factuel et discursif, en reprenant noms, textes, mots d'ordre et issues. C'est dérivatif, informationnel - bon certainement pour l'embrassé. Certainement, la mondialisation est un fait en tant que crux de discussion, centre géométrique des débats cherchant une prise sur le contemporain. Proposition d'un choix entre "mondialisation" et "globalisation", en avant-propos et pour caler le titre et le point de vue, me paraît un peu faible, sans beaucoup de tranchant pour traverser le champ d'une perspective : simplement se dégager d'une continuité avec les "premières mondialisations", et se donner la place de penser une spécificité de cet inédit. Now what. [ Et : si plus loin le mouvement de discussion débouche sur Arjun Appadurai (transcultural social sciences) et George Marcus ("anthropologie multi-site" et multi-énonciation), c'est bien la discursivité, et la dimension traductionnelle, qu'il faut écouter. "Globalisation" est donc à prendre nécessairement, au risque sinon de simply miss the point, comme un calque de "l'anglais (Etats-Unis)", avec toute l'histoire du terme, et de ses passages de bouche en bouche, de langue en langue. Une anthropologie du monde"-monde", si elle se veut corrective d'un économisme, doit aussi être une poétique de l'énonciation conceptuelle et culturelle et idéologique. ]
Le chap. 1 prépare une mobilisation du plan économiste au plan de la vie quotidienne du ; dimension culturelle, et politique, du. OK.

. chap. 2 : "L'anthropologie face à la globalisation" : il s'agit de recomposer le tableau d'une histoire de la discipline, aux prises avec l'histoire géopolitique et ses séries de noeuds, conflits, et structures et dynamiques de domination. Très utile pour le néophyte que je suis dans ce champ où les repères se prennent ici très facilement. Bel exercice réussi, qui met des outils et des lucidités entre les mains, pour la suite : ce que peut une perspective anthropologique, (ethnographique et ethnologique ; terrain et théorie), pour penser le présent. Sans doute le plus prometteur est l'énergie qui cible la pensée du politique, la vie quotidienne du politique, à ce moment, cette situation, d'un paysage en recomposition rapide.

D'ailleurs en effet l'étape suivante est celle-là. Chap. 3 : "La globalisation et le politique".

. science de l'homme. La reprise de jalons dans l'histoire de l'anthropologie pointe bien le regard vers un problème épistémologique et idéologique qui falls into place as question du savoir-pouvoir : la négociation nécessaire de la discipline avec le positivisme scientifique du 19ème, encore prégnant évidemment. Les efforts pour inventer des distances, des lignes de fuite, dans le "carcan monographique" et autres cadres marqués par les sciences naturelles. Entomologie. Radcliffe-Brown : "L'anthropologie est la science naturelle théorique de la société humaine" [Structure et fonction dans la société primitive, [1952], Minuit, 1968.].
C'est l'histoire du Musée de l'Homme (voir GD sur le Musée du Quai Branly et la nouvelle politique muséale du Musée de l'Homme recirconscrit en reste).

. Appadurai (et al.) sur la globalisation de la recherche. Pour les "sciences sociales transculturelles". 100. Avec une critique de JL Amselle pour méfiance du communautarisme des "voix". Vecteur pour la Theory exchange.

. Les sociétés et leurs sciences sociales. Voir, au moins, par un petit effort "de réflexivité" (les termes, ici), l'interaction entre les savoirs sociaux et les pratiques sociales et les identités sociales vécues, les "expériences". Et les "voix". Le dernier état du récit de contextualisation qu'élabore Abélès nous laisse auprès de George Marcus, et sa proposition de "l'anthropologue citoyen" (well...). Le problème est bon, il est même minimal ; une exigence minimale pour une anthropologie du présent : non seulement un engagement des sciences sociales (on serait encore dans un paternalisme d'appartenance "traditionnelle" au sens de Horkheimer), mais un embarquement, au moins. Heidegger/Sartre (Abélès marque le terme de "situation", dans la figure de Max Gluckman, anthropologie britannique 1958 - Analysis of a Social Situation in Modern Zululand, Ecole de Manchester). Le long emmêlement des sciences sociales avec leurs conditions sociales, dont il n'y à pas à se libérer mais à se théoriser, et se multiplier en puissance incisive.
Nouvelles propositions, par la question de la "réflexivité" et par l'appel à la "théorie", pour une anthropologie comme "théâtre de réflexivités complices", les informateurs et les ethnographes ensemble dans un présent d'énonciation commun. 104.

. enfin, la question de la poétique, qui affleure périodiquement. Surtout mais pas uniquement dans les zones déconstructionnistes. Geerz (la culture comme"texte", l'anthropologie comme écriture : affaire de Writing Culture (. The Poetics and Politics of Ethnography, J. Clifford & G. Marcus, UCalifP, 1986). Abélès marque un jalon Bhabha, aussi.

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