lundi 14 avril 2008

Gramsci philologue - et Croce

Un point d'attache, d'accroche : Gramsci aurait une formation de philologue, et aurait concentré une part notable de sa force d'analyse et de critique à la discussion de Croce. (Et Bergson, naturellement. Ici aussi il faut aller voir, et c'est un monde entier de discours et d'histoire.)

Voir par exemple, dans les Cahiers de prison, "Essai de Croce : cette table ronde est carrée", écrit en 1935. Classé thématiquement dans l'ancienne édition anthologique Gramsci dans le texte (1977, Editions sociales, dir. François Ricci avec Jean Bramant) dans la section "Problèmes de civilisation et de culture", et le chapitre "Langue nationale et grammaire" (en parallèle avec "La Formation des intellectuels", "L'organisation de la culture" (école, universités et académies, principe éducatif, pédagogie moderne / idéaliste), "Problèmes de critique littéraire" (art et lutte, art éducateur, critères de critique littéraire, romans populaires, Jules Verne et le roman géographico-scientifique, roman policier, roman feuilleton, le "surhomme", Balzac), "Américanisme et fordisme", et "Passé et présent".
Au sein de "Langue nationale et grammaire" : formes de grammaire, innovations linguistiques, types de grammaire normative, grammaire historique / grammaire normative, et "Ce qu'on appelle 'question de la langue'.

L'essai sur Croce est une lecture de "Cette table ronde est carrée", donc, texte intégré dans le volume Problèmes d'esthétique. Gramsci y discute une philosophie ontologisante, logique, du langage, et y trouve l'occasion pour travailler la "fonctionnalité", soit "l'historicité", de toute vérité, y compris grammaticale.

Eléments pour une situation de Croce, notes de la note d'index p. 743 : d'abord orienté marxisme "sous l'influence de son maître Antonio Labriola", s'en éloigne, écrit que le marxisme en Italie "et dans le monde entier", né en 1895, est mort en 1900. Ministre de l'éducation nationale 1920-21, participe à la répression des grèves (cf Contribution à ma propre critique, 1949), "voit d'un oeil favorable les débuts du fascisme, comme bien d'autres libéraux pour qui Mussolini était l'homme qui reprenait en mains le 'flambeau du libéralisme'. Mais en 1925, 1er mai : Manifeste des intellectuels antifascistes, plusieurs centaines de signatures. Dès lors antifasciste, et symbole de la culture antifasciste. Erudition, travaux sur l'esthétique, l'histoire, la littérature, la critique littéraire, études sur Hegel, Vico, Kant, et fondation en1903 de Critica : immense activité culturelle. "Il a largement contribué à donner au mot "culture" le sens le plus compréhensif en développant le point de vue de l'historicisme, qui identifie, à l'intérieur d'une philosophie de l'esprit, philosophie et histoire, et donne à l'activité critique une place de premier ordre."

Aucun commentaire: