vendredi 4 avril 2008

La production des conservatismes

Les attaques des disciplines des SHS, délibérée planifiées ou haphazard, fabriquent les conservatismes dans les institutions ciblées. Les universités en première cible.

Il y a d'abord le dirigisme grandissant, qui fait décroître à proportion la marge de décision relevant du scientifique dans le développement institutionnel. L'autonomie des universités, on le sait déjà clairement, est un terme cache-sexe pour un interventionnisme, un dirigisme d'un nouveau type peut-être (comme "l'harmonisation européenne" a donné un coup de frein sec aux pauvres dynamiques existantes de circulation européenne des étudiants enseignants et chercheurs. C'est que l'autonomie donnée à fleurir est celle qui fait basculer l'institution du scientifique au gestionnaire). Ici j'observe un effet quotidien des rétrécissements de l'autonomie scientifique, dans l'opération de canalisation de la pensée par les intitulés de diplômes autorisés : le master de P8 devient "Lettres" (déjà la "Littérature française" elle-même avait dû muter en "Lettres" - une déperdition disciplinaire très marquée). "Lettres et Langues", l'intitulé des domaines autorisés. Les cloisonnements se reforment, et réémerge la vieille carte aux termes antiques, qui sentent la vieille Sorbonne. Plus facile ensuite de dénier la scientificité de ces lieux d'activité, certainement.
A devoir réapprendre à vivre avec ces amputations, et ces brouillages des horizons - c'est la scientificité qui est attaquée, toujours, coup après coup, sur tous ces versants, on n'avait même plus la conscience si nette qu'ils étaient si nombreux et divers à tenir ensemble ; on fait un rattrapage ultra-rapide en voyant les pans se fragiliser les uns après les autres. Une force sait très bien, éventuellement avec l'instinct un peu aveugle et tâtonnant d'une pente idéologique, où aller toucher, nerf après nerf - à devoir réapprendre à vivre avec ces pauvretés, les milieux laissent ou voient remonter de loin les vieux fonds idéologiques, libérés. Et on défend la littérature, on défend les Lettres.

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