mardi 15 avril 2008

Quotidien politique

Il y a un réajustement politique dur à faire, quotidien, pour ceux qui ont grandi dans un monde de Glorieuses - et l'apprentissage des tensions politiques qui tendent effectivement la vie, machines sociales impressionnantes, "sourde pression des rapports économiques" (Marx, donc). L'expérience de la subjectivité est tout autre que celle théorisée, théorisable, dans les conditions "glorieuses", et leurs complaisances et repos. Il y a un apprentissage de l'ordre de la modernité, son arrachage et sa dynamique - une subjectivité à l'arrachée, quotidienne. L'Amérique reste pour moi un modèle théorique, historique : par Tocqueville et Henry Adams - en ce moment de ma lecture mon Henry rentre aux Etats-Unis post-Sécession, dans ce creuset où tout ordre politique et social a fondu, et où toute l'éducation, personnelle et nationale, est à refaire. Frontier de la modernité - localement, mais aussi mondialement.

Je pense à Gramsci et la pensée de la défaite politique, qui trouve comment continuer à cultiver, inventer, politiser, la critique. Théorisant l'action politique, repassant par Machiavel, pour une révision soigneuse de l'agency.
Aussi, à Marc Abélès (merci AB), à Certeau et la lignée des ethnologues du quotidien peut-être : agenda legenda ici. Anthropologie et marxisme (1976), Anthropologie de l'état (1990), La Vie quotidienne au Parlement européen (1992), Anthropologie du politique (Colin U, 1997), tiens, et L'Echec en politique (2005), Un ethnologue à l'Assemblée (2001), Les Nouveaux riches, un ethnologue dans la Silicon Valley (2002), - travaux aussi sur l'écologie, l'Europe, l'Afrique (Le Lieu du politique, 1983). Une lecture pourrait commencer par Anthropologie de la globalisation, 2008, Payot.

La prise pour moi est, toujours plus clairement, scientifique. Voir la notion de lutte théorique dans Que faire?, Lénine. Ces savoirs déployés, pratiqués, du terrain politique et des dynamiques culturelles. Qui sont conditionnés également par des coordonnées historiques, aux pertinences historiques donc. Prendre le mouvement de cette histoire, pour entrer dans l'histoire du présent.

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